iTunes U : la métamorphose pédagogique se poursuit
Je ne suis pas assez naïf pour penser que c’est la générosité qui amène Apple à offrir iTune U, un service gratuit d’hébergement et de distribution de podcasts universitaires (eSchool News : Students plug in, enroll in iTunes U’). Les enjeux commerciaux du multimédia, particulièrement de la musique et de la vidéo, sont gigantesques. Maintenant que le domaine de la bureautique est passablement pétrifié, le prochain far-west est celui du divertissement. Ce n’est pas un hasard si Microsoft songe à s’attaquer à l’empire iPod (InformationWeek : Microsoft Considering Digital Player to Rival iPod).
En courtisant le milieu universitaire, Apple espère certainement gagner la loyauté d’une clientèle aisée. Mais au-delà des considérations industrielles, je suis fasciné par la métamorphose des méthodes pédagogiques, là où on ne craint pas d’innover avec les nouvelles technologies. Je donnerai en exemple un reportage du New York Times : Students and Teachers, From K to 12, Hit the Podcasts. En parcourant cet article, il faut éviter de se laisser distraire par l’éclat des nouvelles technologies et voir plutôt l’action éducative des connaissances déclaratives liées aux savoir-faire.
Avec l’accélération du changement, il n’est plus question d’attendre le résultat de longues études empiriques avant de commencer à bouger. Il est alors trop tard. Ce qui ne sous-entend pas pour autant l’inutilité de la recherche scientifique. La clé du succès repose dans l’expérimentation continue ; elle appartient aux institutions qui ont appris à composer avec les erreurs occasionnelles, sachant qu’elles sont inhérentes à une structure dynamique. L’avantage de ces organisations, justement, consiste à corriger rapidement les erreurs.
Je doute fort que cette souplesse institutionnelle soit possible dans une structure aussi sclérosée que le système québécois, avec sa lourde bureaucratie. D’autant plus que les écoles souffrent de cachexie budgétaire. Mais il est réconfortant de lire, par l’entremise des blogues, qu’une communauté d’acteurs s’agite en coulisse.
Par ricochet :
Une école adopte le iPod
Radio étudiante et podcasting
Utilisations d’un iPod dans la classe
Podcasts universitaires gratuits
Troubles d’audition causés par les lecteurs MP3
Vous pouvez suivre les commentaires en réponse à ce billet avec le RSS 2.0 Vous pouvez laisser une réponse, ou trackback.
François, tu écris :«Je doute fort que cette souplesse institutionnelle soit possible dans une structure aussi sclérosée que le système québécois, avec sa lourde bureaucratie.»
Je suis on ne peut plus d’accord avec cela. C’est cette « structurite aiguë » que j’ai mentionnée ici quelques fois et que je déplore une fois de plus.
Qui en est responsable m’importe peu. Je crois que tous les acteurs y ont été pour quelque chose en implantant des procédures qui ont la fâcheuse tendance, lorsque laissées à elles mêmes (hors de contrôle), à se reproduire et è se multiplier pour alourdir de plus en plus la structure.
Comment s’en sortir alors ? Je crois que le mot « souplesse » devrait être le mot d’ordre. Mais un éléphant (sclérosé en plus !) est très difficile à faire bouger « sur un dix sous », surtout si seulement quelques personnes sont là pour essayer de le pousser. Donc, la communauté qui «s’agite en coulisse» devra donc compter de plus en plus de personnes pour que les choses avancent au moins aussi vite que le train qui passe à une folle allure près de nous… Continuons d’en parler et d’essayer d’agir…
J’ai l’impression que tu as mis le doigt sur un élément de solution que nous n’avons pas encore exploité : la communauté. Il faut qu’on s’organise. D’autant plus que la structure scolaire accorde dans le TCO du temps pour le faire. Je suis d’avis qu’on lance un appel à tous les enseignants qui intègrent les TIC pour former un comité d’information, d’action et de partage.
Il me semble que cette idée est trop puissante pour la laisser dans un commentaire. Je vais tâcher de la faire émerger dans un nouveau billet.