L'AQUOPS peut-elle élargir son mandat ?


Les buts de l’AQUOPS ont bien peu changé depuis sa fondation en 1981. On y retrouve encore l’intégrale de sa constitution (PDF) des premiers temps. Pourtant, le rapport entre les TIC et l’éducation a sensiblement changé depuis lors. Si les premières salves consistaient à initier les enseignants aux TIC et à leur montrer comment les intégrer dans la pratique, le temps est maintenant aux connexions et à la collaboration. Mais l’AQUOPS peut-elle assumer ce rôle ? …

Éric a brillamment proposé une troisième chaise pour combler le « vide démocratique lié à la pratique éducative. » L’idée a immédiatement plu à Sacco qui a formulé plusieurs suggestions. Dans mon commentaire initial, j’ai exprimé l’opinion que l’AQUOPS était bien placée pour répondre à ce besoin. Mais cela ne fait pas l’unanimité.

Il y a effectivement de bonnes raisons de douter de la capacité de l’AQUOPS à élargir son mandat pour devenir une agora éducationnelle. Hormis les limites de sa constitution, sa situation financière reste précaire et elle est certainement ébranlée par la récente menace de faillite. On ne saurait demander à un convalescent de porter le fardeau d’une restructuration. Toutefois, je ne suis pas d’accord avec la position d’Éric à l’effet que l’AQUOPS ne peut pas être le carrefour d’un discours pédagogique général. Pour ma part, l’AQUOPS ne doit pas limiter son action au rapport entre l’enseignant et les TIC ; il est primordial qu’elle s’intéresse également aux moyens dont les TIC peuvent favoriser les rapports entre les enseignants. Dans ce dernier cas, tous les sujets propres à l’éducation trouvent leur place.

Advenant que l’AQUOPS néglige d’élargir son mandat afin de favoriser le connectivisme entre les enseignants, je ne donne pas cher de son avenir. Déjà, plusieurs enseignants remédient à cette lacune par l’entremise des blogues. D’autres, plus entreprenants, saisiront le taureau par les cornes et lanceront leurs propres initiatives, comme cet excellent wiki conçu par Sacco, que je félicite au passage pour son ardeur à concrétiser ses convictions.

Cette première tentative est loin de réussir, car il faut voir si elle attirera assez d’adeptes pour décoller. Mais chose certaine, l’intérêt semble manifeste à en juger par tout l’encre que l’idée a fait couler. Reste maintenant à savoir qui occupera cette fameuse troisième chaise, comme le fait remarquer Mario.

Peut-être même est-il permis de douter de la survie d’organismes comme l’AQUOPS qui sont liés par une constitution. J’espère vivement me tromper, considérant l’estime que j’ai pour tout le défrichement qu’elle a fait pour introduire les TIC dans les écoles. Mais l’avenir, je crois, est aux institutions et aux entreprises qui sont assez alertes pour réagir promptement aux impératifs du moment.


Par ricochet :

Changer ou périr

Revue : La survie de l’AQUOPS menacée

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5 réponses

  • Intéressante réflexion François, que je partage dans les grandes lignes.

    Je reste néanmoins préoccupé par l’idée qu’il puisse ne plus exister d’organisme officiel pouvant le moindrement « parler au nom des profs » au sujet des TIC et des enjeux éducatifs qui y sont associés.

    Quand un ministre décide de s’engager dans une voie, il a besoin de pouvoir faire « valider » son point de vue, ses orientations, etc. Il doit pouvoir s’adresser à des « représentants » et si l’AQUOPS (ou une autre organisation, existante ou à naître) n’est pas là pour le faire, il se tournera vraisembablement vers la Fédération des Commissions scolaires, les syndicats ou je ne sais quel autres organisations de ce type. Or, celles-ci ont maintes fois démontrées dans le passé qu’elle n’avaient pas l’expertise pour aborder les questions « éducation et technologie » avec audace et lucidité (un avis personnel).

    Je pense qu’il faut garder en tête cette « réalité politique » avant de prendre le risque de miser sur une « structure informelle », même plus alerte.

  • Quelqu’un — Clément, je crois — parlait des étapes à identifier pour s’assurer qu’une « troisième chaise » puisse être viable… Si les mandats de l’AQUOPS lui permettent de créer un lieu virtuel d’échanges, il pourrait s’agir là d’une première étape (si tant est que l’AQUOPS soit intéressée par la chose)… Mais, il me paraît important que ce lieu d’échanges, s’il prend forme, puisse accueillir des sujets de discussions des plus divers (d’où mon inquiétude maintenant en partie dissipée par le présent billet de François). Il importe par ailleurs de comprendre que je ne connais guère l’AQUOPS et que, partant, je ne parle pas tout à fait en connaissance de cause…

