QCI : Savoir et excellence


Premier discours intéressant pour donner le ton à Québec, Carrefour international, donné par Manon Théberge de la Boîte à science. Nous n’en sommes plus à l’acquisition des connaissances, comme l’a souligné Mme Théberge, mais bien aux savoir-faire. C’est un jalon important sur la route de l’excellence. La conférencière n’a pas manqué d’indiquer que l’on trouve aujourd’hui plus de 1 500 centres d’éducation aux sciences à travers le monde, principalement en Asie. Il y a forcément une frénésie internationale pour former des scientifiques et des ingénieurs. Certains diront une folie collective. Peut-être la seule façon de se distinguer de ce courant est-elle de miser les valeurs morales liées à la science.

Je suis jaloux de la Boîte à science. Et ravi, du même coup. Jaloux des moyens dont elle dispose, à en juger par les magnifiques documents promotionnels qu’on distribue aux journalistes. Les écoles ne disposent pas de telles ressources. À titre d’exemple, j’ai dû payer de ma poche les simples cartes de visites que j’ai fait imprimer pour les parents. Ce seraient des considérations bien superficielles si les ressources matérielles n’influaient pas tant la qualité de l’éducation, surtout à une époque où les éducateurs doivent composer avec des jeunes habitués à l’éclat du matérialisme ; il est du mandat de l’éducation de rectifier leurs valeurs, bien sûr, mais il n’en demeure pas moins que l’école doit composer avec les sujets tels qu’ils arrivent. À tout prendre, cela est peu de chose en comparaison du ravissement de voir la réussite de gens entreprenants qui savent agir en marge du carcan scolaire et qui ont su convaincre des membres de la communauté d’investir dans l’éducation.

La science a forcément le vent dans les voiles dans une société en proie à la compétition nationale et internationale et où les considérations économiques règnent souverainement. Sur ce plan, la Boîte à science accomplit un formidable travail. Je regrette cependant que la Boîte à science, compte tenu de sa mission éducative, n’élargit pas davantage ses interventions en intégrant davantage les autres domaines de l’activité humaine, principalement les sciences humaines. La science n’a de sens que si elle repose sur des fondements humains. Ce sont des considérations qu’il faut inculquer en bas âge. Si les domaines d’étude nécessitent aujourd’hui beaucoup de spécialisation, il n’y a qu’une perspective holistique pour lui donner

L’attitude des jeunes face à la science a pris une tangente négative, comme l’a rappelé Mme Théberge. On a sous-estimé l’idéal moral et planétaire des jeunes qui ne veulent pas donner dans le rat-race qu’ils ont observé chez leurs parents, d’une part, et qui sont beaucoup plus conscients des enjeux environnementaux, d’autre part.

Le discours de Jean-Baptiste Sérodes, doyen de la faculté des sciences et de génie de l’Université Laval, est encourageant, en ce qu’il propose un Centre d’excellence des technologies en changements climatiques. Considérant les bouleversements climatiques, présents et à-venir, il existe tout un domaine d’expertise émergent qui peut profiter à tous, en plus d’être exportable et rentable. Par ailleurs, c’est une voie susceptible d’attirer les jeunes.

Les deux conférenciers ont profité d’une question de l’assemblée pour révéler leur inquiétude devant l’absence grandissante des garçons dans les facultés des sciences. C’est un phénomène dont tout le secteur de l’éducation doit se préoccuper, et auquel je m’intéresse particulièrement, comme je l’indiquais dans un billet récent où je présente une compilation de mes archives sur le sujet.


Par ricochet :

Blogueur à Québec, Carrefour international

QCI : On met les blogues en évidence


Intervention de Manon Théberge (Mario tout de go)

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5 réponses

  • Pour ceux qui chercheraient la référence du texte auquel François fait référence, c’est ici

  • Je pense par ailleurs, François, que tu te méprends sur les moyens financiers dont dispose la Boîte à science. À moins que les choses aient beaucoup changées récemment, c’est plutôt grâce à une très grande détermination, beaucoup d’engagement personnel et une débrouillardise permanente que l’organisme fonctionne.

    Je n’ai pas vu la documentation à laquelle tu fais référence, mais je pense qu’il faut plutôt en comprendre qu’il est aujourd’hui très difficile d’être pris au sérieux « simplement avec des idées »… et qu’il faut peut-être parfois « se donner des airs de richesse » pour attirer l’attention. Je ne sais pas… je réfléchis… j’en fais l’hypothèse.

    Peut-être que Manon Théberge pourra venir nous répondre ici? Je le souhaite.

  • Merci de cette rectification, Clément. En relisant mon billet, je constate que j’ai accordé beaucoup trop d’importance à ce que je ne voulais être qu’une boutade. Je suis certain que la Boîte à science ne roule pas sur l’or. Mme Théberge en a d’ailleurs fait la remarque. Je profite de l’occasion pour lui tirer à nouveau mon chapeau.

  • Clément, ça n’a pas changé! nous ne connaissons pas l’abondance financière (nous espérons toujours)… mais bénéficions de l’abondance de passion et, je dirais même, de talent! Particulièrement avec la précieuse équipe qui m’entoure actuellement.

    La Boîte à science ne reçoit qu’un « héroïque » 10% de financement de fonctionnement alors qu’elle génère 100% de services à la collectivité. Un tour de force chaque année, puisque nos partenaires et clients ont justement peu de moyens eux-mêmes.

    En référence à votre boutade, sachez que la Boîte à science produit des documents de cette qualité visuelle grâce au talent d’une jeune graphisme dévouée, d’un imprimeur compréhensif et par souci d’excellence. Mais aussi grâce à la passion et la créativité des gens qui composent l’organisme. Chaque membres de l’équipe est très qualifié dans son domaine et cherche à se dépasser.

    Alors rincez-vous l’oeil! ;-) Mais surtout que cela vous permette d’apprécier le message et l’enjeux : nous devons investir dans le secteur de l’intéressement des jeunes et des familles à la science et la technologie!

    Parceque nous avons les capacités de prendre un leadership mondial; parceque c’est un secteur qui permet de s’accomplir; parceque la matière grise est une matière de première importance dans l’enrichissement d’une collectivité; parceque ça prend des sous pour s’offrir les programmes sociaux que nous voulons; parceque nous avons un défi démographique à relever; parceque nous devons inspirer nos jeunes et leur offrir des rêves à réaliser ici; parceque 7 jeunes sur 10 choisissent à 14 ans de ne pas suivre les cours de base en sciences et que le système est tel qu’il ferme à ce moment les métiers qui en nécessitent; parceque les citoyens qui n’oeuvrent pas dans ce secteur doivent pourvoir y prendre position, se sentir compétent et aider leurs enfants à apprécier le très large monde que touche la science et la technologie.

    Pour en savoir plus sur les solutions proposées (Programmes offerts / Centre d’exploration / Appuis / etc… ), n’hésitez pas à vous rendre sur le site internet de l’organisme au http://www.boiteascience.com

    J’aimerais saluer la contribution des blogueurs en direct de l’événement; une belle initiative de Mario Asselin à qui je lève mon chapeau à mon tour!

  • Mes remerciements à Manon de s’être donné la peine de commenter les billets des blogueurs qui ont couvert son allocution. Il est évident qu’elle est passionnée de ce qu’elle fait, ce qui explique en partie la réussite de la Boîte à science (j’allais dire « succès », mais je ne crois pas que l’on puisse utiliser ce terme quand on navigue dans la précarité financière). Elle doit être une fameuse éducatrice pour avoir ainsi compris l’importance de l’interaction et du réseau social.



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