Étude sur la génération M


Une étude de la Kaiser Family Foundation révèle que les jeunes aujourd’hui s’exposent en moyenne à 6,2 heures de médias par jour (CBS : Kids Today: Media Multitaskers). Ainsi, les médias occupent presque autant de place dans leur vie que l’école. Face à pareille compétition, celle-ci, avec les pauvres moyens qui lui sont donnés, ne peut plus rivaliser. …

Peut-être faut-il dire multimédia plutôt que media, car les jeunes vivent à l’ère de l’électronique. Ils gobent non seulement la télé, les jeux vidéo et l’ordinateur, mais aussi les lecteurs MP3, les téléphones cellulaires et les Palms. Il ne s’agit pas de laisser faire, bien sûr. Fernette et Brock Eide ont raison de souligner qu’il est contre-indiqué de placer une télévision (et sans doute aussi un ordinateur) dans une chambre d’enfant.

Ce n’est pas tant que les jeunes, et particulièrement les ados, soient désabusés. Au contraire, le battage de stimuli et d’information auquel ils se prêtent alimente leur émancipation et leur réflexion. J’abonde dans le sens de Guy Ferland, professeur de philo au Collège Lionel-Groulx, qui sait voir chez les jeunes des intelligences en ébullition :

ils cherchent des idées nouvelles, de la nourriture spirituelle à se mettre sous la dent. Ils veulent aller au-delà des apparences dans lesquelles on les confine trop souvent. Car ils ne sont pas seulement beaux et belles par la jeunesse de leur corps, mais bien plus par leur soif de savoir et leur désir de trouver des idéaux.

Cependant, les jeunes ne s’identifient guère plus à une école qui leur semble archaïque. Ce n’est plus qu’un long rite de passage dont il faut s’accommoder. Les plus rebelles décrochent, faute de patience.

J’entrevois deux solutions possibles. La première consiste à jouer le jeu des médias : If you can’t beat’em, join’em. Fernette et Brock Eide ont publié à cet effet un billet intéressant sur les joies d’enseigner à des enfants épris des TIC et qui contient une liste de recommandations qui devraient s’appliquer à tous les élèves. La deuxième solution consiste à combattre la superficialité et la froideur des médias par leur antithèse, soit la sympathie et l’efficacité des relations humaines. Mais pour cela, il faut donner un peu de lest aux programmes de formation et retrouver la finalité de l’éducation : l’élève. Car les écoles ne peuvent rivaliser avec les médias sur le plan de l’éclat ou du charme (glamour).

Évidemment, le mieux serait de fusionner les deux solutions, fort compatibles. Mais je ne veux pas trop m’abandonner au rêve.

Par ricochet :

L’importance des supports visuels

La création multimédia : une compétence ?

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5 réponses

  • J’ai survolé le rapport de l’étude réalisée par la Kaiser Family Foundation en mars… (http://sunens.uqac.ca/~pgiroux/carnetweb/index.php?2005/03/11/7-generation-m-media-in-the-lives-of-8-18-year-olds). Plusieurs choses m’ont alors frappé, d’autres ont continué de trotter dans des recoins obscurs de mes réflexions.
    Après la lecture de votre billet, je me suis demandé « Qui donc éduque ces enfants à juger, utiliser, critiquer, sélectionner, l’information provenant de ces médias ? » Le rapport de la KFF précisait en effet que plusieurs de ces jeunes naviguent sur Internet et ont la possibilité d’écouter la télé (souvent câblée ou satellite) dans leur chambre, donc probablement sans aucune supervision. Selon mon expérience personnelle, c’est aussi dans leur chambre qu’ils jouent le plus souvent à des jeux vidéo. Ils sont alors seuls, parfois entre amis ou en ligne avec des inconnus, mais presque toujours sans parents!
    L’École peut-elle vraiment y arriver seule ? Vos solutions sont intéressantes… Mais comme vous l’avez souligné, la place de l’école vis-à-vis des médias n’est peut-être pas suffisante. J’entrevois une troisième piste de solution : l’engagement et la responsabilisation des parents. Ils sont responsables des jeunes pendant plusieurs des heures où ils utilisent, écoutent et consultent ces médias.
    C’est probablement complémentaire aux deux pistes de solutions suggérées dans votre billet. Mais l’École peut-elle prendre la responsabilité d’éduquer les parents ?

