Relief...contre la planéité

Chacun ne peut voir qu’à sa lampe; mais il peut marcher ou agir à la lumière d’autrui.
(Joseph Joubert)

Il y a encore une mince chance que le Web raccommode les peuples en une vaste Toile. Du moins avant que les inégalités sociales ne dégénèrent en conflits planétaires. La seule solution que j’entrevois passe par le remodelage de la conscience collective, de la dualité ego-nationaliste qu’elle est, en une finalité tridimensionnelle dont la profondeur est assurée par une perception universelle. Une telle conscientisation passe nécessairement par l’école.

On ne pourra pas perpétuer encore très longtemps, à l’ère d’Internet, l’exploitation des pays pauvres, sauf au prix de notre humanité. En guise d’exemple, considérez le contraste de l’une des villes les plus riches, New York, qui fait fabriquer ses couvercles de trou d’homme dans l’un des endroits les plus pauvres, l’Inde, où les conditions de travail sont horribles (New York Times : New York Manhole Covers, Forged Barefoot in India).

Dans le but de rapprocher les gens, au-delà des différences ethniques, le photographe et journaliste Yann Arthus-Bertrand a lancé le projet 6 milliards d’Autres, une collection de témoignages provenant de tous les coins du globe (source : Ewan McIntosh). Par le simple biais des valeurs et des sentiments qui nous unissent, les vignettes illustrent toute la sagesse et la grandeur des êtres à qui on donne la parole.

En ce sens, il faut aussi applaudir l’initiative de Radio Canada International pour valoriser la diversité culturelle du Canada. Métissé serré présente des vidéoclips réalisés par de jeunes créateurs sur le thème de l’immigration (voir aussi son pendant en anglais, Digital Diversity).

Ce qui nous amène au nécessaire débat sur les accommodements sociaux au Québec, si l’on veut un jour éviter les affrontements que connaît la France (Libération : La colère ne s’arrête pas à Villiers-le-Bel). À la lumière, ou devrais-je dire à l’obscurité, des propos tenus, je pose sérieusement la question : aurions-nous ce différend sur les accommodements si nous étions tous aveugles?

Et plus cyniquement, est-ce que nos accommodements peu raisonnables, notamment au regard de l’accès à leur domaine de formation, ne trahissent pas une détermination collective et subconsciente de maintenir les immigrants dans un état d’infériorité?

(Image thématique : Turquoise and Others, par Bridget Riely)

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