Synthétiser les bribes virtuelles

LonvigPuzzle.jpgIl n’y a pas de synthèse : il n’y a que le discontinu.
(Jules Renard)

Pourquoi tant de brouhaha autour des réseaux sociaux, des folksonomies et du partage de l’information? Parce que, en dépit des exceptions, l’intelligence individuelle porte préjudice à la majorité de l’humanité et que son salut réside peut-être dans la mise en commun de la pensée et de l’activité plutôt que l’égocentrisme. Peut-on seulement imaginer la quantité phénoménale d’idées inavouées qui se sont volatilisées au fil du temps? Aujourd’hui, les nouvelles technologies permettent non seulement de mailler cette activité, mais aussi de la synthétiser, comme un cortex planétaire. Une démonstration s’impose.

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Le renforcement, l'apprentissage et les TIC

FarstadStuntGirl.jpgLa récompense, c’est ce qui nous rend bons ou mauvais. (Robert Herrick)

En apercevant le titre du billet (Cognitive Daily : Learning: Is reinforcement required?) et le graphique ci-dessous, j’ai d’abord cru que mon aversion pour les récompenses scolaires serait ébranlée. Une étude laisse entendre que le renforcement immédiat favorise l’apprentissage d’une tâche banale ou ardue. Rassuré du fait qu’il s’agit de renforcement à court terme, j’en induis par ailleurs que l’apprentissage de connaissances et d’habiletés peu motivantes intrinsèquement, comme l’école l’exige souvent, peut être stimulé par un sourire, un bon mot, un élément ludique, voire même un répit pour récompenser l’effort. Peut-être même sous-estimons-nous l’autogratification dans la motivation scolaire.

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3 caractéristiques des TIC pour apprendre

EricksonLearningFly.jpgApprendre, c’est se retrouver. (Malcolm de Chazal)

Encore une fois, je craque pour la simplicité. En plus de ramener les choses à leurs composantes essentielles, la simplicité, dans mon cas, facilite la mémorisation. Le réductionnisme n’écarte pas nécessairement la complexité; elle me sert de catalyseur pour approfondir le sujet. L’implantation des nouvelles technologies en éducation se bute aujourd’hui à une perception de complexité qui exacerbe la résistance au changement. Stephen Downes ramène leur utilisation à trois caractéristiques fondamentales sur le plan des apprentissages : l’interaction, la convivialité et la pertinence (elearnspace : Web 2.0 and Your Own Learning and Development).

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Wiki 101

ConceptionMacdonaldWright.jpgConstruire, c’est collaborer avec la terre.
(Marguerite Yourcenar)

Après le succès de la vidéo RSS in Plain English expliquant en termes simples et de manière amusante ce qu’est un fil RSS, Common Craft récidive avec un vidéoclip de même facture qui démystifie les wikis (source : E-Learning Blog). L’éducation ne peut plus se passer d’un tel outil de collaboration, gratuit de surcroît. En négligeant de préparer les élèves à la coopération, non seulement l’école fait fi des compétences de la nouvelle économie, mais elle les handicape face aux problèmes mondiaux qui se pointent.

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La technologie de la violence

HauserMachineAge.jpgIl est hélas devenu évident aujourd’hui que notre technologie a dépassé notre humanité. (Albert Einstein)

Toronto est sous le choc après qu’un jeune se soit introduit dans une école pour tuer un élève avec une arme de poing (Cyberpresse : Fusillade mortelle dans une école de Toronto). La ville, par ailleurs, semble envahie par les armes à feu (National Post : Toronto is a city of guns, councillor says). Faut-il s’en étonner dans une jungle urbaine où un pistole s’obtient au prix d’un iPod, à proximité de nos voisins du sud qui les dispensent comme ils vendent des autos. Le Québec, comme nous savons trop bien, n’est pas à l’abri des armes à feu. De fait, nous nous entourons de technologies qui sèment la violence.

L’artificiel est foncièrement une dénaturation, une violence en soi dans la mesure où ce changement rompt l’équilibre entre l’être et l’environnement. L’Homo faber est le champion incontestable de la fabrication d’objets pour faciliter son rapport à l’environnement. Par cette faculté, il s’est élevé au sommet de la chaîne alimentaire, le grand mammifère le plus répandu de la planète. D’un point de vue anthropocentrique, l’Homme retire de la technologie des bénéfices immenses, jusqu’au moment où celle-ci se retourne contre lui (armement, réchauffement climatique, etc.).

