Les blogues pour améliorer sa pratique


Aussi étrange que cela puisse paraître, la culture dans les écoles regimbe à l’idée de l’évaluation professionnelle. Cordonniers mal chaussés, sans doute. Pour ceux qui désirent recevoir des commentaires sur leur pratique, la compartimentation des disciplines et l’accablement de la tâche ont raison des velléités. À défaut d’un site comme Connexions, où les professeurs partagent leurs cours tout en les soumettant à la révision de leurs pairs (eSchool News : Site connects users to education research), je crois que les blogues peuvent servir de banc d’essai pour améliorer sa pratique. Il suffit de mettre ses cours et son matériel à la disposition de la communauté, en échange de rétroactions par le biais des commentaires. Cependant, les choses ne sont pas aussi faciles qu’elles en ont l’air.

Le temps, bien sûr, constitue le principal obstacle. Comme les enseignants se plaignent déjà de manquer de temps — moi le premier — ce n’est pas l’utilisation d’un blogue qui va arranger les choses. Une fois la courbe d’apprentissage surmontée, toutefois, et en évitant la surcharge de tout vouloir faire d’un seul coup, je crois que l’idée est viable. Je me promets bien, d’ailleurs, de mettre plus de contenu de cours sur mon blogue d’école. Mais il faudra faire preuve de patience.

L’élaboration d’une communauté de pratique peut s’avérer difficile. La faible intégration des nouvelles technologies de l’information dans les écoles ne favorise pas le maillage professionnel. Mais il ne faut pas attendre que la communauté vienne à nous, et il faut savoir donner pour recevoir. Une communauté de pratique se bâtit lentement ; en contrepartie, elle tend à être durable, pour peu qu’on la cultive. Une fois lancée, elle semble prendre vie et croître d’elle-même, nourrissant non seulement son auteur, mais tout le voisinage.

Enfin, la critique négative passe plutôt mal dans la blogosphère. Il y a peut-être lieu pour l’enseignant de stipuler clairement le genre de rétroaction qu’il désire recevoir en ajoutant une formule toute faite au bas des billets. Par ailleurs, plusieurs outils pour les blogues offrent des options de gestion des commentaires. Certains enseignants préféreront prendre connaissance des commentaires avant de les afficher.

Pour ses efforts, l’enseignant sera récompensé tant sur le plan professionnel que pédagogique. Je ne connais personne qui ait été congédié pour sa générosité ou la volonté de collaborer avec ses collègues. Non seulement l’expertise ainsi acquise rend-elle l’enseignant plus ferré sur le plan des connaissances, mais également plus compétent dans la pratique. En principe, cela se traduit par une économie de temps en gestion de classe. Qui sait ? peut-être même gagne-t-on du temps à long terme.


Par ricochet :

Blog réflexif et formation professionnelle

Les technologies comme agents de réforme

Cultiver sa communauté éducative

Connexions : le partage des connaissances

Pourquoi les profs ne bloguent pas


Webcast: Qui a besoin d’un ePortfolio? Tout mon travail est dans mon blog… (Esphères identitaires)

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4 réponses

  • Je me permets de pasticher et de RENFORCER un extrait de ce billet dont la portée dépasse, selon mon vécu, le milieu de l’éducation :

    « Il ne faut PAS ATTENDRE que la communauté vienne à nous, et il faut savoir DONNER pour recevoir. Une communauté [citoyenne] se bâtit LENTEMENT; en contrepartie, elle tend à être DURABLE, pour peu qu’on la CULTIVE. Une fois lancée, elle semble prendre vie et croître d’elle-même, NOURRISSANT non seulement son [instigateur], mais tout le voisinage. »

    À l’approche positive prônée par François, j’ajouterais la persistance, qu’il y ait ou non des commentaires affichés.

  • J’adore ce commentaire de Jean, fort perspicace et spirituel. J’ai toujours cette impression que le monde virtuel, par analogie au far-west, nous oblige souvent à retourner aux valeurs élémentaires qu’on néglige facilement dans le train-train du quotidien.

  • « la culture dans les écoles regimbe à l’idée de l’évaluation professionnelle. Cordonniers mal chaussés, sans doute. » Non, c’est qu’ils savent à quel point ça peut être arbitraire et dévastateur ;-)

  • Un autre beau trait d’esprit ! Je retiens celui-là aussi, Marc-André, d’autant plus qu’il y a beaucoup de vrai dans ce que tu dis.

    Comme tu le sais sans doute, de nombreuses études ont établi un lien entre les examens et le stress scolaire.

    Et aujourd’hui encore, un professeur de français rapportait qu’une jeune fille avait fondu en larme en apprenant qu’elle avait obtenu 83 % à un examen de français, bien en deçà de ses attentes (ou de celles de ses parents).



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