Les blogues et le plagiat


Le plagiat n’est pas seulement un problème scolaire, mais c’est une question d’éducation. Les nouvelles technologies de l’information ont fait du plagiat un jeu d’enfant que les écoliers utilisent par paresse, mais que les adultes exploitent par malveillance. Dan Zarella (Blog Plagiarism in the News) a attiré mon attention sur les blogueurs qui s’approprient les billets des autres (The Boston Globe : Online plagiarism strikes blog world). Quand on blogue pour des revenus publicitaires, il est tentant de reproduire les meilleurs billets glanés sur le Web.

Dominic Jones croit qu’il faut redéfinir le plagiat en cette ère des nouvelles technologies de la communication (Investor Relations Blog : We need a new definition of plagiarism). Sans doute, mais il importe surtout de préserver les valeurs morales à une époque où elles ont été rétrogradées au rang du superflu. Ce serait une erreur que de sous-estimer l’influence du monde virtuel sur le réel. Certains défendront la position que le bien de la collectivité justifie la dissémination des idées. Dans l’échelle, cependant, je situe les valeurs au-dessus des idées. De plus, je me méfie de tout argument qui subordonne l’individu à la collectivité.

Jonathan Bailey, qui consacre un blogue au phénomène du plagiat, s’interroge à propos de l’abus que font certains blogueurs des citations (Plagiarism Today : “The ‘New’ Plagiarism”). À cet effet, je suis d’accord avec Dominic Jones qui déplore le fait que ces blogueurs, qui chapardent le meilleur d’un billet, stoppent souvent la séquelle enrichissante des hyperliens, en plus d’écarter les lecteurs de la pensée originale et complète de l’auteur. Pour revenir à Bailey, il propose sept points d’éthique à considérer relativement aux citations. Je suis particulièrement en accord avec l’obligation d’apporter des idées nouvelles à la discussion. Comme règle générale, mais non absolue, je crois que les citations devraient prendre moins de place que le texte de l’auteur.

L’éducation aux droits d’auteur et à l’éthique du partage en ligne doit se faire à l’école. Les élèves sont trop branchés, et la gamme de services et de contenu trop vaste, pour confier les questions d’éthique au gré des utilisateurs. L’i-génération doit être sensibilisée à ces questions dès le départ, au plus tard au début de l’adolescence, probablement l’âge où les élèves succombent plus facilement au plagiat. À cette fin, les blogues scolaires sont très utiles. Le plagiat saute aux yeux, et les occasions nombreuses de procéder à l’éducation des jeunes. Mais avant d’accuser les élèves de plagiat, il faut d’abord leur avoir appris l’essence de la question, et leur avoir montré comment rédiger une citation.


Par ricochet :

Responsabilité éthique collective

Étude : les garçons plus sujets au plagiat

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2 réponses

  • Merci pour ce petit tour d’horizon relativement à la question du plagiat.
    La question me parait particulièrement complexe à l’ère actuelle.
    En effet, le nombre de citations d’un blogue (via les liens) fait partie autant que le billet lui-meme de sa valeur [il est vrai que dans le champ des revues scientifiques cela jouait déjà un role]. Donc un blog se doit d’etre cité et lu via d’autres blogs (évidemment pas intégralement) pour avoir de la visibilité et de la valeur.
    S’ajoute encore la questions des règles du copyrigth ou common licence ou copyleft. La plupart des sites/blogs n’indiquent en rien la nature de leur travail. Le flou me parait relativement grand à ce sujet chez les internautes.

    Globalement, c’est la question de la création aussi qui est remise en cause. On en revient à une conception ancienne de la création qui est plus une re-création qu’une création originale (la rhétorique et les topos comme le locus amoenus).

    Pour finir, dans le domaine scolaire, on parle beaucoup du plagiat des élèves, mais relativement peu du plagiat des professeurs relativement à leur activité d’enseignant. Beaucoup exignent de leurs élèves ce qu’il ne s’appliquent pas à eux-memes dans le matériel utilisé ou fourni aux élèves.

  • Je suis d’accord pour l’avènement d’une nouvelle conception de la création. Mais ce n’est pas facile à définir. Déjà, les hyperliens ont modifié la reconnaissance des emprunts et des sources d’inspiration.

    Quant au dernier paragraphe relativement au plagiat des professeurs, je le trouve absolument savoureux. Lyonel fait mouche.



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