Le sacrifice humain de la réforme


LuceroSacrifice.jpgUne grande idée a besoin de sacrifices. (Pavlo Tytchyna)

Je crois bien avoir atteint le bout de mon rouleau. Je n’ai pas l’habitude de m’affaisser sur une chaise et de me prendre la tête dans les mains en fixant le sol interminablement. Et encore, c’était après une journée pédagogique, après quelques mois d’école seulement. Mais il faut parfois s’éloigner des feux de la rampe pour constater la pagaille en coulisse, dont Martin dresse un portrait à la fois réaliste et cauchemardesque (Fabulations réelles dans un monde virtuel : Le renouveau pédagogique: où en sommes-nous?). J’ai porté bien haut le flambeau de notre chère réforme, mais je refuse d’être sacrifié au bûcher des politiciens, des bureaucrates, et des arrivistes.

Le Québec veut moderniser l’éducation à peu de frais. Comme un mauvais joueur, le ministère mise son va-tout sur un seul numéro, celui de la pédagogie. Faute de moyens, il a escamoté l’environnement physique, les structures administratives, les modèles de gestion et les ressources didactiques. Sous des airs chromés se cache un bazou. Le miracle ne s’étant pas produit, et attaqué de part et d’autre, il se sent obligé d’afficher sur sa page d’accueil un diaporama tout souriant. C’est plus près de la propagande que du marketing.

Parmi les erreurs de calcul, les fonctionnaires ont surestimé la capacité des enseignants. Il ne s’agit pas seulement de capacité intellectuelle, mais surtout physique. Personne n’a considéré l’énergie requise par les nouvelles méthodes, de l’interaction constante avec les élèves aux déplacements dans la ruche, en passant par la gestion de classe, la recherche et la confection de matériel didactique, les SAÉ (situations d’apprentissage et d’évaluation), les grilles d’évaluation, la créativité, l’analyse, la collaboration, et j’en passe. Pour qui s’adonne à la différenciation ou à l’individualisation des apprentissages, il faut encore multiplier. Le résultat n’est pas celui du titulaire d’antan, bien campé derrière son bureau, qui dictait son enseignement et les exercices à des élèves silencieux.

Les signes, pourtant, sont évidents. Les médias ont maintes fois abordé le sujet :

Ma forme physique et mon entraînement me portent à peine. Mais il ne s’agit pas que de moi. J’entends les lamentations quotidiennes de mes collègues, et je vois leurs traits tirés. Je prends soudainement conscience d’être une denrée jetable. Certains diminuent leur tâche pour alléger le fardeau; ceux qui peuvent, généralement les meilleurs, fuient les classes d;s que se présente une libération ou une ouverture loin de l’enseignement. Le plus désolant est d’observer les jeunes enseignants ramer dans cette galère. Pour ceux qui ne songent pas déjà à quitter la profession, comment feront-ils pour tenir le coup toutes ces années?

Le métier est devenu un hachoir. Souvent, la famille y passe aussi. Le dilemme est cruel : ou bien on sacrifie sa santé, ou bien on sacrifie le travail. Un continuum plus qu’une polarité, où chacun se situe en fonction du milieu et de sa discipline. Le syndicat, en gardien de troupeau, ne fait guère de distinction. L’équité, camarade! Un pour tous, tous pour soi.

Quoique je continue à chercher les meilleures pratiques éducatives, je ne peux plus cautionner une soi-disant réforme qui verse dans l’inhumanité. On a érigé le système en église, avec son clergé, dont la fin et les intérêts justifient les massacres. En toute objectivité, la justice et l’éducation doivent s’ériger en bastions de la moralité. À défaut de préserver ma dignité, la capacité physique est nécessaire à mon travail, d’autant plus que l’enseignement est d’abord un acte affectif et que la fatigue use aussi le coeur. Du coup, je me débats comme un diable dans l’eau bénite, pour moi bien sûr, puis pour ces enfants remplis d’espoir, le leur comme le nôtre.

Le plus difficile à accepter après avoir tant donné, c’est le sentiment que tout le monde s’en fout. La générosité passe facilement pour de la faiblesse. Peut-être, après tout, en est-ce.