La violence faite à la nature n’est pas le seul danger qui guette l’Homme. Certains produits de la technologie sont intrinsèquement dangereux, en ce qu’on leur confère une puissance capable d’enlever la vie d’une seule convulsion de l’esprit. L’automobile et les armes à feu en sont les exemples les plus évidents. Mais il y a aussi un degré de violence dans tous les petits objets que nous créons et qui, quoique bénéfiques, nous affaiblissent dans la dépendance au confort. Il reste que l’Homme est un être créatif, par conséquent technologique, et qu’il serait fallacieux de le considérer autrement que par ce qui le caractérise.

Je crois utile, toutefois, de distinguer les inventions qui contribuent volontairement à hausser la qualité de la vie, telle l’aspirine, de celles qui ont le pouvoir de l’amoindrir chez autrui, comme une arme à feu. C’est d’ailleurs pourquoi celles-ci doivent être légiféré. Néanmoins, la plupart d’entre elles ont d’abord été créées pour faciliter l’existence. L’automobile a largement amélioré la vie des individus, mais demeure néanmoins l’une des principales causes accidentelles de décès. Au nom de la liberté, on ne remet pas en question la logique d’autoriser des bolides sur la voie publique, comme si la liberté était une chose absolue, ou que le droit de voter était un laissez-passer à l’ineptie.

Les nouvelles technologies de la communication ne font pas exception. Leur potentiel est tel qu’on n’hésite pas à les confier à des enfants. Malheureusement, leurs avantages sont assombris par les écarts de conduite de quelques-uns, tant jeunes (cyberbullying) qu’adultes (pédophilie), qui en utilisent le mauvais tranchant. Les jeunes surtout, eux qui baignent dans les nouvelles technologies avant l’âge de la raison, sont facilement enclins à déverser leurs frustrations dans Internet sans réaliser l’indélébilité de leurs attaques. Des écoles n’ont d’autre choix que de réagir légalement (BBC : Students criticise staff on net); j’ai même dû intervenir ce matin pour rappeler à une élève le côté éthique des évaluations en ligne.

Immanquablement, la réaction des autorités est de resserrer les mesures de contrôle, de plus en plus par des moyens technologiques. Le gouvernement veut installer des radars photo sur les routes (Le Soleil : Un autre pas vers les radars photo), le RTC envisage d’installer des caméras de surveillance dans les autobus de la ville de Québec (Le Soleil : Des caméras dans les bus), les chauffeurs d’autobus scolaires réclament eux aussi des caméras (Le Soleil : Du calme, vous êtes filmés !), tout comme les autorités municipales de Toronto (Globe and Mail : Beef up surveillance now, school trustees urge). Tout le monde n’en a plus que pour les technologies de surveillance. Il ne suffit pas que les écoles censurent Internet. Personne ne semble voir que l’excès de technologie à des fins de sécurité constitue une menace plus grave que le problème visé, le remède pire que le mal.

Il y a un réel danger à contrer la technologie par la technologie. C’est une spirale qui nous asservit immanquablement. Il faut se garder de sacrifier la liberté au profit de la sécurité. Surtout la sécurité confiée à l’autorité des gouvernements. Il y a une ligne que je ne suis pas disposé à franchir, celle qui incombe à chaque individu d’assumer son rôle de citoyen et d’élever la voix pour dénoncer les écarts de conduire dans la communauté. Ou bien on s’en charge, ou on accepte d’en confier la responsabilité aux gouvernements. Inévitablement, c’est tendre à la coercition et à l’uniformité.

La vie a toujours comporté une part de risque. Le risque, par ailleurs, est inhérent à la créativité. On peut même avancer que la vie est l’adaptation au danger. Si nous nous définissons par l’usage de nos technologies, il revient à l’école d’y préparer les élèves, principalement dans la quête de sens et la délimitation du risque. Éliminer tout danger équivaut à dénaturer l’Homme en contraignant graduellement les limites de la liberté, jusqu’à l’étouffement. D’un point de vue social, il n’y a pas de pire violence.

Mise à jour, 6 juin 2007 | Dave Pollard se penche également sur le rapport de l’homme à la technologie (How to Save the World : The Thing about Technology). Un excellent texte dans lequel il défend la thèse selon laquelle la technologie crée éventuellement des problèmes insoupçonnés.

Mise à jour, 16 octobre 2007 | La recherche d’un professeur de l’Université de Montréal indique que les enfants ont des comportements plus violents que les adultes parce qu’ils n’ont pas encore appris les conséquences des gestes agressifs (BBC : Young ‘more iolent than adults’). Ceci laisse croire que le cyberbullying dont font preuve les adolescents est également la conséquence d’un manque de maturité.


