La science ne sert guère qu’à nous donner une idée de l’étendue de notre ignorance. (Félicité de Lammenais)
Le Québec et les États-Unis, notamment, s’inquiètent du désintéressement des jeunes pour les sciences et la technologie. Une nouvelle étude devrait intéresser les réformistes, tout comme les tenants de la primauté des connaissances en éducation : des chercheurs concluent en effet que les connaissances scientifiques ne mènent pas nécessairement à une pensée scientifique (Ohio State University Research News : Study: Learning science facts doesn’t boost science reasoning).
Les chercheurs ont comparé les résultats de près de 6000 étudiants en science et ingénierie d’universités chinoises et américaines. Quoique les premiers réussissent beaucoup mieux que les seconds dans les tests de connaissances, ils s’équivalent sur le plan du raisonnement scientifique.
Malheur à la connaissance stérile qui ne se tourne point à aimer ! (Jacques Bénigne Bossuet)
Les quinze minutes de cette présentation par Daniel Dennett, philosophe et professeur à l’Université Tufts, bouleverseront votre notion des connaissances si vous n’en avez pas déjà une conception ontologique. Elle vous questionnera sur la toxicité des connaissances quand elles sont gobées plutôt que méditées. Dennett souligne la nécessité de la pensée critique, sans quoi les idées s’avèrent dangereuses. Il réussit même à semer un doute sur le projet One Laptop per Child.
Il est si facile de perdre la mémoire de soi-même. (Henrik Ibsen)
Ah! si seulement on savait pourquoi les connaissances s’incrustent ou s’évaporent. Dans Made to Stick: Why Some Ideas Survive and Others Die, Chip Heath, de l’université Stanford, et son frère Dan tentent de répondre à cette question qui hante les éducateurs. Clive Shepherd résume le livre en présentant les six qualités qui font que les idées qui collent à la mémoire, ainsi que les implications pour l’enseignement. Dans l’esprit du premier point énuméré, j’ai réduit le tout à un mind map (cliquez sur l’image pour un agrandissement). Par un heureux hasard, l’acronyme des mots anglais (simplicity, unexpectedness, concreteness, credibility, emotionality, stories) forment SUCCÈS.
La véritable création commence où finit le langage. (Arthur Koestler)
Malgré l’abandon des programmes d’études reposant sur des objectifs spécifiques, la taxonomie de Bloom reste utile. D’une part, Bloom reconnaissait la complémentarité des domaines affectif et psychomoteur, même si les descriptions qu’il en a faites semblent aujourd’hui bien superficielles. Mais surtout, sa classification du domaine cognitif en six niveaux de complexité s’avère une façon simple de représenter les activités de la pensée pour les élèves et les parents. Elle concilie fort bien le rapport entre la connaissance (mémoire, compréhension, application) et les compétences (application, analyse, synthèse, évaluation) dont plusieurs parents s’inquiètent depuis l’avènement de la réforme.
Les échelons supérieurs de la classification de Bloom correspondent justement à la créativité que le renouveau pédagogique vise à développer et qui constitue le meilleur salut pour l’avenir des élèves. À ce sujet, Mycoted a répertorié une quantité fascinante de stratégies et techniques pour favoriser la créativité.
Comme la taxonomie de Bloom repose sur des verbes d’action fort appropriés dans un contexte d’acquisition de savoir-faire, j’ai préparé un aide-mémoire graphique. Vous pouvez cliquer sur l’image ci-dessous pour un agrandissement, choisir une fenêtre avec barres de défilement si vous avez un petit écran, ou télécharger la version PDF.
Mise à jour, 16 mars 2007 | En relisant mon texte, je m’aperçois que j’ai oublié d’ajouter le paragraphe se rapportant plus précisément à la créativité. Je corrige l’erreur en insérant le deuxième paragraphe après la publication du billet.
Mise à jour, 27 juillet 2009 | Andrew Churches fait une intéressante adaptation de la taxonomie de Bloom appliquée aux actions associées aux nouvelles technologies de la communication (Tech & Learning: Bloom’s Taxonomy Blooms Digitally). Mais ce qui a surtout capté mon attention, c’est la représentation ci-dessous de la taxonomie originale de Bloom, trouvée sur Wikipedia. Splendide!
Mise à jour, 18 juin 2010 | Le wiki de la CSSS Faculty nous offre deux représentations interactives de la taxonomie de Bloom, d’abord une présentation générale de cette taxonomie, ci-dessous, puis une adaptation au regard de la conception d’activités.
Mise à jour, 02 mai 2011 | Les représentations graphiques se font de plus en plus sophistiquées et interactives. Le Center for Excellence in Learning and Teaching de l’Université Iowa State nous offre une révision de la taxonomie de Bloom relativement aux objectifs d’apprentissage (Iowa State University: A Model of Learning Objectives).
Mise à jour, 25 juin 2011 | Ingénieux : Avec Bloomin’ Google, Kathy Schrock répartit en fonction de la classification de Bloom les divers services appartenant à Google.
Sebastien Fielder aborde à son tour la problématique des commentaires qui sont abandonnés par un auteur sur d’autres carnets sans qu’il puisse y relier. C’est plus qu’une question d’égocentrisme auquel j’ai fait allusion dans un commentaire sur le carnet de Stéphane Allaire. Le fait, par exemple, que je ne puisse pas créer d’hyperlien qui cible précisément ce commentaire est le genre de lacune qui m’agace. …
Le trackback est une solution intéressante, mais qui nous laisse sur notre appétit ; par conséquent, elle est provisoire. Je vois un besoin pour le blogueur, comme pour l’apprenant, de pouvoir réseauter l’ensemble de son écriture et de ses recherches et d’en faire une représentation visuelle à la MindMap. L’étendue de mon investissement intellectuel n’a jamais été aussi vaste et diversifiée que depuis que je blogue — et c’est là l’extraordinaire jet de l’écriture libérée. D’où l’importance, dans une perspective constructiviste, de m’y retrouver dans ce dédale de dendrites que je tisse.
Si j’ai déjà dénoncé la notion de knowledge management comme l’abâtardissement de la créativité individuelle, je me rallie à la cause du personal knowledge management. C’est la manière la plus sûre de mettre les nouvelles technologies au service de l’homme, et non vice versa. À la condition d’utiliser les bons outils. L’horizon n’est pas délimité par le regard, mais par l’imagination.