La perte de crédibilité des écoles

L’accélération de l’évolution, du moins sur le plan technologique, fait en sorte que l’école, qui évolue aux rythmes des glaciations, prend des allures de dinosaure pour les élèves. Le fossé ne serait pas si inquiétant si l’environnement et l’affectivité n’avaient un impact fondamental sur les apprentissages. Apple, qui a tout à gagner dans l’intégration des nouvelles technologies en éducation, tente de combler le fossé numérique. Dans Digital tools for digital students, il présente le graphique ci-dessous, tiré d’une étude, qui met en évidence la perte de crédibilité constante de l’école aux yeux des élèves (Moving at the Speed of Creativity : Digital kids, School Relevancy, Poverty, & School Reform).

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La créativité et l’enseignement


On parle beaucoup de créativité chez les élèves. Mais qu’en est-il de la créativité des enseignants ? Leurs artifices peuvent servir de bougie d’allumage pour les jeunes. Par contre, un tableau, du papier et un manuel n’ont pas de quoi galvaniser l’imagination. Oh, pas besoin d’être un génie pour impressionner à l’occasion au tableau, mais il faut beaucoup de génie pour impressionner tout le temps. Il fut un temps, durant notre enfance, où nous étions tous créatifs. Malgré l’érosion du temps, il suffit de débarrasser la source des débris pour qu’elle rejaillisse.


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Pour nous aider à retrouver notre créativité, Garr Reynold a résumé dans deux billets les conseils prodigués par Brenda Ueland dans If You Want to Write: A Book about Art, Independence and Spirit (Presentation Zen : You are creative (who the %$#@! says you’re not?) ; Your are creative (part 2)). On trouvera au bas de chaque billet quelques liens pour aiguillonner encore un peu plus sa créativité, dont voici ceux que je trouve les plus intéressants :

Comportements pro-connaissances

Quels sont les comportements qui tendent à l’acquisition de connaissances ? Il est étonnant qu’une question aussi importante ne soit pas abordée plus souvent. Particulièrement dans le cadre d’un renouveau pédagogique qui met l’accent sur les savoir-faire et la métacognition. Pour ma part, c’est la première fois que je la vois ainsi posée. S’inspirant du travail de David De Long (Building the Knowledge-Based Organization: How Culture Drives Knowledge Behaviors ; PDF), Shawn Callahan (What are knowledge behaviours?) présente une liste de plus de quinze comportements qui valorisent l’acquisition des connaissances (source : elearnspace). Comme il s’agit d’habiletés à développer chez les élèves, je les ai traduits ci-dessous pour le bénéfice des professeurs et des élèves francophones (cliquez sur l’image pour un agrandissement).

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Défier le statu quo

Le changement, à la base, naît des idées et est mû par des personnes qui ont la force de leurs convictions. Dans les écoles, le leadership se manifeste chez quelques enseignants qui savent entraîner des collègues. Mais les changements à plus grande échelle reposent sur la trempe des dirigeants. Les lacunes manifestes de leadership en éducation, du ministre jusqu’aux directeurs d’école, en passant par les commissions scolaires, sont une des raisons pour laquelle je crois que la réforme est vouée à l’échec. Il y aura bien des îlots d’efficacité par-ci par-là, mais la majorité des écoles dériveront dans la brume sans boussole, pendant que les gabiers maintiennent la structure à flot. En guise d’espoir, je signale le dernier numéro de la revue Educational Leadership, publié par l’ASCD, dont le thème est le changement au statu quo.

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Qui connaît le mieux l'enfant ? le parent ou le prof ?

La question à savoir qui, des parents ou du professeur, connaît le mieux un enfant peut sembler farfelue, considérant le lien privilégié qui unit parents et enfants. Mais elle devient importante quand l’élève est en difficulté et qu’il s’agit de lui venir en aide. En prenant pour acquis que ni l’un ni l’autre n’a une parfaite connaissance de l’enfant, les deux partis ont intérêt à unir leurs observations pour se faire une idée plus juste de celui qui fait l’objet de tant d’attention. Si les parents possèdent une meilleure compréhension du vécu et de la personnalité d’un enfant, quoique cette perception soit souvent biaisée, les enseignants sont plus aptes à porter un jugement objectif et comparatif par rapport aux jeunes de son âge. Effectivement, des chercheurs de l’Université de la Virginie sont arrivés à la conclusion que les parents réussissent mieux à déterminer l’état affectif de leurs enfants, tandis que les professeurs sont meilleurs juges des comportements déviants (EurekAlert! : Who knows their children best, teachers our parents?).

