Désillusion de l'éducation


Il y a des jours comme ça où le noir broie le moral. Comme une nécrose. L’intérêt pour l’éducation apparaît alors dans toute sa petitesse au regard de la bêtise humaine, encore bassement illustrée par les bombardements israéliens au Liban, l’ineptie de la diplomatie et la lâcheté des politiciens. Parler d’éducation au moment où des enfants meurent de faim, succombent à des maladies guérissables ou sont massacrés me paraît tout à fait absurde. Le temps n’est plus à l’éducation, mais à l’indignation.

Je ne suis pas seul, à en juger par ma communauté éducative. Charles-Antoine ne démord pas de sa rage, ce dont je lui sais gré. Gilles et Mario ne pouvaient pas non plus taire leur désarroi.

Je n’ai malheureusement pas de drapeau à brandir à ma fenêtre. De toute façon, je n’aurais pas assez de hampes. Je me contenterai donc, à ma manière, de crier ma colère dans la blogosphère par cette minuscule lucarne. À défaut d’atteindre les bonnes oreilles, je sauverai peut-être la marmite.

J’en ai marre de ces Ubu Politiciens qui prennent les populations en otage pour faire leur cinéma historique. Qu’ils se nomment Harper, Bush, Blair, Olmert, Ahmadinejad, al-Assad ou al-Bashir n’y change rien. Un dirigeant non gouverné par la moralité ne vaut guère mieux qu’une bombe. Or, la moralité pure ne saurait être érigée en institution, car tout système élargi est en proie à l’incompétence ou à la corruption. L’église est sans doute l’effort le plus soutenu en ce sens, avec les résultats que l’on connaît. Un gouvernement sans action citoyenne repose sur des assises précaires. À chacun de nous, par conséquent, de continuer à défendre la rectitude.

Toutes ces années de métier, j’ai été animé par cette conviction que l’éducation pouvait être la solution à tous les maux. Une sorte de panacée sociale. Depuis quelque temps, toutefois, ma certitude s’estompe. Les enfants me donnent espoir, mais un coup d’oeil du côté des adultes pulvérise aussitôt mes illusions. Devant l’évidence des guerres, de la destruction de la planète, de la pauvreté, de l’individualisme crasse et de la bêtise, il faut reconnaître l’échec de nos systèmes d’éducation.

Dans ce contexte, mon travail n’est qu’une brise passagère, en quête de quelques ailes de moulin. Comme Don Quichotte, ce « rêveur idéaliste et absurde », je continuerai à chercher mon salut dans une forme d’éducation meilleure.

On dit que l’instinct de survie est plus fort que tout.


Par ricochet :

Lettre au PM : intervention en Irak


Au Liban, la terreur et en Israël, l’urgence de s’affirmer (Mario tout de go)

Rubrique Politique (Les carnets Dédalus)

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7 réponses

  • Le pouvoir de l’éducation semble en effet parfois difficile à reconnaître.

    Il demeure cependant que c’est en voyant des enfants israéliens écrire sur des bombes des messages de haine que je me dis que ce qui doit être privilégié avant tout — avant rigoureusement tout! — ce n’est pas de savoir lire, compter ou même de savoir qui fut Machiavel, mais bien plus de vivre ensemble! Je me fous de tout le reste, je me fous que mon fils apprenne finalement à faire ses impôts, je veux qu’il ne soit plus jamais possible à des enfants (qui, malheureusement, deviendront adultes) de haïr leurs voisins.

    Je ne prône pas l’ignorance, ceux qui suivent mon raisonnement le comprendront, je dis simplement qu’il existe des priorités!

    Aujourd’hui, alors que le monde explose de haine et que l’on laisse mourir enfants et vieillards de faim, de chaleur ou de maladies curables, je me fous que mes fils connaissent comment écrire dans les lignes, je veux qu’ils comprennent leur monde, je veux qu’ils ressentent, au plus profond de leur être, que la mort d’un seul des nôtres est un cataclysme et que les politiques de mort et de haine doivent cesser.

    Les guerres ne sont pas inévitables! Nous devons avoir le courage de crier Ya Basta! Ceux qui meurent, meurent pour toujours! Dans un monde où nous acceptons passivement la guerre et la mort de centaines de milliers de nos frères et sœurs, les victoires ne peuvent être qu’éphémères.

    Merci pour tout, François.