    Toutefois, s’il est question de mettre en place un interlocuteur compétent pour le MELS, il me semble judicieux d’assurer l’existence d’un organisme dont les mandats toucheront tout le volet pédagogique de la question enseignante. L’AQUOPS peut intervenir sur le plan de l’informatique dans les écoles, les syndicats au sujet des conditions de travail, mais quant au côté pédagogique des questions, il semble en effet y avoir un vide — à moins que, comme ça semble être le cas pour l’instant, la place ne soit laissée aux universitaires…

    Je doute cependant qu’il soit aisé de créer de toute pièce, dans l’immédiat, un organisme capable remplir un aussi important mandat… Initier un réseau (à l’AQUOPS ou ailleurs) me semble être une bonne première étape pour juger s’il intéresse, s’il peut devenir utile et ultimement s’il peut prendre position au nom des milieux enseignants (un organisme avec un effectif d’une demi-douzaine de membres n’aura jamais que très peu de crédibilité). Ou peut-être est-ce trop « étapiste » ;-) comme idée… Peut-être faut-il justement se lancer. J’ajoute une section « étapes » au wiki « troisième chaise ».

  • La question de la représentativité, soulevée par Clément, et celle de la multiplicité, soulignée par Sacco, ajoutent deux éléments très importants à la discussion. Je résumerais ma position sur ces deux points en suggérant que la troisième chaise doit pouvoir accommoder plusieurs occupants. En d’autres mots, ce n’est pas d’une chaise dont nous avons besoin, mais d’un banc public.

    Je suis d’accord avec Clément, à l’effet que nos structures actuelles reposent sur un principe de représentativité. Mais c’est à contrecoeur. Soyons pragmatiques, même si les TIC appellent à un changement de paradigme. La représentativité, telle qu’on la connaît, est un modèle périmé qui ne tient pas compte des nouveaux moyens de communication. Personnellement, j’ai souvent eu l’occasion de rager contre cette pseudo démocratie qui défend des intérêts particuliers sous le couvert d’un mandat des électeurs. Et je ne fais pas seulement allusion aux instances gouvernementales ; le syndicat est un autre objet de frustration.

    Je ne voudrais pas que l’AQUOPS devienne la seule instance représentative du discours pédagogique des enseignants. Il y a plusieurs raisons pour craindre la centralisation de la représentativité, ne serait-ce que l’importance de la diversité des points de vue, si présente en éducation. Voilà pourquoi j’abonde dans le sens de Sacco quant à son hésitation par rapport à la création d’un seul lieu de rencontre.

    L’AQUOPS, à mon avis, demeure l’organisme le mieux placé pour assumer le mandat d’animer la discussion pédagogique. Mais il ne faudrait pas qu’il soit le seul. C’est pourquoi j’applaudis l’initiative de Sacco. Il semble, de toute façon, qu’on se dirige vers des solutions multiples.

    Par ailleurs, je me réjouis de la réaction de Charles Fillion, directeur de l’AQUOPS, sur le billet de Clément. Le ton et le contenu de son message sont de bon augure.

  • J’avoue que, lorsque j’ai lancé l’idée de la troisième chaise, ma préoccupation était beaucoup plus locale. J’avais en tête une cohésion beaucoup plus conventionnelle. Dans ces termes, lorsque je cherchais ce « lieu », j’avoue (et cela me surprend moi même) que la partie de ce lieu étant virtuel m’était bien secondaire. Dès lors je voyais mal comment l’AQUOPS pouvait occuper cette chaise.
    Les propositions de Sacco et des autres contributeurs me font réaliser que oui cette chaise pourrait être virtuelle avant de devenir concrète. Pas le virtuel qui veut rien dire. Le virtuel qui permettrait un réseautage sans précédent.

    Avec cette lunette, l’AQUOPS qui semble se chercher, pourrait faire part d’un leadership inédit.

    Mais uniquement le virtuel n’est pas suffisant. Il va falloir, si l’AQUOPS veut bien se joindre au projet, que celle-ci puisse sortir des grands centres et aille partout dans la province, que l’AQOPS ne soit plus aussi lointaine géographiquement.
    Je crois que les deux projets seraient communément salutaires un pour l’autre et que la somme serait plus grande que l’addition des parties…

  • Je ne l’avais pas vu sous cet angle, Éric. Mais je comprends mieux maintenant où tu veux en venir. Évidemment, j’appuie ton désir d’implanter des actions à la fois locales et sur le terrain.

    Une idée qui me vient comme ça en y réfléchissant : est-ce que ce rôle d’animation locale ne pourrait pas être assumé conjointement par les conseillers pédagogiques et les RÉCITs ? Cela aurait l’insigne avantage de faire sortir certains RÉCITs de leur cachette et de les rapprocher des enseignants. Une autre solution consiste peut-être à libérer d’une partie de tâche un enseignant dans chaque école, de façon à créer un réseau de représentants pédagogiques. Mais cette dernière suggestion présente l’inconvénient d’entraîner des coûts.



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