Les économies de l'apprentissage en bas âge

TsuiBasicEconomics.jpgL’économie c’est la science du sordide, non de la pureté. (Alfred Sauvy)

Je ne sais trop que penser de cette étude qui fait valoir les avantages économiques, pour une société, des programmes préscolaires (EurekAlert! Study finds economics helping to change early childhood policy debate). Quand on sait que les élèves finlandais ne commencent l’école qu’à l’âge de 7 ans, eux qui pourtant obtiennent les meilleurs résultats aux tests internationaux, il y a de quoi rester perplexe. Je trouve inquiétant, par ailleurs, cette objectivité de la science qui fait abstraction de la moralité. Toute recherche, il me semble, doit se situer dans un contexte humanitaire.

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Le corps humain / avantages de la lecture numérique

OppenheimRedHeadBlueBody.jpgLes mots sont les corps des pensées. (Joseph Joubert)

Le New York Times offre une merveilleuse collection de ressources encyclopédiques sur le corps humain (A Guided Tour of Your Body). Certaines proviennent d’autres sites, comme cette présentation tridimensionnelle de la mémoire. On peut, dans une certaine mesure, compter sur les grands médias journalistiques pour maintenir à jour ce genre d’information. Quand je vois des ressources comme celle-là, et on en trouve une tapée dans Internet, je comprends mal l’obstination pour les manuels scolaires. La validation des contenus n’est plus un argument dans la mesure où la Toile nous oblige désormais à développer l’esprit critique des élèves au regard de l’information.

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Radiohead et la campagne contre le travail des enfants

FolonNoForcedLabor.jpgL’enfant est à l’adulte ce que la fleur est au fruit. La fleur n’est pas certitude du fruit. (Christian Bobin)

Les médias, à la longue, émoussent les sujets, aussi horribles soient-ils. C’est le cas notamment du travail des enfants. Ne jetons pas l’éponge pour autant; nous risquons d’y perdre notre humanité. J’ai été touché de ce vidéoclip de Radiohead qui, en association avec MTV, milite contre l’exploitation des enfants. Les élèves aussi ont été saisis. N’eut été de la musique, on aurait entendu volé une mouche. Le vidéoclip, et la conclusion surtout, se prête admirablement à la discussion en classe. J’ai même vu des élèves retirer leurs chaussures pour en vérifier la provenance.

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Les math ont un problème d'image

UrsittiMathDaydream10.jpgL’image, opium du peuple. (Claude Roy)

J’ai toujours envié les professeurs de mathématiques. D’abord pour leur aisance à faire voltiger des concepts boulonnés à mon ignorance, mais aussi parce que le sujet magnétise les élèves. Du moins l’élite qui fréquente le Programme d’éducation internationale. Aussi suis-je étonné de cette étude qui met en évidence la distanciation de plusieurs élèves à l’endroit d’une discipline perçue comme un domaine « d’hommes âgés, de race blanche, appartenant à la classe moyenne et obsédés par leur discipline, au point d’être dépourvus d’habiletés sociales et d’une vie autre que les mathématiques » (EurekAlert! : Maths plus ‘geeky’ images equals deterred students).

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Un incident relativement à l'évaluation

ONealMeasure.jpgNe considérer les petits incidents que comme des victoires que l’on doit toujours sacrifier aux grandes affaires.
(Cardinal de Retz)

Il est arrivé un curieux incident hier. J’ai dû insister auprès de la direction et d’un conseiller pédagogique pour que l’examen obligatoire de fin de cycle de la commission scolaire soit en lien avec le programme d’anglais que mes élèves suivent. Je suis étonné qu’on puisse même envisager un examen provenant d’un autre programme; il va de soi, n’est-ce pas, qu’on évalue les élèves en fonction des apprentissages qu’ils font? D’autant plus quand il s’agit d’un examen formel.

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Blogues et conversations

GundleConversation.jpgLa vie est une perpétuelle conversation, et on ne sait pas converser. (Theodore Zeldin)

L’écriture est une introspection, une spéléologie de l’être. La conversation, au contraire, est une envolée au gré des courants aériens, fils invisibles qui, comme le chant des sirènes, nous égarent. Le printemps m’attire hors de la grotte et l’envie de bloguer s’évapore, rosée emportée par le soleil. Tout à coup, je m’abreuve au flot des causeries, ivre de la légèreté des paroles nectarifères. À tout prendre, je préfère l’éclat de la conversation à la solitude de l’écriture. De toute façon, le travail d’enseignant est d’une telle lourdeur que je ne manque jamais l’occasion de jeter du lest : plutôt aérostier qu’hiérodoule.