Dans ces conditions, comment s’étonner que si peu de professeurs réussissent à bloguer? Pendant que les éducateurs en marge de la classe discourent sur les mérites de la réforme, ceux qui la subissent ironisent tant bien que mal dans des blogues anonymes. Pour ma part, je rentre à la maison si tard que j’ai à peine le temps de publier quelques lignes. Fini, l’interaction avec la communauté (mille excuses à tous ceux qui ont l’amabilité de laisser des commentaires et à tous ceux dont les excellents blogues alimentent ma réflexion).


(Image thématique : Sacrifice, par Stevon Lucero)


Par ricochet :

Le travail supplémentaire des enseignants

Qu’est-ce qui fait tant courir les profs ?

La transformation du travail enseignant

La laine sur le dos des enseignants

Journée de travail d’un enseignant

Une espèce à part

L’éducation et la santé : la tête manque de coeur

La réforme : mission impossible

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33 réponses

  • Ouf !

    SI on peut arrêter de se battre contre ceux qui sabordent la réforme, on aura peut-être le temps de s’occuper de ceux qui l’ont à coeur…

    Fais attention à toi François…

  • «Le plus difficile à accepter après avoir tant donné, c’est le sentiment que tout le monde s’en fout. La générosité passe facilement pour de la faiblesse. Peut-être, après tout, en est-ce.»

    J’ai lu ton texte. Je l’ai relu. Je suis touché, comme souvent quand je te lis. J’ai éprouvé souvent ce sentiment que beaucoup de gens s’amusent avec la générosité de ceux qui comme toi, partagent leur quotidien et offrent généreusement son expertise.

    Je voudrais te dire de t’accrocher, mais je sais que le poids est lourd à porter, surtout si on rame à contre-courant. Je continue néanmoins à croire que le soutien d’une communauté peut faire une grande différence.

    Merci de ton témoignage François. Comme André, je souhaite de tout coeur que tu t’économises un peu. Je sais que tu sais où me trouver, si jamais tu avais le goût d’une p’tite jase sur le sujet.

    Enfin, pour ce qui est du MELS, des blogues et de la réforme, il n’y a pas d’absolu. Je partage ta peine. J’ai décidé personnellement de me concentrer sur ce que je contrôle et de ne rien attendre des structures, dans les conditions actuelles. Il y a des gens loyaux au MELS, parmi les édublogueurs et à plein d’autres endroits. La loyauté n’est pas celle de l’adhésion à une doctrine où à une idéologie. Pour moi, c’est celle de l’authenticité qui compte. Et peu importe ce que tu feras ici (sur ton blogue) ou ailleurs (à l’école), tu fais partie de ces enseignants qui comptent beaucoup. Des gens qui comme toi s’affirment, nous n’en avons que si peu autour de nous… Je sais que tu comptes aussi énormément pour plusieurs jeunes.

    Dans ces moments de découragement François, il faut se tourner vers les oasis; nous comprendrons facilement ton silence, s’il y a lieu. Bonne journée à toi, notre ami.

  • Je seconde André : fais attention à toi.

    La grande tristesse là-dedans est le grand désabusement des fervents.

    Comment lâcher prise? Moi, je regarde ailleurs que dans le système d’éducation, et j’avoue que cela me fait extrêmement de bien.

    Comme toi, j’ai le profond sentiment que « tout le monde s’en fout ». Même si j’ai bien aimé la lettre de l’Adigecs adressée à la ministre, je crois que c’est trop tard.

    Les gestionnaires sont débordés et n’ont absolument pas le temps nécessaires pour réfléchir aux problèmes. Ils passent leur temps à remplir de la paperasse qui ne donne absolument rien (Plan de réussite, etc.) Or, la job des gestionnaires est d’enlever des bâtons dans les roues à ceux qui veulent avancer dans l’esprit de la réforme. Mais ils ne voient même pas les roues…

    L’école n’est qu’une vaste garderie qu’on gère en sauvant le plus d’argent possible sur le dos des enfants…

    Pense à toi.

    Gilles

  • Je suis une fan de tout ce que tu écris et j’admire la passion et l’expérience derrière chacune des idées…j’espère te rendre ici et là un peu de tout ce que tu donnes !

    Si je peux faire plus, dis le moi !