Par ricochet :

L’école du repas familial

Pauvres parents

Communiquer pour améliorer les rapports avec les parents


«Enseigner, c’est l’art du possible» (Mario tout de go)

La quête numérique de l'évaluation

L’obsession pour l’évaluation conduit à d’étonnants extrêmes. Dans la foulé de la politique du No Child Left Behind, le U.S. Department of Education et les états qui y souscrivent sont décidés, par rigorisme administratif, à donner un caractère scientifique à l’évaluation. Ce virage a vu l’émergence des spécialistes en psychométrie, soit la mesure des connaissances (New York Times : As Test-Taking Grows, Test-Makers Grow Rarer). Je crains que cette manie à vouloir réduire l’apprentissage à une mesure mathématique ne soit en train de déshumaniser l’éducation.

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Une école libre et démocratique

L’un des préceptes de la démocratie est à l’effet que l’intelligence collective tend généralement vers le bien. Pourquoi en serait-il autrement de la gestion des écoles ? Voilà le pari que fait l’école Fairhaven dans le Maryland, où les élèves sont totalement libres de faire ce qui leur plait et où les politiques sont décidées par une Assemblée composée de parents et d’élèves, ainsi que de membres du personnel et de la communauté (source : BoingBoing). Dans ce cas-ci, les images valent mieux qu’une description : voyez un extrait de la vidéo promotionnelle de l’école sur YouTube, ou ce diaporama de l’école.

La bande vidéo comprend cette jolie citation d’un élève :

Education is in the heart of the listener, not in the voice of the teacher.


Par ricochet :
Une école libre qui réussit

Lecture : les caractéristiques d'un enseignant efficace

Une étude commandée par le gouvernement australien s’est penchée sur les pratiques d’un enseignant efficace (The Age : Learning from the best ; remerciements à Marc St-Pierre pour la source de l’étude). Les chercheurs se sont intéressés principalement à l’apprentissage de la lecture en première année. Les meilleurs enseignants, soit ceux dont les élèves ont fait le plus de progrès en lecture durant l’année, ont su recourir à une plus grande diversité de stratégies pédagogiques. Leurs explications étaient plus claires, ils possédaient une meilleure connaissance de la matière, maintenaient un plus haut niveau de défi intellectuel pour les élèves, et avaient plus de plaisir que les enseignants moins efficaces.

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Typologie du plaisir motivationnel

Ce qui fait le plus défaut dans les écoles aujourd’hui, là où le bat blesse jour après jour, ce n’est pas tant la méthode pédagogique comme l’absence de passion, d’émerveillement, et de plaisir. La génération d’élèves à qui nous avons affaire baigne dans la stimulation intellectuelle et le jeu depuis la naissance, du premier hochet et mobile multisensoriels aux jeux vidéo. Dans ce contexte, l’école s’avère un choc culturel et affectif qui a toute l’âcreté d’un mauvais rêve. Pas étonnant que l’école ne branche plus les élèves.

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Les enfants sont plus sensibles à l'échec

Il m’est arrivé plusieurs fois de constater que des commentaires négatifs envoyés par Lumi affectaient les élèves beaucoup plus grièvement que prévu. J’ai dû m’expliquer auprès des parents à quelques occasions. Un message écrit, certes, pèse davantage qu’un commentaire exprimé de vive voix. Mais une autre cause de ces réactions aiguës tient peut-être au fait que les enfants sont plus sensibles aux stimuli négatifs que les adultes, comme lors d’un échec. C’est du moins ce que laisse entendre une étude (PDF) encélographique auprès d’enfants de 9 à 12 ans soumis à un test de prédictions sur le jeu, dont le graphique ci-dessous a été tiré (Eide Neurolearning Blog : Children More Sensitive to Negative Feedback).

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