  • André Chartrand dit :

    « Mais l’École peut-elle prendre la responsabilité d’éduquer les parents ? « 

    Les mots « responsabilité » et « éduquer » sont peut-être un peu fort, mais l’école peut certainement offrir de l’aide, du soutien et des ressources aux parents qui éprouvent des difficultés à assumer leur rôle d’éducateur auprès de leurs enfants. Cela se fait d’ailleurs dans certaines écoles par des moyens diversifiés.

    On a trop tendance à croire que les compétences parentales sont innées. Or, ce n’est pas le cas. Comme disait un de mes amis et collègues, quand un enfant vient au monde, il n’y a pas de guide de l’utilisateur qui accompagne l’enfant.

    Cela dit, il est clair que là n’est pas la « responsabalité » première de l’école, mais ça peut aisément et avantageusement s’intégrer dans les pratiques visant à renforcer la collaboration école/famille.

  • Je ne croyais pas qu’il soit possible d’éduquer les parents. Après tout, on a peine à éduquer les enfants. Plutôt que d’éduquer les parents, on compte davantage sur leur assistance en tant qu’éducateur. Mais les interventions de Patrick et d’André m’ont amené à réfléchir plus longuement sur la question.

    On pourrait croire, de prime abord, qu’il est difficile de faire l’éducation des parents. Du moins, si l’on tente de régler le problème à partir du paradigme scolaire établi. Ce n’est pas par l’entremise de quelques assemblées générales sporadiques, ou de communications imprimées qui n’arrivent quasi jamais à la maison, qu’on réussira à informer les parents.

    Il est temps que les écoles passent à l’ère des technologies de la communication pour informer les parents. Le courrier électronique, les forums, les wikis, les blogues et les agrégateurs ne sont que quelques moyens pour informer les parents et, surtout, créer une synergie de communication qui soutiendra les apprentissages parentaux. Ce qui est valable pour les élèves et pour nous, en tant que communauté d’apprentissage, l’est certainement tout autant pour les parents.

  • Le dernier commentaire de François est intéressant. En 2005, il m’apparaît par contre fort peu probable que l’École utilise sur une grande échelle et avec succès des technologies pour « éduquer » les parents ou même seulement les renseigner ou leurs communiquer de l’information.

    J’ai découvert récemment un rapport de recherche qui indiquait assez clairement que plusieurs parents n’ont pas les compétences relatives à Internet nécessaires pour guider leurs enfants. Le chercheur suggère même que cela compromet le futur des enfants…  Liens et références.

    Comme François, je crois néanmoins au « potentiel » des technologies pour favoriser la communication entre l’école et les parents. J’ai même amorcé des discussions avec une école et nous amorcerons une petite recherche-action dès l’automne prochain. Je dois néanmoins avouer qu’à la lumière de mes lectures récentes, je modifie actuellement mon projet pour y inclure un système de « support » pour les parents… Je doute de la réussite du projet sans cet élément.

  • La maîtrise des TIC par les parents, ainsi que leur accessibilité, varie forcément en fonction du milieu socio-économique. Dans mon école, le taux d’abonnement au bulletin électronique mensuel, acheminé à l’aide de Lumi, atteint plus de 80 %. Le savoir-faire technologique, en ce qui concerne les communications de base, ne peut qu’augmenter avec le temps. Je crois, par ailleurs, que le besoin incite à l’apprentissage et que les parents voudront se familiariser avec les TIC s’ils y trouvent leur compte. Or, l’expérience à l’école nous a démontré que les parents sont avides d’information concernant leurs enfants et l’école.

    Je ne peux qu’applaudir l’idée de Patrick d’offrir un soutien aux parents. Si je peux faire une suggestion, il y a peut-être lieu de considérer une équipe de dépannage téléphonique formée de parents technophiles. C’est une formule qui fonctionne particulièrement bien au Club Macintosh de Québec.



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