    Take care François !

    Amitiés

  • Michel Clément dit :

    Lorsque je lis ces témoignages du coeur et des tripes, j’ai un souvenir en tête… Celui d’un coureur africain lors de la tenue d’un des Jeux Olympiques…. Un coureur de fond, un croyant de la cause de l’homme africain et celle de son peuple… Il n’a pas établi sa cible à la lecture des journaux ou du système olympique qui n’exultaient que pour les performances, les records mondiaux….

    Il a plutôt relevé la tête du fond de son Afrique et s’est dit « je franchirai la ligne d’arrivée…. » Et il l’a fait, une heure après tous les autres… et avec le plus grand des sourires….

    Cet homme, tout comme toi François, avait fait beaucoup plus pour l’esprit olympique que tous les tenants des records des Jeux….

    Reprends ton souffle François, garde la tête haute, tu as tracé le chemin beaucoup au-delà de ce que tu peux croire… La fourmilière est maintenant mieux ancrée, l’érosion travaille en profondeur… Pas l’érosion menée par la Réforme… Elle n’est qu’un moyen avec ses forces et ses faiblesses …
    Mais le travail souterrain de ces enseignants et tous ces pédagogues qui font confiance à la capacité de développement des jeunes et qui s’éclairent à la lumière de leur regard sur la vie…

    Bon courage François, tu nous donnes la force de continuer le travail.

  • Luc Papineau dit :

    M. Guité,

    Nous ne partageons pas les mêmes points de vue sur le Renouveau, du moins en partie. Mais votre billet de ce matin m’attriste énormément. Il m’est impossible d’être insensible au désarroi qui est le vôtre, peut-être parce qu’il me rappelle aussi le mien.

    Tous ceux qui fréquentent votre blogue s’entendront pour dire que vous êtes un éducateur méritant et un blogueur modèle. Si la moitié des enseignants avaient le même intérêt que vous pour l’éducation, nos écoles ne s’en porteraient que mieux. Hélas, il y a la réalité…

    Pendant des années, j’ai combattu cette réforme pour des raisons sur lesquelles je reviendrai plus tard et, quand j’ai senti qu’on commençait à la remettre en question, j’ai senti le besoin de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, de ne pas tout recommencer à nouveau, de vouloir tendre la main à ceux qui cherchent une solution à ce qui déchire de façon malsaine l’éducation. On ne peut faire une réforme contre la volonté de la moitié des enseignants et, ironiquement, on ne peut faire une réforme de cette ampleur avec le MELS non plus.

    Lorsque je me suis à co-écrire «Le grand mensonge de l’éducation» (j’espère que vous l’avez lu et, s’il le faut, je vous ferai parvenir un exemplaire à mes frais), je me suis livré à une charge à fond de train contre le Renouveau à la fois parce que je n’y croyais pas idéologiquement, mais aussi parce que je savais que le MELS est un sacré apprenti sorcier pédagogique. Si mes critiques à l’égard de la réforme se sont quelque peu atténuées (oui, il fallait bousculait des enseignants trop complaisants dans leur travail, mais fallait-il aller aussi loin?), celles que j’écrivais à l’égard du MELS n’ont pas changé.

    Tout comme l’a vécu Mme Simone G.-Chartrand, une des conceptrices du programme d’enseignement du français de 1995, certains partisans de la réforme ont été floués par le MELS. D’autres se sont floués eux-mêmes. Pour la petite histoire, ce programme renouvelait complètement l’enseignement du code grammatical. Mme Chartrand avait donné son appui à celui-ci à la condition que le MELS prévoit des journées de formations pour les enseignants et diverses autres mesures. Devinez ce qui est arrivé…

    Pour ma part, j’ai toujours cru que certaines parties de la réforme était purement utopiques et, plus dangereux encore, que le MELS ne lui donnerait jamais les moyens de ses ambitions : «Le Québec veut moderniser l’éducation à peu de frais», écrivez-vous avec justesse. Quand M. Jobin écrit : «L’école n’est qu’une vaste garderie qu’on gère en sauvant le plus d’argent possible sur le dos des enfants…», je pourrais lui donner l’exemple de l’intégration sauvage des élèves en difficulté dans les classes régulières, une gracieuseté de la réforme. L’argent, les services n’ont pas suivi. Inutile de dire l’appréciation qu’ont certains enseignants de la réforme après une telle manœuvre qui tient davantage de mesures économiques que pédagogiques.

