Constructivisme, socioconstructivisme et connectivisme

ShpritserConnectionsI.jpgL’éditeur, ce n’est pas celui qui dompte la bête, c’est celui qui la socialise. (Christine Angot)

Par souci d’individualisation et de métacognition des apprentissages, je résiste à la tentation d’obliger les élèves à utiliser leur blogue scolaire. Je mise plutôt sur des facteurs de motivation tels que la perception de valeur, de compétence et de contrôlabilité. Je ne manque donc jamais une occasion en début d’année de souligner aux élèves l’importance des nouvelles technologies dans l’apprentissage et l’optimisation de leur avenir. Je sais très bien que la première question, au moment de la présentation des blogues, sera « à quoi ça va me servir? »

Dès qu’il fréquente l’école, l’élève gagne à se saisir de certaines notions d’apprentissage. La métacognition, ça s’alimente. Non content d’une énumération des raisons de vouloir bloguer, j’ai cherché à illustrer, très simplement, l’apport accru des nouvelles technologies dans la dynamique de l’apprentissage. Pour faciliter la compréhension, j’ai limité la représentation aux différences entre le constructivisme, le socioconstructivisme et le connectivisme.

L’absence de certaines théories ne résulte que du besoin de simplification. Je réitère que le but est de schématiser les avantages, sur le plan de l’apprentissage, de recourir aux technologies du maillage. En outre, je crois utile de souligner que les modèles ne sont pas en opposition, mais qu’ils se complètent (cliquez sur l’image pour l’agrandir, voyez l’illustration dans une fenêtre ajustable, ou téléchargez la version PDF).


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Dans son excellent discours sur les nouvelles technologies, le philosophe Michel Serres s’interroge sur ce qu’elles apportent de nouveau. Parmi les éléments considérés, il ne retient que l’espace. Clive Thompson réfère aussi à l’espace quand il parle de l’extériorisation des facultés cérébrales (Wired : Your Outboard Brain Knows All), comme le rapporte Jacques Cool. Mais c’est faire peu de cas de la genèse issue du flux instantané de l’information. Ce que le Web apporte de nouveau, c’est aussi une intensité dans la mouvance et la convergence de l’information. Non seulement la triple synergie de l’instantanéité, de l’étendue et du volume de l’information modifie-t-elle la qualité intrinsèque de l’information, mais elle donne lieu à des idées qui autrement ne verraient jamais le jour. C’est plus qu’une question de degrés : la perception revêt un caractère collectif et dynamique.

Le résultat s’apparente en quelque sorte à l’évolution d’une page Wikipédia, avec ses ajouts, ses correctifs et ses retraits sporadiques. Si on pouvait visualiser la progression d’un concept dans le cerveau, cela ressemblerait sensiblement à l’historique d’une page dans Wikipedia, réalisée à l’aide d’une application créée par IBM (Social Science Statistics Blog : Visualizing the evolution of open-edited text).


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Pour faire suite à l’excellente dissertation de Philippe Navarro sur le rapport de la cybersphère à la noosphère (Le Devoir : Le devoir de philo – Teilhard de Chardin craindrait YouTube), je dirais que le premier est l’électrification du second. La noosphère est une sorte d’épistémè que l’on subit, alors que la cybersphère est un environnement culturel sur lequel on agit.

Un changement de cette envergure modifie nécessairement les pratiques auxquelles l’école doit préparer les jeunes. Anne Zelenka offre une autre comparaison du changement de paradigme qui secoue les milieux de travail (GigaOM : From the Information Age to the connected Age). Puisque j’avais résolu de refaire un tableau qui manquait quelque peu de lisibilité, j’en ai profité pour le traduire :

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L’homme a déjà dévolu à l’ordinateur les fonctions de mémorisation et d’analyse, mais il conserve la plus importante : l’imagination. Par ailleurs, le grand avantage de l’homme sur l’ordinateur demeure sa diversité, résultat de son unicité, contrairement aux machines produites en série. De cette diversité découle un foisonnement de la pensée quand la collectivité est mise à profit.

