L'évolution des TIC en éducation


Teemu Leinonen fait une excellente analyse de l’histoire des TIC en éducation, en plus de donner une explication très crédible de la coexistence des divers courants pédagogiques. Le schéma, particulièrement, illustre la rapidité de l’évolution des TIC en éducation. Échelonnées sur 30 ans, les cinq grandes étapes aboutissent aujourd’hui au contenu ouvert (auquel appartiennent les blogues et les wikis) et aux folksonomies. George Siemens et Will Richardson y faisaient encore écho récemment. …

Dans son billet d’aujourd’hui, Siemens traite fort justement de l’aspect réflexif des blogues :

I find blogs and wikis to be very valuable learning and knowledge tools. When a learner sits down and blogs, she/he is engaging in a reflective process. Nebulous thoughts and feelings are put to words. External ideas are scrutinized. The natural capacity of harmonizing our emotions and thoughts with ideas and concepts is evoked. A small cognitive and emotional oasis in the desert of busynes. And, I imagine more learning occurs in only a few minutes here than hours any where else.

Peu d’enseignants ont atteint la dernière phase de l’évolution des TIC. Qu’ils trouvent peu d’appui parmi leurs collègues, je comprends fort bien. Que la forte majorité des directions d’école s’en désintéresse, c’est désolant. Mais que le ministère de l’Éducation ne fasse rien pour en faciliter l’utilisation et l’intégration dans la pratique, c’est à ne rien y comprendre. Il y a pourtant des éducateurs très bien informés au MELS. Notre petite communauté de blogueurs n’est tout de même pas la seule à connaître la puissance des récents outils TIC au regard des apprentissages.


Par ricochet :

Intégrer les TIC en classe

TIC et programmes d’enseignement

Le gouffre qui sépare enseignants et TIC

Les TIC qui influenceront nos apprentissages

Réseauter virtuellement ses connaissances

enGauge : théorie et intégration des TIC

Stratégie d’intégration des TIC (G.-B.)

La puissance de la collectivité

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6 réponses

  • Tu dis: « Notre petite communauté de blogueurs n’est tout de même pas la seule à connaître la puissance des récents outils TIC au regard des apprentissages. »

    À la connaître, certes pas. Mais à comprendre l’impact des carnets sur le processus d’apprentissage, ça me semble possible.

    Je pense qu’il est très difficile de saisir la portée de tout ça sans l’avoir soit même expérimentée.

    D’où l’intérêt pour nous de multiplier les lieux d’expérimentation, de parler de ce qu’on fait autour de nous, de donner le goût aux gens de se lancer.

    Il me semble.

  • Encore un néologisme :  » folksonomies ». J’essaie d’imaginer l’appellation francophone, mais j’avoue être bouche bée. Faudra lancer un concours :)

    Concernant le commentaire de Clément: « D’où l’intérêt pour nous de multiplier les lieux d’expérimentation, de parler de ce qu’on fait autour de nous, de donner le goût aux gens de se lancer. » Je crois que l’information relatant ces expériences semble présente, mais un peu disséminée. S’il existe bien, le désire de « donner » le goût, il faudrait rassembler un peu tout cela.

    Peut-être sur le wiki d’Opposum (ou n’importe où)?

  • Depuis le temps qu’on parle de ce qu’on fait autour de nous, je désespère de voir que le fossé se creuse entre les technologies éducationnelles et la réalité scolaire. On perd du terrain plutôt que d’en gagner. Mais ce n’est pas une raison pour jeter la serviette ; il faut redoubler d’efforts, comme le rappelle Clément.

    Cependant, j’aime bien l’idée d’Éric de concentrer nos efforts. Quelque part, cela s’inscrit dans la même foulée que la troisième chaise.

  • Éric, pour folksonomy, il a déjà été question d’adopter en français «socionomie». Ça me semble correct.

  • [J'entends par utilisateur, un intervenant du monde de l'éducation : ministre, sous-ministre, DG, directeur de service, CP, enseignants, directeur d'école, etc.]