    Quand on a commencé à parler de la réforme au secondaire, j’ai demandé à la direction, lors d’une assemblée regroupant les enseignants de mon école, combien de budget nous aurions pour aménager nos classes, créer du matériel, etc. La réponse fut : «Aucun.» Bien sûr, il y a des budgets pour les manuels, mais c’est bien parce que les éditeurs sont un lobby puissant. Paradoxalement, des manuels, c’est exactement ce dont on n’a pas besoin avec la réforme!

    La réforme est en train de se casser les dents au secondaire pour bien des raisons qu’il serait fastidieux d’énumérer ici. Sauf qu’il serait faux de faire porter tout le blâme aux anti-réformes, aux «traditionnalistes» et autres épithètes du genre comme le fait André. Faut-il souligner qu’en Suisse, ce modèle ne s’appliquait qu’au primaire? Quand vous dites que «les fonctionnaires ont surestimé la capacité des enseignants», vous me rejoignez beaucoup et vous le faites de façon humaine. On est loin du ton pontifiant de M. Inchauspé.

    Quand vous parlez de la détresse des jeunes enseignants, je crois qu’elle peut s’expliquer par bien des raisons autres que l’implantation chaotique du renouveau. La majeure partie de ma tâche est en cinquième secondaire et je sens depuis quelques années une lourdeur dans l’enseignement. De vieux collègues prennent leur retraite plus tôt, d’autres prennent des années sabbatiques ou des tâches à temps partiel. La peste qui sévit ne fait pas de distinction d’âge, quant à moi. «Le métier est devenu un hachoir» pour bien des gens.

    Si je reviens au début de ce commentaire, M. Guité, moi aussi, j’ai la tête entre les mains en regardant ce qui s’en vient pour les prochaines années. Ironiquement, nous avons tous les deux le même découragement, un peu pour les mêmes raisons, un peu pour des raisons différentes.

    Le monde de l’éducation est déchiré, ai-je écrit un peu partout en espérant qu’on commencerait à faire des ponts. Certains sont tombés au combat contre le MELS et une réforme qu’ils jugeaient idéologiquement mal foutue et improvisée. D’autres, qui autrefois avaient le vent en poupe, tombent aujourd’hui devant une réforme mal soutenue par un MELS incompétent et une volonté de réformer ce qui existe à peine.

    Qui se lèvera de ce champ mortuaire pour s’occuper des jeunes dont nous avons la responsabilité? Saurons-nous aller plus loin que ces luttes fratricides et nous réunir à nouveau autour d’un projet commun? Je ne sais pas et j’ose à peine espérer.

    Votre billet est le signe pour moi que tout ce que nous aurons vécu depuis 10 ans sera bien inutile si nous ne savons pas passer à autre chose.

  • Ouf ! ai-je envie de commencer…

    Après une escapade « musique » (Ça doit être ça qui me sauve) cette fin de semaine, et surtout des fils RSS débordant avec une couple de centaines de messages ou commentaires non lus, je tombe ici sur ce texte de François… et j’en suis soufflé (ou essoufflé)…

    Étant sur le terrain (ou le « champ mortuaire ») moi aussi, ayant vécu ces journées pédagogiques et ces rencontres de parents avec un bulletin-arnaque où on a la traduction de la traduction d’une appréciation évaluative (…), je me sens drôlement interpellé par ce billet de François.

    Moi aussi, je constate que, depuis même un peu avant la réforme, la tâche a continuellement augmenté. Certains diront, probablement avec raison, que les tâches ont augmenté dans tous les corps de métier ou de profession, que notre monde tourne toujours de plus en plus vite, même si la Terre, elle, tourne à peu près toujours à la même vitesse depuis des milliards d’années, bien avant que l’humain, cette drôle de bibitte, ne débarque sur ce territoire…

    Mais il n’empêche que cette augmentation sournoise mais constante finit par faire en sorte que l’humain trouve cela de plus en plus inhumain.