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Les confluences virtuelles

PalmerMeetingMiddleVI.jpgL’étonnement, la révélation naissent pour moi de la rencontre de deux regards sur le même objet.
(Gustave Thibon)

Au regard des probabilités, les chances de trouver parmi nos proches une personne qui partage un même besoin sont plutôt maigres. D’où la puissance du Web de réunir ceux dont les affinités passent autrement inaperçues. Ce rapprochement, aussi atomisé soit-il, a permis l’essor du source libre. Après l’engouement pour les sites de rencontre, la raison et la science y trouvent aussi leur compte. Coup sur coup, deux applications attirent mon attention sur cette capacité des réseaux virtuels de focaliser des intérêts communs.

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L'approche socratique pour promouvoir la collaboration

EganSocrates.jpgChaque fois qu’il y a un changement de support, il y a un Socrate qui engueule un Platon. (Michel Serres)

La pensée critique est-elle subversive? Alors que la philosophie était requise pour l’élite québécoise, le bouleversement qui a suivi le rapport Parent nous en a dispensés. Depuis un bon moment déjà, je préconise le retour de la philosophie en éducation, mais sous une forme plus active et réflexive, en lien avec le pragmatisme social. Par exemple, une étude de l’Université de Stockholm donne à croire que la méthode socratique d’investigation et de discussion dialectique a des effets positifs, à plus ou moins terme, sur la réflexion et la collaboration (EurekAlert! : Socrates in the classroom develops students’ thinking and changes the distribution of power). Entre autres, plus d’élèves s’expriment, une victoire pour l’exercice de la citoyenneté.

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Facebook : vol d'identité d'un professeur

BellIDTheft.jpgPour être confirmé dans mon identité, je dépends entièrement des autres.
(Hannah Arendt)

Voici une autre utilisation du Web dont les enseignants doivent se méfier : l’usurpation d’identité. Un élève de Brandon, au Manitoba, fera face à la justice pour avoir créé un compte Facebook au nom d’un professeur et avoir joué à l’imposteur pendant quelques jours (Winnipeg Sun : Posed as teacher?; article hors ligne). Abstraction faite de ma méfiance pour les réseaux fermés et propriétaires comme Facebook, il s’agit d’un cas isolé. D’ores et déjà, il existe trop de moyens légitimes susceptibles de malfaisance pour tous les superviser; et il s’en ajoute sans cesse. Les professeurs feront mieux pour se prémunir des facéties des jeunes en gagnant leur respect par la pédagogie que par la fortification.

George Siemens, en commentant la nouvelle, émet une opinion intéressante : un éducateur qui ne participe pas aux discussions dans les réseaux sociaux en ligne n’existe pratiquement pas. Selon lui, ne pas se doter d’une identité virtuelle équivaut à risquer l’usurpation de son identité.

When dealing with educators, I often mention that if they are not involved in networked conversation, their voice essentially doesn’t exist [...]. Well, in reality, if you’re not online, it’s not only that you don’t exist. Instead, the challenge arises that others may form your identity for you.

Pour se dérider un peu, j’ajoute deux vidéos que la mère d’une élève m’envoie :


Mise à jour, 17 mai 2008 | Dans un incident similaire, un tribunal américain ordonne à Facebook de révéler l’identité d’un membre qui a emprunté l’identité d’un directeur d’école (Ars Technica : Facebook ordered to out kids behind principal’s fake profile).


(Image thématique : ID Theft, par Roger Brady Bell)


Par ricochet :
Le partage de son quotidien sur la Toile

Les professeurs peuvent-ils s’éclater hors de l’école?
Double identité : l’avenir de notre réputation
Cochons d’Inde
Gare à l’usurpation d’identité

Court plaidoyer pour une modernité de l'école

LawrenceJesusChristForerunn.jpgLes meilleures vérités sont peu enclines à faire école. (Jean Rostand)

L’école, pour progresser, n’a plus le loisir d’attendre l’exhaustif filtrage social. L’aseptisation des savoirs et des moyens n’a plus de sens dans un monde où l’élève, pour le meilleur et pour le pire, a facilement accès à toute l’information. L’officialisation du savoir et des méthodes passe par des mécanismes de sanction d’une lenteur canonique, issus de la culture du livre. Les jeunes s’en branlent. L’école joue sa crédibilité, particulièrement aux yeux des adolescents, en passant pour un organisme de conditionnement de la pensée ou, pis encore, de censure. On fera plus dynamiquement en misant sur le professionnalisme des éducateurs et l’interaction de la communauté.

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