La réforme : mission impossible

CharnineLifeWishBowl.jpgTravailler contre le voeu de la nature est peine perdue. (Sénèque)

La réforme de l’éducation, telle qu’entendue par l’État, ne saurait réussir. Pas plus que le mouvement Stoppons la réforme. L’éducation ne se prête guère aux décrets. Et c’est tant mieux. L’uniformité, à la longue, est stérile. Cela vaut tant pour la reproduction des espèces que la dialectique. Le plus grand mérite de la réforme aura été de secouer le milieu de l’éducation. Pour le reste, les professeurs dans les classes font bien à leur tête.

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10 stratégies efficaces à l'ère de la complexité

HuangComplex.jpgUne mesure précise est toujours une mesure complexe. (Gaston Bachelard)

Les grands chefs ne s’en remettent pas à des livres de recettes. Ils créent, avec une méthode qu’ils auraient sans doute de la difficulté à expliquer. Dans la même veine, les professeurs du MIT ont appris à composer avec des problèmes d’une immense complexité. Ed Boyden, du MIT Media Lab, a publié un billet intéressant sur les méthodes les plus efficaces en ces temps où les tâches se complexifient (Ed Boyden’s Blog : How to Think).

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Les blogues scolaires pour combattre l'intimidation

KlimtAdversarialViolences.jpgLes châtiments servent à l’intimidation de ceux qui ne veulent commettre aucune faute. (Karl Kraus)

La Toile a aiguisé les crocs des jeunes loups qui rôdent dans l’ombre, le plus souvent terrés dans l’anonymat. Tous les canaux de communication servent aux prédateurs : messagerie instantanée, forums, courriels, sites Web, réseaux sociaux, photos, vidéoclips. Les coups de griffe laissent des plaies que la pérennité d’Internet avive continuellement. Certains cas, que je tais par refus de perpétuer le souvenir, s’accrochent obstinément à l’histoire.

À la prédation en ligne s’ajoute la violence du milieu scolaire, tantôt physique, tantôt verbale ou psychologique. Du coup, certains jeunes sont toujours sur le qui-vive.

La quasi-totalité des écoles est infectée. La mienne, avec ses 2000 élèves, n’y échappe pas. Une première activité, en début d’année, avait sensibilisé les jeunes au problème. Dès lors, plusieurs victimes d’intimidation ont senti qu’ils n’étaient plus seuls. Ce coup de semonce a eu pour effet de rallier les individus, pas seulement les victimes, mais tous ceux qui fulminaient en silence.

L’effort aurait vraisemblablement péri de son inactivité, comme plusieurs initiatives auxquelles on ne donne pas suite, n’eut été de la persévérance des élèves à raviver le sujet dans leur blogue scolaire. Du coup, les blogues servent de tribune populaire pour rompre l’isolement des victimes ou pour hurler son désaveu. Ainsi, la communauté défend le bien par ses porte-voix. L’union fait la force.

Par mi les élèves qui se sont distingués :

    Wen Q. : certaines personnes sont intimidées et j’ai l’impression qu’ils ne le savent pas. Des intimidateurs font semblant d’être leurs amis et ils les poussent à faire/dire des gestes/paroles stupides et immatures.

    Michaël L.D. : Le respect est l’une des valeurs fondamentales de notre société. Il est l’une des cinq attitudes privilégiées de notre programme éducatif et il est essentiel à la vie en société, en groupe, à l’école ou dans une quelconque communauté.

    Tarik P. : Souvent, on intimide quelqu’un non parce qu’il est: gros ou mince, petit ou grand, blond ou roux mais bien PARCE QU’IL EST DIFFÉRENT. [...] Je suis qui je suis. Je mérite le respect. Je suis un être humain et non pas une bête de cirque!

    Maëlla L. : Depuis quelques années, j’ai remarqué que la plupart des groupes sont formés en  » gang » et qu’il y a une hiérarchie vis-à-vis les élèves. Cette hiérarchie se divise en trois parties : Les cools ( en haut), les neutres ( au centre) et les rejets( en bas). Il y a aussi des règles invisibles qui rendent les liens entre ces trois parties très difficiles.

    Charles-O. M. : Les personnes intimidées n’ont pas toujours confiance en eux ou ont un défaut particulier qui les gêne. Ils n’ont pas besoin, eux qui souffrent déjà, de se faire diminuer par leurs camarades. Cela ne fait qu’aggraver les problèmes de ceux qui devraient être aidés plutôt que repoussés.

