Les technologies et la langue


Je trouve toujours intéressant de voir ce qui se fait ailleurs. Un rapport de la Qualifications and Curriculum Authority (G.-B.), intitulé Futures – meeting the challenge (PDF), affirme que de nouvelles compétences sont nécessaires pour s’adapter à la réalité. Considérant l’accélération du changement, il est difficile de prétendre le contraire. Le rapport couvre toutes les disciplines du programme, des arts aux sciences. Quant au domaine qui m’intéresse plus particulièrement, c’est-à-dire l’enseignement des langues, il recommande que l’on y intègre une variété de textes, dont ceux accessibles en ligne (BBC : English ‘must reflect technology’). C’est, à mon avis, la meilleure façon d’actualiser l’apprentissage des langues, mais non la seule d’en accroître l’efficacité.

Les langues sont plus qu’une discipline à contenu. Elles sont un moyen de communication. Ainsi, elles sont inhérentes à toutes les autres disciplines qui en sont dépendantes pour la transmission des savoirs. La qualité de la langue passe forcément par son intégration générale, ne serait-ce que sur le plan de la valorisation. Il n’y a pas à en sortir. On ne peut plus compter uniquement sur les profs de français ou d’anglais pour faire acquérir les compétences langagières à une époque où plusieurs médias, notamment la télévision et la radio, salopent la langue.

Il n’en demeure pas moins que l’enseignement des langues doit se moderniser. Les textes littéraires sont indispensables, certes. Mais leur usage excessif blase les élèves qui préfèrent d’autres registres. Ceux qui blâment les nouvelles technologies pour la décadence de la langue ne font que chercher un bouc émissaire. Il suffit de porter un regard objectif autour de soi pour s’apercevoir que la langue se délabre un peu partout. Si le langage associé aux nouvelles technologies n’a pas l’exactitude de la syntaxe, celles-ci ont au moins l’avantage de motiver les élèves et de servir de point de départ pour travailler la langue. Du coup, il sera plus facile d’établir des comparaisons et d’amener les élèves, peu à peu, à écrire plus joliment. Et rappelons-nous que notre écriture de jeunesse n’avait pas si fière allure, elle non plus.


Par ricochet :

Enseignement inefficace de la grammaire

Les tics de la langue

L’aversion pour l’écriture

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5 réponses

  • « Et rappelons-nous que notre écriture de jeunesse n’avait pas si fière allure, elle non plus. »

    À tout le moins, c’est vrai pour moi. D’ailleurs, une des raisons qui m’ont motivé à tenir carnet sur web, c’est de me donner l’occasion d’améliorer mes compétences d’écriture. Un exercice qui a toujours été laborieux pour moi.

  • Eh bien ! C’est que t’as fait de sacrés progrès, André, à en juger par l’écriture sur ton blogue ;-)

  • La pratique libre d’une activité me semble une des façons les plus efficaces d’améliorer les aptitudes à la pratiquer; la langue, l’écriture n’y fait pas exception. Oui, les dictées ont leur utilité, mais donner à l’élève la chance d’explorer lui-même, dans le contexte de son choix (à l’intérieur de certaines limites), les possibilités de la langue ne peut être que bénéfique. Ceci donne un sentiment de confiance, de contrôle qui aide à l’apprentissage et à la valorisation (autant de l’élève que de la langue). Se limiter aux textes classiques ne fait que braquer une bonne partie de l’auditoire.

    Mais aussi, dans la critique de la piètre de la qualité de la langue, il faut donner à l’élève les instruments nécessaires pour juger par lui-même. Il faut lui indiquer en quoi telle erreur, telle mauvaise habitude nuit, ou est tout simplement désagréable. Là encore, il faut donner à l’apprenant la confiance et un certain contrôle.

    « une époque où plusieurs médias, notamment la télévision et la radio, salopent la langue. » On entend souvent un discours selon lequel la qualité de la langue est en déclin. Mais le fait est plutôt que les organes de diffusion de masse reflètent mieux qu’avant l’état actuel de la langue. À l’époque de mes parents, époque du cours classique, la langue était tout aussi malmenée par tout un chacun, comme en faisait foi le pamphlet du Frère Untel.

    Quant à la langue de ma jeunesse, exception faite de trop fréquentes fautes d’inattention, elle se portait mieux que celle que j’arborais après mon baccalauréat. Faut dire qu’il était en anglais…

  • Tu ferais un sacré prof de langue, Marc André (à moins que tu en sois déjà un, ou l’aies déjà été). Je connais peu d’enseignants qui possèdent une aussi bonne compréhension de la pédagogie des langues.

    Tu as raison quant aux médias de masse reflétant mieux la réalité de la langue populaire. Ce que je déplore, c’est que ces médias ne sentent pas une obligation éducative sur le plan de la langue. Ce sont, après tout, des tribunes qui jouissent d’un pouvoir considérable, et certaines responsabilités sociales incombent au pouvoir. Il ne s’agit nullement d’utiliser une langue de bois, mais plutôt de soigner un tantinet la langue. Mais peut-être suis-je un peu trop idéaliste.

  • Merci. Non je ne le suis pas vraiment, ni l’ai encore été.

    Oui, c’est peut-être idéaliste, surtout considérant que la plupart des médias ne se sentent aucune responsabilité sociale; mais où serions-nous sans idéalistes?



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