Neuroscience et développement de la lecture

FragonardLectrice.jpgLire est le seul moyen de vivre plusieurs fois. (Pierre Dumayet)

La littératie est la clé de voûte de notre système d’éducation. Les élèves qui éprouvent des difficultés de lecture sont lourdement handicapés. Au-delà des querelles sur les méthodes de lecture, dont les différences apparaissent plus systémiques qu’individuelles (EurekAlert! : No one strategy is best for teaching reading, FSU professor shows), il importe de rappeler que les difficultés sont de nature neurodéveloppementales et que l’unicité du cerveau appelle à la différenciation plutôt qu’à l’uniformité. Les neurosciences ont d’ailleurs largement contribué à notre compréhension des mécanismes de la lecture, en plus de suggérer des pistes de développement.

Bob Dougherty, de Stanford, est passionné de neurosciences. Il a conçu Tiny Eyes, une charmante application qui illustre comment un bébé perçoit le monde qui l’entoure. Mais je retiens surtout cette présentation des aspects cérébraux de la lecture : The Literate Brain: A Neuroscience Perspective on Reading Development (PDF). Malgré l’absence de bande audio, plusieurs des diapositives comportent suffisamment de texte et de données pour se faire une idée globale de l’état de la recherche sur le sujet. Entre autres, j’ai été saisi des différences concernant la visibilité des mots (Eide Neurolearning Blog : The Literate Brain — What We Need to Read). Et cette image du parcours neuronal de la visualisation restera gravé dans ma mémoire :


    VoiesVisualisationCerveau.jpg


Puisqu’il est question de lecture et de diaporamas, j’en profite pour signaler cette très intéressante présentation de Chrisitan Jacomino qui décrit tout le processus pédagogique d’une activité de « lecture collective sur grand écran ». En soulignant l’importance du sens, cette présentation m’apparaît comme le contrepoids parfait des neurosciences, c’est-à-dire que l’éducation ne peut pas être que science ou pédagogie, mais qu’elles se complètent dans la dualité. C’est tout le contraire de l’application des découvertes neuroscientifiques à des usages comme Lumosity, lequel donne plutôt l’impression de chercher à former de super cerveaux.

(Image thématique : La Lectrice, par Jean Honoré Fragonard)


Par ricochet :

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5 réponses

  • Le lien « présentation » est en diffusion restreinte.

  • Merci de me signaler le lien défectueux, Laurent. En modifiant l’URL, j’ai pu corriger le problème.

  • Daniel Bigué dit :

    Après avoir lu votre excellent billet, je suis de plus en plus convaincu que non seulement l’école se doit de changer mais qu’également la formation enseignante aurait avantage à en faire tout autant. L’introduction de quelques cours en neurosciences et en sciences cognitives dans le programme de formation m’apparaît quelque peu incontournable à la lumière des recherches présentées dans votre billet. Je déplore aussi la distance qui existe entre la recherche et l’école dans le sens où les résultats de l’une ne sont pas appliqués (ou du moins, connus) dans l’autre. Enfin, il me semble clair aussi que la dissociation entre l’âge biologique (dont la maturation du cerveau) et l’âge chronologique se devrait d’être pris plus en considération par l’école ; évidemment cela demanderait d’avoir une toute autre «vision» de ce qu’on appelle un «élève» dans notre système scolaire …

  • Je crois que ma soif de connaissances en matière d’éducation aujourd’hui est largement attribuable à une carence marquée durant ma formation universitaire. J’ai eu l’impression de traverser un désert scientifique. À juger par les stagiaires que j’accompagne, il appert que la situation n’a guère changé. Je suis tout à fait d’accord avec votre proposition d’amender la formation universitaire dans le sens que vous proposez.



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