L'image professionnelle des enseignants
L’image des enseignants commence à ressembler à un daguerréotype. Elle a pris un coup de vieux depuis l’avènement de la réforme et le début des moyens de pression. Dans les médias, nous sommes représentés comme des techniciens. Pour la population, nous sommes les travailleurs aux deux mois de vacances. Nous n’en serions pas là si les enseignants avaient le souci de leur image professionnelle. Non qu’ils ne soient pas professionnels dans leur pratique, quoique l’amélioration est toujours possible sur ce plan, Mais à l’ère des médias et de la visualisation, ils gagneraient à soigner leur image. Car c’est aussi cela, le professionnalisme.
Les enseignants savent pourtant que l’accord de la forme et du contenu augmente la valeur du tout. Il ne s’agit pas de faire des simagrées pour farder la vérité, à l’instar des politiciens, mais seulement de soigner certains détails. Par exemple, il n’y a pas de raison pour qu’un enseignant profère des jurons quand il s’adresse à un élève, même dans un moment de colère. La dignité n’a jamais nuit à quiconque.
Je ne sais plus quel sociologue affirmait que les enseignants ont beaucoup sacrifié leur statut professionnel quand ils ont relégué la défense de leurs droits aux syndicats. Je ne blâme pas ces derniers ; il s’agit d’un malheureux, et imprévisible, effet secondaire. Il est temps, cependant, que syndicats et enseignants s’évertuent à redorer le blason de la profession.
Par ricochet :
L’école, lieu d’éducation ou d’Éducation
Mario tout de go : Des nouvelles de l’aquops ?
École et société : L’école en moi.
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Billet fort intéressant. Je m’étonne qu’il n’ait pas encore suscité de commentaires…
Il est difficile aujourd’hui de percevoir l’image de l’enseignant tant elle est engoncée dans le cadre de sa convention collective, les programmes d’études et toute la réglementation qui s’y greffe.
En fait, le cadre prend tellement de place qu’on a peine à voir l’image de l’enseignant.
On voit cependant son image collective (se) manifester quand vient le temps de négocier le prix de cet encadrement…
Puisqu’il est question d’images, ton commentaire, Jean, en contient de fort jolies, notamment celles de l’engoncement et du cadre démesuré : « En fait, le cadre prend tellement de place qu’on a peine à voir l’image de l’enseignant. » Bien dit.
Je suis tout à fait d’accord avec le fait que les enseignantes et enseignants doivent faire un effort pour reconquérir l’image de professionnel qu’ils avaient avant.
Dans les années 70, avocat, notaire, médecin et enseignant avaient des images comparables de professionnels.
Les enseignants ne sont cependant pas les seuls responsables de cette diminution de l’image professionnelle.
1982 : le gouvernement coupe les enseignants de 20%. Pour y arriver, dénigrement public de la profession d’enseignant par le gouvernement.
Il est difficile de se sentir professionnel quand la population pense à tort et à travers qu’on a un job où on se «pogne le beigne» toute la journée.
1984-1994 : Arrivé des programmes par objectifs : «Programme teacherproof ». Arrivée des manuels obligatoires.
La pédagogie est dictée par le programme. Le design pédagogique est donné aux maisons d’édition. Où est la place de l’enseignant? Et oui! Un mégatechnicien : Gère la classe, expose du contenu à tes élèves comme demandé ne réfléchit plus, on va le faire pour toi
Le Programme de formation de l’école québécoise, vient redonner à l’enseignant son rôle de spécialiste de l’apprentissage. Il est cependant difficile pour plusieurs enseignants, après de très nombreuses années de «techniques imposées», de revenir à un rôle professionnel
Ta mémoire est meilleure que la mienne, Étienne. Tu as absolument raison de souligner le rôle des autorités dans le rabaissement de l’image des enseignants. La pédagogie ministérielle, une approche toujours douteuse, a certes été préjudiciable aux compétences des enseignants.
Les négociations interminables entre les syndicats d’une part, et le gouvernement et les commissions scolaires d’autre part, ont grandement éclaboussé l’image de la profession, le plus souvent par l’entremise des médias. À ce jeu débilitant de salissage mutuel, personne ne gagne à long terme. On le constate par la piètre réputation du corps enseignant, et à la faible estime que l’on porte aux instances gouvernementales.
Bonjour à tous.
Il convient de se rappeler qu’un des facteurs principaux quant à l’image des profs ce sont les souvenirs que nous gardons de nos profs. Nous avons tous été à l’école, nous avons tous observé des profs à raison de plusieurs heures par semaine quand nous étions enfants, puis ados, âge auquel on est particulièrement sensible au ridicule, et enclins à l’âgisme.
Depuis toujours il est difficile de ne pas déchoir de toute une année scolaire aux yeux des élèves. Quant à la séduction, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit, en fait, les profs sont en compétition, aux yeux de chaque élève, avec ses camarades( sans parler de tous les modèles « glamour » véhiculés par les medias). Certains sont de sérieux concurrents.
Ne sont séduits par l’intelligence et la richesse d’esprit, présentes chez de nombreux profs, que les élèves doués de curiosité intellectuelle, en proportion non négligeable heureusement, sans quoi la machine ne fonctionnerait quasiment plus du tout.
Il est donc en effet vital pour cette profession de soigner son image. Et cela passe par la compétence et la conscience professionnelle mais aussi par des choses aussi simples que « ne pas porter la même chemise plus de 2 jours, prêter attention à l’assortiment de ses vêtements, faire un peu attention à sa ligne, à sa coupe de cheveux, à l’état de ses chaussures, et ainsi de suite. Il est vrai que beaucoup de profs sont encore de vieux soixante-huitards qui s’exonèrent en disant que seul l’esprit compte. Mais leur nombre diminue.
Il va falloir du temps et des efforts.
Je suis très sensible à ce point que vous soulevez relativement à l’image physique de l’enseignant. Ce que l’on considère souvent comme de menus détails, qu’il s’agisse d’habillement ou de propreté, jouent en fait un rôle important dans la communication. Merci d’y avoir attiré notre attention.