    Geneviève D. : Certaines personnes ont peur de se faire rejeter s’ils ne font pas de discrimination envers le « souffre-douleur ». Je dis qu’il ne faut pas faire de méchanceté envers les autres simplement parce que nous avons peur.

    Jules B. : C’est sûr que dans les quelques jours suivants la conférence plusieurs personnes se sont indignées et ont dit qu’ils voulaient arrêter, mais cela n’a pas fait une grande différence sur le comportement de tous les jours. Pour vraiment obtenir un résultat, il faut que l’on se donne vraiment des résolutions et que l’on agisse .

    Maude B. : Ça parait un peu cliché de dire cette phrase, mais parler c’est grandir ! En plus, si vous évitez de vous défouler en intimidant (ce qui n’est vraiment pas une bonne façon de le faire, car on culpabilise parfois !), vous brisez déjà une énorme chaîne de malheur qui aurait probablement rendu une quantité infinie de gens malheureux et coupables d’un geste ingrat !

    Philipp F. : je me suis fait intimider [...] parce que j’étais différent. DIFFÉRENT. Aujourd’hui, je ne parle pas beaucoup car j’ai perdu ma capacité de socialiser.

Mise à jour, 29 novembre 2007 | Mario me rappelle que je devrais mettre en évidence la relève de ce billet assurée par Michaël L.D. : La communauté se dresse contre l’intimidation!!! Michaël a accepté, dans une perspective de service communautaire, de colliger les billets de la blogosphère de l’école qui traitent de l’intimidation. Je crois plus utile que cette tâche revienne à un élève.


(Image thématique : The Adversarial Violences, par Gustav Klimt)


Par ricochet :
L’intimidation et les blogs
Les cicatrices de l’intimidation
La violence à l’école
L’école : un milieu violent
Étude: comment contrer le bullying
Le Web des cons : insultes et menaces de mort
Les 5 grands risques internet pour les enfants
La technologie de la violence
Le tiers des ados en ligne victimes de cyberbullying
Jeux vidéo : la violence engendre la violence
Étude sur les causes de l’intimidation

Le plaisir de lire se perd : effets sur la réussite scolaire

PicassoGirlReading.jpgLa lecture agrandit l’âme, et un ami éclairé la console. (Voltaire)

Au-delà de leurs querelles, l’importance de la lecture est l’une des rares choses à faire l’unanimité parmi les éducateurs. Par conséquent, une vaste étude du National Endowment for the Arts (États-Unis) s’inquiète de ce qu’on lise moins (Newsvine : Government study: Americans reading less). L’étude établit également un lien entre la diminution du temps de lecture et la baisse des résultats scolaires (New York Times : Study Links Drop in Test Scores to a Decline in Time Spent Reading).

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Étude : l'inné vs l'acquis dans la préparation à l'école

CalderEnvironmentEvolution.jpgNous sommes les fruits d’une sécheresse, nés d’une transformation de l’environnement. (Antoine Spire)

Une autre étude souligne l’importance d’intervenir tôt dans le développement de l’enfant afin de favoriser la préparation à l’école. Une équipe de chercheurs québécois a établi que l’environnement joue un rôle plus prépondérant que l’hérédité dans la réussite au début du parcours scolaire (EurekAlert : Environment plays key role in children’s readiness for school). Parmi les facteurs environnementaux affectant la disposition à l’école et observés chez des jumeaux, on retrouve le revenu familial, l’attitude parentale au regard de l’apprentissage et l’expérience en garderie.

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L'école et les compétences du XXIe siècle

GarteElv.jpgLa compétence sans autorité est aussi impuissante que l’autorité sans compétence. (Gustave Le Bon)

Un sondage mené aux États-Unis révèle qu’une forte proportion de parents estiment que les écoles préparent inadéquatement les élèves aux compétences de notre époque (The Journal : Are Schools Failing Kids in 21st Century Skills?). Patrick Giroux, de qui je tiens la référence, souligne très pertinemment l’ironie de voir les Américains se plaindre du traditionalisme des programmes scolaires, tandis que le Québec se tourmente de la situation inverse.