    Comme je le dis très souvent en mon for intérieur : heureusement que j’ai les élèves en face de moi. À ce moment, la Terre peut trembler, un désastre peut arriver, seul ou accompagné d’une autre catastrophe, c’est pas grave : je sais encore pourquoi j’enseigne ! Mais tout le reste ressemble de plus en plus tellement à une course folle sans véritable but (on ne trouve plus les roues : c’est bien cette métaphore !), qu’on en vient à se demander ce qu’on fait là…

    Sommes-nous devenus les membres d’une quelconque machine à saucisses ? Parfois je me surprends à le penser. Oh ! pas longtemps, mais un peu tout de même. Encore ici, c’est la classe qui me sauve !

    À travers tout ça, je réalise que pour les miracles, il faudra attendre bien plus que 24 heures… ou même 24 ans… moment où je devrais être dans les premières années de ma retraite (!).

    À travers tout ça, je réalise qu’il nous faut, malgré tout le système de l’éducation, prendre soin de soi, ce que je te souhaite plus que tout, mon cher François, collègue que j’apprécie à un degré dont tu n’as peut-être pas idée.

    Comme disait Mario, si le coeur t’en dit, ne te gêne pas : une bonne petite bouffe fait parfois beaucoup de bien, bien plus à l’âme qu’à l’estomac :-)

    En tout cas, toi, ce matin, tu auras eu le don de me chambouler les émotions !…

  • Bonjour M. Guité,

    Je suis profondément attristé par votre désarroi temporaire. Je sais que vous allez retomber sur vos pattes. Depuis que je vous lis, je me dis toujours : comment il fait? Comment il fait pour enseigner à temps plein, pour bloguer tous les jours, pour faire de la recherche sur Internet, pour écrire si bien, pour être toujours pertinent, etc.? Surtout, comment il fait physiquement et mentalement pour tenir le coup?

    Le travail de professeur est un des plus ingrats. Quand je suis passé du journalisme à l’enseignement, il y a 17 ans, plusieurs personnes m’ont témoigné de l’incrédulité. Pourquoi fais-tu ça? Comment vas-tu faire pour durer dans ce métier? Sais-tu que certains élèves vont te mépriser, que tu n’auras pas la reconnaissance que tu as maintenant et que tu ne seras pas valorisé socialement? Quelle va être ta satisfaction?

    Un vieux professeur qui participait au comité de sélection lors de mon embauche m’a dit que le plus difficile dans l’enseignement était l’ingratitude des élèves, de l’administration et de la société en général. En plus, il n’y a pas de progression. Pendant 30 ans, on regarde passer le défilé des élèves qui évoluent. Notre seul réel salaire, c’est le sourire de certains élèves et leurs remerciements.

    J’espère de tout coeur que vos élèves vous témoignent assez de reconnaissance pour tout ce que vous faites pour eux. Les élèves passent, mais les professeurs restent, au moins trente ans.

    Bonne fin de journée et bon courage, comme disait toujours Paul-André Comeau pour nous encourager à terminer le journal à temps.

  • Cher François,

    Lorsqu’en juin dernier, j’annonçais que je cessais de bloguer, c’était essentiellement dans ce même état d’esprit que je te retrouve aujourd’hui, je crois. Tu m’avais alors laissé un court message d’appui qui, combiné aux encouragements reçus d’autres amis, m’ont amené à reconsidérer :-)

    J’appelle cela « faire le vide pour faire le plein » et c’est ce que je te souhaite.

    À lire les autres commentaires de ce billet, je réalise que tu es entouré, dans ta province, de gens passionnés et passionnants qui vont contribuer, un succès à la fois, à apporter le Québec au « tipping point », expression entendue une première fois aux RIMA 2004 de Québec par Seymour Papert.

    Vous savez, ici au NB, on perçoit nos cousins québecois parfois comme des géants qui dorment. Quand celui-ci se réveille, « watch out! » Déjà, l’annonce du CSDM (http://www.ledevoir.com/2007/12/01/166811.html) et leur projet du Cybersavoir, semble offrir un potentiel prometteur, en autant que les apprentissages soient au centre.