(Image thématique : Machine Age, par Iris Hauser)


Par ricochet :
L’intimidation et les blogs
Les ados, les blogs, et les bêtises
La violence scolaire institutionnalisée
La violence à l’école
L’école : un milieu violent
Le Web des cons : insultes et menaces de mort
Élèves suspendus pour un site hargneux

Internet, c’est aussi la vraie vie (École et société)

Quand un élève exploite un blogue

MondrianComposition2.jpgTravail et application sont les ailes ; elles franchissent fleuves et collines. (Jean Fischart)

En débordant des murs de l’école, les blogues d’élèves ajoutent à l’authenticité de leur travail. Cette vitrine les expose à l’imprévisibilité de la vie, contrairement aux ornières de l’activité scolaire. En dépit des craintes des adultes, plusieurs rencontres sont bénéfiques à qui possède une connaissance de la Toile. Tommy C. en fait la démonstration en relatant sa participation au Webcom-Montréal 2007. Il a fait très bonne impression, aux dires de Mario Asselin, Sylvain Carle et Patrick Tanguay. Au-delà de la qualité d’un billet écrit à la sauvette, certains aspects ont retenus mon attention.

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Les meilleurs sites Web 2.0 (2007)

ScottAwards.jpgLes palmes qu’on remporte ne donnent pas toutes des fruits. (Stanislaw Jerzy Lec)

Plusieurs caractéristiques du Web 2.0 ont un attrait certain pour l’éducation : production de contenu, collaboration, partage, personnalisation, ressources, visualisation. Il est fascinant, par ailleurs, de constater la multitude de services, pour la plupart gratuits et rivalisant d’originalité, mis à notre disposition. On y trouve des applications qui ont un potentiel pédagogique supérieur aux outils proposés par les écoles. SEOmoz présente la 2e édition de ses Web 2.0 Awards, dans plus de quarante catégories. C’est plus de 200 sites qu’on prendra plaisir à découvrir, dont presque tous ont une portée éducative. L’école, plus conservatrice dans ses approches, sera plus intéressée par les catégories livres, écriture collaborative, wikis, cartographie, organisation, réponses et conseils, pages d’ouverture. Il y en a pour au moins une heure de découvertes et d’émerveillement.

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TIC : une typologie des utilisateurs

DigitalGreczny.jpgEt puis nos coutumes divergent, et divergent c’est énorme. (Pierre Desproges)

Dans son dernier rapport sur l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication, le centre Pew Internet propose une typologie des divers utilisateurs (Pew Internet : A Typology of Information and Communication Technology Users). Malgré les statistiques américaines, l’étude est intéressante pour la dizaine de catégories d’utilisateurs qu’elle identifie et qu’elle regroupe en trois paliers : l’élite, les modérés et les faiblement équipés (tableau ci-dessous; cliquez sur l’image pour un agrandissement). Cette diversité met en évidence la difficulté pour le système d’éducation de rassembler les enseignants autour de projets communs faisant appel aux nouvelles technologies.

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Helvetica : un documentaire

DawsonLettersNumbers.jpgLe design est si simple, c’est pourquoi c’est si compliqué. (Paul Rand)

Qui aurait cru qu’une police de caractères ferait l’objet d’un documentaire primé ? Helvetica, réalisé par Gary Hustwit, célèbre le 50e anniversaire de la police du même nom, un chef-d’oeuvre de design alliant élégance, simplicité et fonction (AIGA : Lights, Camera, Helvetica). Le choix de caractères est le moyen visuel par lequel on confère une relation affective au texte. La précision et la sobriété d’Helvetica est le fruit d’un designer suisse, Max Miedinger, d’où son nom éventuel (International Herald Tribune : Helvetica: The little typeface that leaves a big mark). Quelques bandes annonces du documentaire sont offertes sur le site officiel et sur YouTube.

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Les élèves de 6e et le Web

ShepherdNetworkII.jpgAvec la pratique des réseaux, le professeur peut se transformer en passeur, plutôt que de se cantonner dans son rôle de pasteur. (Joël de Rosnay)

Si vous croyez que les enfants du primaire sont peu nombreux à utiliser les réseaux sociaux en ligne, jetez un coup d’oeil à ce diagramme. Un professeur de l’Oklahoma a dressé un inventaire des sites que les élèves d’une classe de 6e année fréquentent pour avoir du plaisir (Moving at the Speed of Creativity : Where are our 6th grade students going online for fun?). Remarquez la quantité de sites, en bleu, qui permettent le réseautage social. Roberto Gauvin a raison de soupçonner que les élèves sont plus connectés qu’on ne croit (Cyberportfolio de Roberto Gauvin : Belle rencontre…).

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