Mise à jour, 20 octobre 2007 | Jacques Cool présente un résumé très intéressant d’une conférence de George Siemens, le père du connectivisme, lequel résumé inclut des croquis qui incitent à la réflexion (Ze Cool blogue : Vivre, apprendre, communiquer dans un monde d’instantanéité…). La réflexion, après tout, s’inscrit dans la dynamique d’apprentissage favorisée par le connectivisme ;-)

Mise à jour, 18 juillet 2011 | Les nombreuses attaques contre Internet et ses effets sur la pensée me portent à croire que la théorie du connectivisme de Siemens, puis Downes, va au-delà de l’apprentissage et qu’elle constitue en quelque sorte une théorie augmentée de la pensée. Le réseautage ubiquitaire de l’activité humaine, un néo-phénomène dans l’évolution de l’espèce, nous oblige à considérer les théories dans une nouvelle perspective. De la même manière que l’outil est une extension de la main, pour reprendre une image qui pèche par sa simplicité, les technologies de la cognition, dès lors qu’elles sont maillées, constituent une extension du cerveau.

Malgré que le processus soit circulaire plutôt que linéaire (réticulaire de surcroît), la pensée se situe en amont de l’apprentissage. Par conséquent, il faut situer la causalité de l’effet des nouvelles technologies au niveau de la pensée. Cela ne signifie pas que le connectivisme soit absent des processus d’apprentissage, mais qu’il le transcende en antériorité et en postériorité. Cet argument, s’il tient la route, réfuterait certaines critiques du connectivisme en tant que théorie d’apprentissage.

Et pour ceux qui s’inquiètent des effets d’Internet sur le cerveau, rappelez-vous que l’homme, dans sa nature, ne change que très lentement. Seuls les comportements changent, au gré de l’environnement et des événements. Le cerveau, par effet de plasticité neuronale, s’adapte au changement comme il l’a toujours fait. Si Internet devait disparaître, il s’adapterait à nouveau.


(Image thématique : Connections I, par Eve Shpritser)


Par ricochet :
Le connectivisme (néo socioconstructivisme)
Le constructivisme, en trois phrases
5 composantes de la connectivité
Constructivisme vs connectivisme
Survol de l’apprentissage et du connectivisme
Conférence / connectivisme : George Siemens
Les TIC et la pensée
Une étude à l’appui du socioconstructivisme
L’humanité en réseau
CCA : Examen de la construction du savoir

La qualité de la langue et les blogues scolaires

ArtLanguageLovelySlang.jpgLa faute de français anémie une langue. (Claude Roy)

Les blogues scolaires sont confrontés à un dilemme inconciliable : les impératifs de la qualité de la langue associés à la publication, d’une part, et l’erreur inhérente à l’apprentissage, d’autre part. Alors que les erreurs étaient naguère confinées aux exercices et devoirs en coulisse, les avantages du Web propulsent les apprentis sous les feux de la rampe. L’école a désormais une vitrine pour l’apprentissage, et pas seulement pour le marketing. Fidèle à sa mission éducative, elle opte pour la dynamique de l’interaction collective plutôt que le tri élitaire en osant montrer l’erreur au grand jour. Du coup, on heurte les sensibilités.

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Étude : les élèves ne réussissent pas mieux au privé

LandersSuccessFailure.jpgToute réussite déguise une abdication.
(Simone de Beauvoir)

Une autre étude démontre que les élèves des écoles publiques réussissent généralement tout aussi bien que ceux qui fréquentent les écoles privées (Associated Press : Study Examines Public, Private Schools). C’est du moins le cas des enfants de familles à faibles revenus. Fait intéressant, la participation des parents à l’éducation des enfants est un meilleur indicateur de réussite scolaire que le revenu familial (USA Today : Study: Parents play big role in academic success).

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Mee Card : une carte de visite pour le cyberespace

HochGreetingCard.jpgLes vivants ont des cartes de visites imprimées; les morts seuls en ont des gravées. (Gilbert Cesbron)

Pas mal, cette idée d’une carte de visite virtuelle qui est aussi un mashup de nos ressources en ligne. Meecard est un nouveau service qui permet à chacun de définir en quelque sorte son identité virtuelle pour les sites Web, les courriels, et le reste. Comme le site est en rodage, je n’ai pas pu m’inscrire pour en faire l’essai. En voici cependant un exemple. Nul doute que plusieurs seront étonnés du format, anticipant une carte de visite habituelle. Mais le cyberespace n’a que faire des limites d’un porte-carte. Nul doute, par ailleurs, que d’autres services de ce genre vont naître, offrant une variété de modèles de présentation.