    François, tes réflexions transmises si éloquemment par ta plume nous nourrissent. Dans ce monde parfois ingrat, laisse-moi te manifester ma gratitude envers tout ce que tu as su faire « brasser dans ma tête »…

    Au (très grand) plaisir de te relire!

  • MEA CULPA!

    Ce qui arrive présentement arrive régulièrement dans une classe; ce sont les élèves à qui ne s’adresse pas le message qui se sentent concernés! Et évidemment, ceux à qui s’adressait le message ne l’ont pas entendu (j’en ai la preuve dans les commentaires!)

    Désolé François d’être à l’origine de ce billet, qui ma foi, m’a profondément touché!

    Je l’ai écrit dans mon blogue, le Renouveau pédagogique, j’y crois! Et je vais tout faire pour continuer le combat. D’ailleurs, je me suis dit qu’il fallait prendre le temps d’informer car la rumeur est dévastatrice. C’est pour cette raison que j’ai mis en place la série « Craies et tableau noir! » Je ne sais si cela aura de l’impact, mais au moins, les diaporama auront le mérite d’informer.

    Pour ce qui est d’une bouffe entre amis, j’apprécierais y participer! ;o)

    C’est plus facile de se remonter le moral en équipe!

    Prends soin de toi François! Tu nous est que trop précieux!

    Prenez aussi soin de vous aussi mes amis; je sais que vous allez vous reconnaître.

    Vivement le congé des Fêtes!!!

  • Chantal dit :

    Bonjour M. Guité,

    N’étant point dans le domaine de l’enseignement, je ne peux commenter sur l’état des lieux. Les commentaires précédents sont, à mon avis, des plus éloquents.

    Lors de la remise des bulletins, vous m’avez mentionné qu’il est très important de récompenser l’effort. Alors, je prends quelques instants pour vous dire merci. Merci d’être ce catalyseur auprès de nos jeunes. Merci de croire en eux. Je crois que c’est ce qui est le plus important. Quant au reste, la résilience fera son oeuvre, je l’espère.

    Chantal (maman de Noémie)

  • Clément Laberge dit :

    François, mon ami, une fable me vient à l’esprit, qui m’est chère depuis plusieurs années:

    http://www.jdlf.com/lesfables/livreii/lanechargedepongesetlanechargedesel

    La charge qui nous accable dans un environnement peut s’avérer salvatrice dans un autre.

    Prend garde de faire à l’éponge raison.

    Repose-toi bien!

  • Quand la vague est vague

    La vague de la réforme me fait penser à un exercice à trous parce qu’on laisse bien des trous à remplir par l’enseignant : à preuve, cet extrait en ESL : « The evaluation criteria are generic in nature, so that they may apply to diverse learning and evaluation situations. They are neiher hierarchical nor cumulative. ( Note de Djeault : trouvez le lien avec le bulletin chiffré !) Teachers choose one or more criteria to observe and adapt them to the specific charcateristics of the learning and evaluation situation. » (Programme de formation de l’école québécoise, p. 176)

    « The Essential Characteristics of a Learning and Evaluation Situation: »

     » - Maximizes opportunities for oral ineraction
    - Promotes cooperation and collaboration
    - is appropriate to student’s age and level of language development
    - is relevant to the student
    - is connected to the real world
    - is purposeful
    - is challenging and motivating
    - Exploits authentic texts
    - Allows for Differenciation
    - Encourages reflexion
    - Provides opportunities for transfer.
     » (Programme de formation de l’école québécoise, p. 177)

    La réforme me fait aussi penser à un solide squelette sur lequel de puissants muscles pourraient être construits, sauf que le temps, la bouffe et les exercices nécessaires pour arriver au Renouveault pédageault, ne sont ni inclus, ni précisés. D’une part, on demande à l’élève, à ses pairs et à l’enseignant d’évaluer chaque élève, entre autres, grâce aux portfolios, ce qui, d’autre part, ne cadre pas nécessairement avec la logique mathématique d’un bulletin chiffré ?

