Quoi ? Les CS ont des surplus budgétaires !


Je tombe en bas de ma chaise. Trois fois plutôt qu’une. D’abord, j’apprends que les commissions scolaires du Québec ont amassé des surplus budgétaires de près de 300 millions $ (Le Soleil : Québec prendra 1,8 M$ dans les poches des commissions scolaires de la région), alors que les professeurs se plaignent d’une pénurie de ressources, notamment au regard de l’intégration des nouvelles technologies, et d’un manque de soutien pédagogique pour les élèves en difficulté. Sans compter que ceux-ci doivent implanter une réforme sans matériel adéquat. Quel gestionnaire éhonté peut ainsi faire des économies sur le dos des élèves dont il a la responsabilité d’assurer l’épanouissement et la réussite éducative ? En plus de sacrifier l’apprentissage des élèves, cela n’encourage certainement pas les professeurs à continuer dans la profession.

En lisant la nouvelle, je me suis dit que cela ne devait pas être le lot de toutes les commissions scolaires. Assurément, la Commission scolaire Des Découvreurs ne peut pas jouir d’un surplus budgétaire, à en juger par la décrépitude de l’école De Rochebelle (moisissures dans les murs, lézardes et trous dans les murs, air vicié, température impropre au travail scolaire, vermine, et j’en passe). Cela fait plus de dix ans que l’on revendique des rénovations pour l’école. Tandis que les administrateurs se sont dotés d’un merveilleux centre administratif (lequel dit-on a coûté 18 millions $ et payé par la vente de terrains), l’école a dû se contenter de rabibochage.

Qu’à cela ne tienne ! J’apprends que ma commission scolaire a un excédent budgétaire de 500 000 à 700 000 $. Pendant deux ans, un collègue et moi avons sué à mettre sur pied des blogues pour 400 élèves, malgré toutes sortes de problèmes causés par le retrait du budget initial. Et on me dit qu’il y a un surplus budgétaire ! Pour ajouter à l’injure, la commission scolaire nous retire le serveur que le directeur adjoint avait réussi à dégoter pour maintenir le projet à flot. Veuillez excuser ma rage. Je me sens comme un paysan exploité par le seigneur du château.

Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement veut s’approprier les surplus des commissions scolaires. Je ris (et je pleure) de la ridicule logique de Marie-Claude Lavigne, l’attachée de presse du ministre de l’Éducation, pour justifier cette mainmise : « On veut faire une meilleure gestion des ressources. Ce n’est pas de l’argent qu’on prend aux commissions scolaires puisque [tenez-vous bien!] ces sommes n’ont pas été budgétées. » C’est du vol de grand chemin. Ignominie ultime : l’État vole ses enfants. Après avoir vendu nos arbres (re : l’affaire du Mont Orford), je n’attends plus rien de ce gouvernement. Selon les sondages, la très grande majorité de l’électorat pense de même. Or, un chef qui n’inspire plus un peuple devrait avoir le courage, et l’honneur, de démissionner.


Par ricochet :

La caducité des commissions scolaires

La solution à 65 %

Les cordons de la bourse

Autonomie financière des écoles

La décentralisation des écoles (sans commission scolaire)

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6 réponses

  • Luc Papineau dit :

    Cher Guitef,

    Désolé de vous l’apprendre, mais la nouvelle dont vous venez de prendre connaissance date déjà d’un certain temps. Le Journal de Montréal, un brin raccoleur, l’avait mis en parallèle avec les avantages que se donnent les DG et les commissaires des commissions scolaires…

    Votre colère est bien compréhensible et votre situation s’apparente à ce que je vis dans mon école.

    Sur ce, bonne journée malgré tout!

  • Zut ! Il n’y a pas que le printemps qui soit deux semaines plus tard à Québec que Montréal :-(

    En espérant que mon grain de sel apporte quelques idées de plus à la question :-)

  • Luc Papineau dit :

    Bonsoir à vous!

    Puisqu’on parle de vieilles nouvelles, je me permets aussi celle-ci:

    Le taux de décrochage scolaire au secondaire a «considérablement» diminué depuis le début des années 90, indique une recherche publiée par Statistique Canada. Ce taux est passé de 16,7 % durant l’année scolaire 1990-91 à 9,8 % pour l’année 2004-05 La diminution touche aussi le Québec, où il est passé pendant cette période d’environ 17 à 12 %.

    Quelqu’un a une idée de la cause de ce phénomène?

    http://www.ledevoir.com/2005/12/17/97965.html

  • Comme je m’y attendais, la question de Luc n’a pas attiré de réponse. Non pas qu’elle soit dénudée d’intérêt. Au contraire, elle est très intéressante.

    Mais comme elle dévie du sujet de ce billet, je propose qu’on la reporte dans un nouveau billet.

  • Il est en effet abhérrant, malgré les 2 semaines de retard, de voir que le gouvernement se permet encore de vider les coffres des organismes qui ont des surplus. Mais ils est d’autant plus scandalisant de voir que les CS ont des surplus d’argent, alors qu’elles ne cessent de clamer haut et fort le manque de moyens pour répondre aux demandes des employés.
    Et les budgets ne ont qu’augmenter pour certaines CS, car les taxes scolaires sont en constante augmentation selon les régions – les taxes ont triplé en Outaouais cette année. Et où va cet argent qui est puisé des budgets scolaires? Là est la vrai question.

  • Je serais curieux de savoir quel pourcentage de tout l’argent des contribuables investi en éducation au Québec aboutit effectivement dans les écoles. Chez nos voisins du sud, il existe un mouvement pour faire en sorte que 65 % au moins de cet argent aboutisse dans les écoles. J’ignore si c’est assez, mais ça peut constituer un début de discussion intéressant.



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