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Mosaïque de citations sur les TIC

RauschenbergQuote1964.jpgÀ elle seule, la vie est une citation. (Jorge Luis Borges)

J’adore les citations, ces petits tableaux peints avec des mots. Aussi, je remercie Gilles pour les nombreux emprunts que je fais à son admirable collection Au fil de mes lectures. Récemment, j’ai découvert cet autre bouquet de citations sur Flickr dont le charme repose sur l’association du mot et de l’image (source : CogDogBlog). En plus de frapper l’imagination une seconde fois par l’image, les citations portent généralement sur les nouvelles technologies, comme celle ci-dessous. Une ressource inspirante pour convaincre les gens de l’utilité des nouvelles technologies.

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La philanthropie des enseignants

TiepoloGenerosity.jpgLa philanthropie est la soeur jumelle de la pitié.
(Proverbe grec antique)

À la générosité de temps et de coeur des enseignants, il faut désormais ajouter la bourse. Une collègue a fait l’achat pour sa classe d’un projecteur pour ordinateur, une dépense de 1 500 $ tirée de sa poche. J’en ai été soufflé. Il ne s’agit plus de crayons et de gommes à effacer. Ajoutez à cela le coût du portatif qu’elle a aussi déboursé, comme plusieurs autres enseignants, et on arrive à 3 000 $ de dépenses professionnelles qu’elle ne peut même pas déduire de l’impôt. Je m’incline devant tant de bonté pour pallier la misère de nos écoles. Pendant qu’ailleurs au Canada on munit les classes de tableaux blancs électroniques, c’est tout juste si un professeur au Québec obtient qu’on remplace son tableau d’ardoise par un tableau à crayons-feutres.

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La classe en tant que 3e lieu de socialisation

ChineseSchoolLearningSilkwo.jpgLes classes ignorantes sont les classes dangereuses. (Henry Ward Beecher)

Pour le sociologue Ray Oldenburg, les lieux de rencontres informelles comme la rue et les cafés constituent, après la famille et le travail, le troisième foyer de vie communautaire et de démocratie sociale. L’école ne peut-elle pas faire une petite place à ce mode naturel d’effervescence communautaire et d’action socialisante dans un but d’apprentissage? Konrad Glogowski, qui enseigne à une classe de 8e année, fait le pari que oui (Blog of Proximal Development : Classrooms as Third Places). Glogowski a recours aux nouvelles technologies pour déborder des murs de la classe dans une communauté en ligne, une approche qu’il expose dans le diaporama ci-dessous.

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Le partage de son quotidien sur la Toile

NodaDiaryJune9.jpgL’ennui, c’est le quotidien réduit à lui-même.
(Gustave Thibon)

Des ingénieurs en informatique à l’origine de Gmail et Google Maps sont dans la course aux services Internet qui partagent les activités en ligne de tous et chacun (New York Times : Service Helps Friends Share Their Online Discoveries). Leur bébé, FriendFeed, devra se mesurer à des sites comme Kaboodle, Clipmarks et Plum. FriendFeed mise sur l’automatisation pour afficher dans Facebook ou Google le flot d’activités en ligne des membres participants. Pour le moment, le service liste les activités folksonomiques comme Digg, la musique en ligne (Last.fm), et les sites de partage de photo (Flickr) et de vidéo (YouTube).

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Les stimuli visuels minent l'écoute

RigdolMilarepaFrostListenin.jpgÉcouter c’est quand on aime. (Christian Bobin)

Les enfants sont curieux, d’où leur propension à observer les choses. Les professeurs, qui en ont vu d’autres, préfèrent généralement faire étalage de leur science dans un sempiternel flot de paroles. Les plus modernes croient bien faire en associant le discours à l’image, comme en fait foi l’épidémie de présentations PowerPoint. Or, ce multi-tasking entraîne nécessairement un conflit d’attention pour le cerveau. De fait, une étude (PDF) indique que la vue a préséance sur la parole et qu’on néglige plus volontiers le discours (Eide Neurolearning Blog : Directing Attention – The Bane of Multi-Tasking).

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Une université offre des cours sur YouTube

FisherTubeCap.jpgL’ennui naquit un jour de l’Université. (Honoré de Balzac)

La conquête du Monde se fait-elle désormais, subrepticement et involontairement, par l’entremise de l’exploration virtuelle? La prestigieuse Université de la Californie à Berkeley a désormais un portail sur YouTube qui rassemble tous les cours en vidéo offerts par les professeurs (Yahoo! News : UC Berkeley expands online content). On n’y trouve pas que des cours de physique. Voyez, par exemple, cette présentation de Sergey Brin, l’un des fondateurs de Google, intitulée Search, Google, and Life.

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