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La peur du Web

EssenhighArrowsFear.jpgC’est laid un homme qui a peur. (Jean Anouilh)

L’arachnophobie s’applique-t-elle aussi à la Toile? Les néologismes, comme technophobie, n’évoquent pas le même degré de terreur. Sur une note amusante, Alec Couros a conçu un joli montage vidéo en guise d’introduction à un cours sur l’utilisation des nouvelles technologies en classe (Open Thinking & Digital Pedagogy : Grad Course Movie Trailer – Take #1). Je ne pouvais pas laisser un clin d’oeil si ironique se terrer dans l’ombre. Mis à part l’exagération, nous sous-estimons facilement la dimension affective dans la réticence de plusieurs, professeurs comme élèves, à adopter les nouvelles technologies.

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L'avenir des moteurs de recherche : le multimédia

MagritteSearchAbsolute.jpgIl n’y a pas de cause d’erreur plus fréquente que la recherche de la vérité absolue. (Samuel Butler)

Les moteurs de recherche permettent déjà de dénicher des trésors d’images, de vidéos et de musique à partir des mots que l’on veut bien y attacher. Peut-on seulement imaginer ce que sera le Web quand on réussira à diriger les requêtes sur le contenu même de toute l’information audiovisuelle? Des chercheurs du MIT ont fait un premier pas en ce sens en créant un moteur de recherche qui scrute les propos d’un professeur dans l’enregistrement d’un cours (MIT News : MIT develops lecture search engine to aid students). Ainsi, les étudiants peuvent fouiller les quelque 200 cours déjà enregistrés pour visionner un extrait qui pique leur curiosité.

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Jeux vidéo : la violence engendre la violence

CytterPatternViolence.jpgToutes les violences ont un lendemain. (Victor Hugo)

L’opinion populaire a une perspicacité qui devance souvent la science. On a longtemps attaqué les jeux vidéo pour la montée de la violence chez les jeunes, en dépit de certains spécialistes qui affirmaient que les joueurs savaient faire la part de l’imaginaire et du réel. Or, les études s’empilent sur les effets néfastes des jeux vidéo à caractère violent. La plus récente porte sur l’efficacité des jeux vidéo en tant que moyen d’apprentissage de l’agressivité, considérant qu’ils font appel à plusieurs des mêmes stratégies utilisées par les meilleurs professeurs.

Un chercheur de l’Université Iowa State a trouvé que les jeunes qui s’adonnent aux jeux vidéo de type violent ont des comportements plus agressifs après seulement six mois (Iowa State University : Gentile, father explore how violent video games are exemplary aggression teachers). L’étude qui paraîtra bientôt dans la revue Journal of Youth and Adolescence établit « sept parallèles entre les jeux vidéo et les professeurs efficaces, incluant l’habileté à s’adapter au niveau de chaque apprenant — incluant la pratique étalée dans le temps — et enseignant pour un transfert dans des situations réelles. »

Je m’inquiète de la capacité de l’industrie à exploiter le potentiel éducatif des jeux vidéo, dans le sillage de la recherche en psychologie, alors que l’école se complaît dans des moyens vétustes. Combien de temps encore avant que l’industrie du jeu vidéo ne commence à faire du product placement à l’instar d’Hollywood. Ce n’est qu’un exemple, et non le meilleur. Les experts en marketing savent faire preuve de beaucoup de subtilité et de finesse dans leur créativité mercantile.


(Image thématique : Pattern of Violence, par Keren Cytter)


Par ricochet :
Les armes dans les écoles et la violence chez les jeunes
Les jeux vidéo rendent-ils agressif (Michaël L.D.)

La dictée en faute

BrissaudSecretaryDictation.jpgLes professeurs de français devraient être des professeurs de mathématiques: ils passent leur temps à compter les fautes des élèves. (Ernest Abbé)

Voilà que la dictée est le nouveau dada de la ministre de l’Éducation. À ce train, on va retourner au grec et au latin. Dans ce contexte où souffle un vent de nostalgie, la présidente de l’Association québécoise des professeurs de français (AQPF), Arlette Pilote, a eu le courage de ses responsabilités en publiant une lettre d’opinion dans laquelle elle fait le point sur la valeur éducative de la dictée (Le Soleil : L’ouragan appelé… Dictée!). Elle rappelle que la dictée est d’abord et avant tout un moyen de diagnostic plutôt que d’apprentissage.

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