Le tiers des ados en ligne victimes de cyberbullying

HallawellViolence.jpgLa non-violence est la loi de notre espèce tout comme la violence est la loi de l’animal. (Mohandas Gandhi)

Il y a de ces coïncidences qui brûlent. De retour à l’école après une longue absence, j’apprends que le principal problème cette année fut l’intimidation et le harcèlement, tant en ligne qu’en chair et en os. Et c’est un Programme d’éducation internationale, fréquenté par des élèves triés sur le volet! Aujourd’hui, un rapport Pew Internet révèle que le tiers des adolescents disent avoir été victime de cyberintimidation, mais qu’ils considèrent le danger encore plus grand dans la réalité (CNet : Study: ‘Cyberbulling’ hits one third of teens). C’est un véritable fléau.

On ne peut pas continuer à abandonner ainsi les jeunes à la violence. Le fait que le bullying mine la réussite scolaire est la moindre des raisons (American Psychological Association : Peer Exclusion Among Children Results in Reduced Classroom Participation and Academic Achievement). C’est le droit à la sécurité et au respect qui est en cause, sur le plan individuel, et le tissu social sur le plan collectif.

Le phénomène est certainement très complexe. Avant de chercher des solutions, il faut identifier les causes, d’abord pour endiguer le problème à la source. Plusieurs facteurs concourent à exacerber le bullying, à des degrés variables et selon les individus. Les parents, certes, jouent un rôle important (By Parents For Parents : What Causes Bullies?), tout comme la culture et le milieu scolaire (Weinhold, B. K. [2000] Uncovering the hidden causes of bullying and school violence. Counseling and Human Development). Ne serait-ce qu’en tolérant les injures, l’école cautionne l’intimidation (BBC : Name-calling ‘worst form of bullying’).

J’ignore jusqu’où va la responsabilité légale de l’école en matière d’intimidation en ligne, considérant que les offenses sont généralement perpétrées hors du contexte scolaire (sauf s’il s’agit d’un blogue scolaire). Quoi qu’il en soit, elle a une responsabilité citoyenne d’intervenir, en plus de son mandat éducatif. Devant un phénomène de cette envergure, elle ne peut pas continuellement refiler le problème aux parents. Il n’est pas nécessaire non plus d’attendre que les gouvernements s’en mêlent, comme l’ont fait récemment l’Ontario (CityNews : Cyber-Bullying Law Introduced in Ontario) et certains États américains (eSchool News : States seek laws to curb eBullying).

L’école ne serait pas si violente si elle cultivait la coopération avant la compétition. Les bollés ne survivent pas tous à la loi de la jungle. Les plus vulnérables se suicident, d’autres cherchent à fuir (The Guardian : Home schooling ‘triples in eight years’; New York Times : Help for the Child Who Says No to School). Cela fait des gestionnaires et des éducateurs des complices.

Paradoxalement, les élèves doués pourraient tant aider leurs camarades. Si seulement on pouvait se débarrasser de ces foutues notes qui sèment la jalousie. Ne nous leurrons pas : le système scolaire est d’abord et avant tout une curée pour les notes. Certaines formes d’évaluation sont indispensables, mais trop de sel gâte la sauce, tout comme il avive les plaies.

Voici quelques ressources que je mets en réserve pour traiter du sujet à l’automne avec les élèves :

Études et articles :

(Image thématique : Violence, par Philip Hallawell)


Par ricochet :
Un blog thématique sur l’intimidation
Étude sur les causes de l’intimidation
Ressources contre l’intimidation en ligne
La violence à l’école
L’école : un milieu violent
Étude: comment contrer le bullying
Les 5 grands risques internet pour les enfants
La technologie de la violence

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2 réponses

  • Daniel Bigué dit :

    Que le tiers des ados soient victimes de cyberbullying, une forme de télétoxie, est inquiétant car ce taux risque d’augmenter (si rien n’est fait) avec une pénétration d’Internet en croissance dans l’ensemble de la population. Il y a effectivement plusieurs parties prenantes concernées par ce phénomène complexe et l’école doit en occuper, à mon avis, une place prépondérante comme lieu d’éducation. Mais je suis d’accord avec vous lorsque vous dites que celle-ci cautionne tacitement les injures. C’est un phénomène que j’ai pu observer tant dans des services de garde au primaire que dans les corridors d’une école secondaire et même dans un centre d’éducation aux adultes. Il semble que le phénomène soit malheureusement généralisé à tous ces niveaux. On dit que «les hommes violents manquent de mots pour exprimer leurs émotions». Pour moi, la littératie, encore elle!!, est sûrement un moyen parmi d’autres(peu coûteux et totalement disponible) pour combattre ce phénomène…
    Mais je suis totalement d’accord avec vous pour dire que ce phénomène à l’école, est beaucoup plus que des mots. À mon avis, tant que l’école ne sera qu’un entonnoir de tri social exerçant une pression axée sur la performance, l’élève qui la subit y cherchera un exutoire à tout prix. Je pense finalement qu’à travers le cyberbullying, paradoxalement, c’est lhumanité de l’élève qui crie !!!

  • « une forme de télétoxie » : très jolie comparaison, et merci de me faire découvrir un phénomène particulièrement intéressant.

    Je partage entièrement votre point de vue. Je m’attriste d’apprendre que la violence des mots commence dès la garderie et qu’on laisse faire. Ça ne peut que dégénérer après cela, à moins d’une action concertée et vigoureuse.

    D’accord aussi sur l’efficacité de la littérature comme agent de correction.

    P.-S. Désolé d’avoir tardé à répondre.



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