  • « Les enfants meurent de guerres et ils meurent d’amour. »

    Ce n’est pas de moi. C’est hors contexte, probablement… Je viens de lire ça chez Josée Blanchette qui a eu cette réflexion à la suite de la lecture d’un billet très particulier (en tout cas, qui m’a beaucoup touché)…

    Je me permets de réagir de cette réflexion (même si ça peut paraître très défaitiste) parce que je crois sincèrement que l’éducation est davantage une affaire de coeur qu’une de tête. J’ai lu ce que tu as écris Charles-Antoine sur ton blogue à propos du « devoir de résistance » et je crois beaucoup au droit à la différence qui demande beaucoup d’éducation et de courage pour s’exercer.

    Mais avant tout, ces événements ne doivent pas nous faire perdre de vue qu’autour de nous, des gens comptent sur notre retenue et notre empathie parce que nous sommes moins en cause dans ce conflit. Il me semble que nous sommes mieux placés que d’autres pour soutenir et écouter… compte tenu de notre position historique. Il y a tellement de monde qui s’en mêlent (et qui s’emmêlent aussi). Avec les réactions de nos dirigeants, je suis moins convaincu qu’auparavant de cette supposée neutralité, mais au demeurant, il n’y a qu’une chose qui m’obsède et c’est de CONTINUER D’AVOIR À COEUR de me souvenir que les fondements de l’affrontement, de l’obstination et de l’agressivité ne produisent rien de bon!

    « L’action citoyenne » dont nous parle François n’est pas chose facile quand les émotions sont « à fleur de peau » et notre propre devoir de résistance est peut-être celui de ne pas juger trop vite qui a tort et qui a raison dans cette folie qui ne fait pas de sens pour nous de l’autre côté de l’Atlantique. Par l’amour ou par la haine, on peut arriver à la mort et bien sûr, il faut se garder de juger, si c’est possible. Un jour, ça va s’arrêter, j’peux pas croire; ceux qui seront capables de pouvoir supporter et consoler pour aider à rebâtir risquent d’être ceux qui auront fait preuve de plus de retenue, il me semble…

    En attendant, je rage en silence avec vous…

    N.B. Merci pour ce billet François. Merci à toi aussi Charles-Antoine qui m’apprend beaucoup par tes trouvailles que ton regard d’historien engagé rapporte.

  • Sur le sujet du manque de logique des positions du gouvernement conservateur, ce texte de Laurent Laplante sur le blogue de Jean-Pierre Cloutier est une pièce d’anthologie. À lire…

  • Cela fait quelques fois que je lis votre site. Il est très intéressant.

    J’aimerais en profiter pour vous inviter à visiter le site http://mrdq.qc.ca/. C’est un forum de discussion d’un nouveau parti politique où vous pourriez soumettre vos idées sur l’éducation au Québec!

    Je vais publier bientôt un texte pour créer un débat sur une réforme du système de l’éducation au Québec, en se basant sur la Finlande, comment ils ont éliminé les commissions scolaires, et allègé la structure.

    Au plaisir!
    Et continuez le bon travail :D

  • On ne pourra jamais accuser Charles-Antoine de manquer de coeur. Mario non plus. Je partage d’ailleurs l’avis de Mario à l’effet que l’enseignement gagne à être coloré d’affectivité. Le coeur d’abord, toujours le coeur ; il n’y a pas que ça de vrai, mais c’est tout ce qui compte. C’est la seule façon de préserver notre humanité.

    Je remercie Andrew de son invitation, et je lui souhaite bonne chance. Il est beau de voir des politiciens faire appel à la communauté. Mais il se trouve que je suis peu friand des forums de discussion, que je trouve trop restreints. Sans doute d’autres que moi répondront à l’appel pour défendre les intérêts de l’éducation.

  • youkou dit :

    moi je veux juste dire qu’à 17 ans, la désillusion, on la vit au quotidien aujourd’hui. Nos rêves pour l’avenir ? On ose à peine espérer un trvail…un maison salubre…ça sera déjà bien. A quoi est vouée une génération qui ne croit plus en rien parce qu’elle n’a plus rien en quoi croire ? Agissez, merde !

  • J’entends ton désespoir, Youkou. Crois-moi, il y en a qui font tout ce qu’ils peuvent.

    Non pas un reproche, mais un conseil : n’attends pas après les adultes pour te sortir de ta condition… ils sont beaucoup trop égoïstes pour ça. Tu as plus de chances de réussir en poursuivant tes propres rêves.



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