    Il ne faut pas oublier qu’entre les utilisateurs, il y a d’énormes différences. D’abord, il y a ceux qui n’utilisent pas du tout l’ordinateur. Puis, je distingue les éternels débutants. On pourrait les définir comme des utilisateurs qui font (ou font faire) toujours les mêmes choses sur l’ordinateur, étant difficilement capables de faire (ou de « faire faire ») des apprentissages autonomes. Ces éternels débutants « veulent bien » mais,,, ils ont presque toujours besoin d’être tenus par la main et d’être rassurés. Ils ne croient pas aux vertus de l’essai-erreur. Pour eux, le temps (souvent associé à la notion d’efficacité) est important et puisque apprendre en demande, ils préfèrent des bonnes vieilles recettes qui ont fait leurs preuves. Cette dépendance/insécurité est terrible et les empêche d’aller plus loin. S’il avait fallu que j’attende les cours universitaires pour apprendre le PHP (ou quoi que ce soit dépassant le traitement de texte et PowerPoint), j’en serais encore, découragé, au tout début…

    J’appelle utilisateur avancé, un pédagogue qui ne craint pas de se lancer (ou de lancer ses élèves) dans l’aventure du numérique. Il est à l’affût de tout ce qui peut aider ses élèves (ou lui-même) à mieux communiquer/échanger/analyser/objectiver leurs pensées et leurs apprentissages. Le fossé qui sépare les éternels débutants des utilisateurs « avancés » ne se franchit pas, à mon avis, par des petits pas. Il faut le sauter car il s’agit d’un fossé paradigmatique. C’est pourquoi parler de ce qu’on « fait » est bien beau mais on demeure quasi-totalement incompris.

    J’ajoute qu’à mon sens, il y a deux types d’utilisateurs avancés : les non-numériques et les numériques. J’ai souvent constaté qu’il y a des gens qui ont la pensée hypertextuelle mais ils n’en ont pas conscience! Lorsqu’on installe ces derniers devant un ordinateur et qu’on leur montre le potentiel des outils genres SPIP, wiki, blogue, ils en bavent. Un univers qu’ils croyaient hypertechno et complètement inaccessible s’ouvre devant eux.

    Pour (presque) finir, je crois que le non-utilisateur et le débutant sont à peu près du même niveau. Quant aux avancés, ils sont tellement « différents », que parler de niveau n’a pas de sens. Par ailleurs, entre les éternels débutants et les avancés, je pense qu’il n’y a à peu près personne !

    Que peut-on faire pour améliorer la situation? Parfois, j’ai le pessimisme de Pauwels (« On ne change pas les mentalités : les hommes meurent. »). Bien sûr, on pourrait laisser le temps au temps. Mais je crois profondément qu’en éducation, si on veut être vraiment pro actif dans la provocation du changement des mentalités, il faut que les Universités modifient profondément leur curriculum en exigeant DANS TOUS LES COURS, l’omni-présence du numérique. Le problème, c’est que les professeurs sont en très grande majorité d’éternels débutants… Et que les Universités croient encore que pour y enseigner, il faut avoir un doctorat. Une université avec un peu de vision irait chercher des gens avancés sur le terrain et leur dirait : «Vous avez carte blanche : débrouillez-vous pour que les élèves qui sortent de notre faculté, dans quatre ans, soient des utilisateurs/pédagogues avancés, et refusez d’émettre le diplôme à tous les autres.»

  • La question des modalités de changement de paradigme me préoccupe beaucoup. Plusieurs, comme Gilles, prônent la conversion radicale, tandis que d’autres préfèrent le changement graduel. Autant je préfère la première, autant je ne puis m’y résoudre, car cela va à l’encontre du constructivisme et de la zone proximale de développement si nécessaires à l’apprentissage (celui des profs, j’entends). L’autre solution ne vaut pas mieux ; elle repose sur un voeu pieux, comme l’histoire le démontre.

    Pour les enseignants en fonction, le changement de paradigme n’est pas une question de stratégie, mais de tempérament. Bien plus qu’une dichotomie utilisateurs débutants et utilisateurs avancés, bien réelle mais qui indique principalement une conséquence, la cause du problème réside davantage dans l’opposition entre fonceurs et suiveurs. D’une part, on a une minorité d’enseignants à l’esprit entreprenant, curieux, téméraire et analytique, toujours prêts à expérimenter de nouvelles stratégies pédagogiques, lesquels zigzaguent parmi une majorité d’éducateurs qui progressent à petits pas. Il y a les défricheurs, et les glaneurs. Cela n’explique pas tout, bien sûr : il y a aussi un fossé motivationnel.

    Malheureusement, comme Gilles, je crois que la partie est déjà jouée en ce qui concerne les éducateurs praticiens. Par contre, je suis entièrement d’accord avec la solution qu’il propose. Le changement doit d’abord venir de l’université et viser les futurs enseignants. Et il a raison d’exiger le remplacement des vieux croûtons par des éducateurs qui ne sont pas enlisés dans le paradigme de l’enseignement.



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