Sensibiliser les jeunes à l'éthique de la publication


Au regard de l’assassinat des profs sur les blogues personnels des jeunes, parmi tous les arguments pour contrer ce terrorisme caractériel (jugement hâtif, ignorance des motifs d’autrui, obnubilation émotive, respect de l’intégrité individuelle, diffamation, infractions à la loi), j’en ai utilisé un cette semaine qui a semblé toucher une corde sensible auprès des jeunes. En soulignant les différences fondamentales entre la communication écrite et verbale, j’ai fait valoir l’immoralité d’éterniser un sentiment négatif, furtif de nature, quand il porte atteinte à la réputation d’une personne.

Les paroles s’envolent, les écrits restent. Depuis toujours, on ventile nos frustrations verbalement en jurant comme un charretier ou en déblatérant tout son soûl. C’est l’affaire de quelques minutes, après quoi on retrouve nos esprits. En déversant leur fiel dans le cyberespace, les jeunes donnent aux émotions, pourtant labiles, un caractère d’éternité. C’est pas correct ; et ça, ils le comprennent. Il suffit de leur faire voir les répercussions à long terme d’un tel geste s’ils en étaient la cible.

Considérant que l’école occupe la plus grande partie du quotidien des jeunes, il ne faut pas s’étonner s’ils bloguent sur le sujet. Or, nous connaissons tous la friction entre les jeunes et l’école.

Les nouvelles technologies comptent des outils de publication naguère réservés aux institutions et aux adultes avertis. D’une certaine manière, les éditeurs servaient de filtres à la publication. L’empowerment des masses, dont je suis convaincu des bienfaits éventuels, comporte forcément des risques, mais ceux-ci seraient moindres si on en faisait des objets d’apprentissage. L’éducation à l’éthique n’a jamais été plus nécessaire, maintenant que les jeunes disposent d’instruments acérés.


Par ricochet :

Nécessité d’enseigner l’éthique

Code d’éthique du blogueur

L’intimidation et les blogs

Élèves renvoyés pour usage abusif des blogs

Les ados, les blogs, et les bêtises


Éducation des jeunes aux sites Web interactifs (École et société)

« Blog notes », un guide pour ado qui témoigne de la vitalité de la « tendance blogue » en France (Mario tout de go)

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4 réponses

  • Bonjour François,

    Le Service national du RÉCIT, Domaine des langues, a décidé cette année de relever le défi posé par les blogues personnels des jeunes.

    Dans le cadre de l’initiative «Écrire pour être lu», nous offrons gratuitement, depuis janvier 2006, un environnement pédagogique, «Les carnets du Domaine des langues», développé spécifiquement pour les élèves qui désirent publier des billets en étant accompagnés dans leur démarche par leur enseignant ou leur enseignante.

    Nous leur demandons d’adhérer à un code d’éthique et à un credo et aussi de faire preuve de bonne volonté pour écrire dans un français normatif convenable, en observant une procédure de rédaction.

    Vous les trouverez à l’adresse suivante :

    http://carnets.domainelangues.qc.ca

    André Roux
    Animateur
    Service national du RÉCIT, Domaine des langues

  • Formidable, André. Beau travail, et félicitations d’avoir mis l’accent sur l’éthique des nouvelles technologies. Je crois être en mesure d’apprécier tout le travail qu’a nécessité votre projet.

    Après maints déboires avec la direction, nous commençons enfin à doter nos élèves d’un blogue scolaire (tout cela devait être prêt en septembre). Le code de déontologie est une condition obligatoire pour que les élèves obtiennent leur carnet électronique. Il ressemble d’ailleurs passablement au vôtre, quoique notre démarche soit sensiblement différente. Si cela peut vous être d’une quelconque utilité, voici quelques ressources qui vous intéresseront sans doute :

    • La démarche de l’élève pour obtenir son blogue (en anglais, désolé !)

    • Le mind map des principes éthiques à couvrir.

    • Le document à remplir par les élèves (document Word à télécharger).

    • L’explication du code de déontologie.

    • Synthèse de l’éthique du blogueur.

  • Loran Dufour dit :

    Bonjour François,

    J’ai la chance d’être personne ressource et collègue d’André Roux au Service national du RÉCIT. J’ai également la chance d’avoir démarré ce magnifique projet de carnets avec mes élèves du primaire. Ce fut très facile de convaincre les élèves de cet âge de l’importance de l’éthique et du crédo d’un bon carnetier.

    J’aimerais profiter de mon commentaire pour expliquer que les billets publiés sur le site sont évidemment des oeuvres de coopération entre un enfant et un adulte responsable de sa formation (enseignant ou enseignante).

    Cette opportunité de publier son opinion doit, selon moi, être offerte à des enfants qui sont bons scripteurs au départ comme à d’autres ayant des difficultés à produire un français normatif. C’est ce que nous avons fait. C’est là que notre rôle d’accompagnateur prend tout son sens : s’adapter au niveau des enfants. Notre but étant d’abord de leur donner une place dans la société en s’impliquant, en donnant leur opinion, il ne faut pas restreindre l’accès de ceux et celles qui éprouvent des difficultés dans leur compétence en écriture. Au contraire, il s’agit pour eux également d’une motivation extraordinaire à s’améliorer.

  • Beau témoignage, Loran. Je suis franchement impressionné par l’ardeur qui vous anime et l’excellence du travail que vous accomplissez. Votre préoccupation pour l’éthique chez les jeunes et la qualité de la langue, ainsi que votre souci de les guider dans le processus d’écriture, témoignent de votre valeur. Je tire mon chapeau également à vos élèves, dont j’ai lu quelques textes.

    Comme vous oeuvrez au primaire, je suis convaincu que vous ne disposiez pas des ressources que l’on trouve dans les écoles secondaires, plus considérables en raison du nombre d’élèves. J’entrevois à peine tout le boulot que cela a dû demander.



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