Synthétiser les bribes virtuelles
Il n’y a pas de synthèse : il n’y a que le discontinu.
(Jules Renard)
Pourquoi tant de brouhaha autour des réseaux sociaux, des folksonomies et du partage de l’information? Parce que, en dépit des exceptions, l’intelligence individuelle porte préjudice à la majorité de l’humanité et que son salut réside peut-être dans la mise en commun de la pensée et de l’activité plutôt que l’égocentrisme. Peut-on seulement imaginer la quantité phénoménale d’idées inavouées qui se sont volatilisées au fil du temps? Aujourd’hui, les nouvelles technologies permettent non seulement de mailler cette activité, mais aussi de la synthétiser, comme un cortex planétaire. Une démonstration s’impose.
Si une image vaut mille mots, combien vaut une vidéo? Cette présentation de Blaise Aguera y Arcas est renversante (source : Random Walk in Learning). La première partie, sur les avancées en visualisation de Photosynth, est impressionnante en soi; mais c’est la deuxième partie qui illustre magnifiquement tout le potentiel du partage des données. Recueillant toutes les photos de la cathédrale Notre-Dame de Paris déposées dans Flickr, on a réussi à reconstruire une version 3D de la célèbre cathédrale.
Étendez cette technologie à l’ensemble des photos prises dans le monde, ou cette autre technologie de Fotowoosh qui transforme en 3D une image bidimensionnelle (voir le vidéoclip ci-dessous), et l’on devine ce que l’avenir nous réserve.
Éventuellement, l’image fera place au texte et nous réussirons peut-être à y voir plus clair dans le fatras de l’activité humaine. On sent toujours le besoin, dans un tel cas, de préciser que la puissance de l’ordinateur ne remplace pas la complexité de la pensée humaine. La première naît bien de la seconde.
Mise à jour, 5 juillet 2007 | Une chercheure en sciences de l’informatique d’USC croît pouvoir exploiter les folksonomies pour concevoir une intelligence artificielle (Roland Piquepaille’s Technology Trends : People as an AI computing tool). Et pourtant, nous ne sommes qu’au tout début de l’ère des folksonomies. Je suis persuadé que les penseurs de Google voient également tout le potentiel synthétique de toutes les données humaines que la compagnie est en train de récolter.
(Image thématique : Puzzle, par Asbjorn Lonvig)
Par ricochet :
Études sur les folksonomies
Statistiques sur les folksonomies [graphique]
La puissance de la collectivité
La pensée individuelle vs collective
L’économie du partage
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Wow! Au-delà du réseau, on voit bien alors tout ce que permets le travail collectif! Est-il possible de croire que chaque morceau d’information que détient un individu sera un jour une partie d’un tout beaucoup plus complexe, d’un tout qui surpassera de beaucoup la simple somme de ses parties? Le travail collectif, quelle force! Comme toi, j’ai tout de suite pensé à l’étape du texte. Je demeure bien ancré dans l’écrit. Imaginons en fait la plus grande bibliothèque du monde constitué d’innombrables morceaux de texte pour enfin rendre accessible tout ce qui fut écrit (dans ses différentes versions) et tout ce qui est en train de s’écrire. Dans un tel monde la citation de Saint-Exupéry : « être homme, c’est précisément être responsable. C’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée. C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. » prend un sens nouveau où notre pierre risque réellement d’être une partie importante de la cathédrale.
Je dirais volontiers que nous vivons à une époque fascinante, si ce n’est pour tous ces malheureux que le sort a fait naître au mauvais endroit et à qui nous ne tendons pas même la main.
salut mec