    La réforme, le renouveau pédagogique et ce que tous et chacun en comprennent, pour ceux qui enseignent depuis un certain temps, c’est tout comme la planche à neige : comme ça n’existait pas quand vous étiez jeunes, il s’avère difficile d’adapter vos corps, vos jambes, votre équilibre, ou votre intelligence kinesthésique, pour maîtriser cet art du SnowBoarding et dévaler une pente en se tenant de coté et ce, sans bâton, et ce, tout en s’évaluant et en évaluant les autres, au travers les instants éphémères d’apprentissage, qui dévalent les uns après les autres ! Les nouveaux enseignants sauront-ils mieux s’adapter à on ne sait plus trop quoi ?

    La semaine dernière, j’ai eu une classe composée entièrement de redoubleurs de sec II : à la fin du cours, qui s’est bien déroulé, je leur demande comment ils vivent ça de « revoir les mêmes savoirs » encore une fois ? Ils me répondent : « C’est pas si pire, parce que l’année dernière les profs ne comprenaient pas la Réforme, mais maintenant, ils commencent à être meilleurs… »

    Bonne tempête de neige, François !

  • Cher François,
    Beaucoup de similitude entre ton/votre vécu actuel de votre Réforme au secondaire et celle que j’ai perçu lors de la réforme dans mon canton suisse. Soit fondamentalement:
    - cette impossibilité (ou non volonté) de donner du temps au temps (quelque soit la réforme d’ailleurs);
    - une forme de confiscation de la Réforme de la part de l’institution alors que la Réforme doit être remise aux enseignant-e-s (s’appuyer leurs compétences professionnelles, ne pas nier/jeter ce qu’ils ont fait jusqu’alors, déterminer leur «zone proximale», car leurs choix sont rationnels, etc.);
    - l’absence de moyen de toutes sortes.

    Au final, j’en revenais presque à regretter le temps où je pratiquais mes démarches pédagogiques tels les Chrétiens dans les Catacombes, car en plus je n’avais pas à assumer l’application bâclée de mes valeurs pédagogiques. La situation insatisfaisante de l’ancienne organisation scolaire bénéficiait ou servait de caution à des «innovations» que je conduisais à mon rythme et dans une paix royale…

    Rien ne m’a ensuite plus agacé effectivement que les ayatollahs du nouveau clergé qui s’en suivirent.

    Le chemin raisonnable, me semble-t-il, consiste à garder son libre-arbitre et de ne pas vouloir prendre sur ses épaules le poids d’une Réforme conduite sans nous.
    Lors de la généralisation de la Réforme, alors que j’étais déjà considéré par mes collègues comme un expert (en pratique et non en théorie) de la Réforme, je n’ai cessé de les accompagner en les écoutant, en les rassurant sur les démarches qu’ils avaient entreprises et en les «empêchant» de vouloir faire TOUTE la Réforme TOUT de suite. Soit valoriser leurs actes de professionnels et donner du temps au temps. Le changement est fait de ce qui semble être que de petits actes, mais qui sont grands par les processus qu’ils enclenchent sur notre manière d’enseigner.

    Alors François, je te souhaite de te redonner du temps au temps et de donner la valeur aux actes les plus modestes du quotidien de ta pratique enseignante, car ils sont le lieu des changements en devenir plus que toute directive ministérielle…

    Amitiés.

    Lyonel

  • B.Long dit :

    Je peux comprendre ton état d’âme même si ici au N.B. on n’emploie pas les mêmes mots. Enseigner ici ou chez-vous est une tâche de plus en plus ardue.

    Je tiens à te dire que tu as sû par tous ces billets publiés me faire progresser dans mon cheminement. Sans te connaître personnellement, j’ai l’impression, par ton blogue, de connaître un enseignant dévoué et hors du commun.

    Lorsque je vis des moments du genre, je me rappelle les paroles d’un confériencier dont j’ai oublié le nom. « Je suis comme un billet de 100$. Qu’on me froisse dans le fond d’une poche, qu’on me passe à la laveuse, qu’on m’échappe par terre et que l’on marche sur moi, j’ai toujours la même VALEUR » Et c’est ces valeurs profondes que je garde pour mes élèves, mes amis et ma famille.

    En espérant qu’un jour, j’aurai la chance de te relire ici ou ailleurs. Prends soin!

  • Salut François, la vie est drôlement faite…Je viens de terminer un billet en te remerciant de m’avoir donnée une bonne idée avec les tablettes pour les styles d’apprentissages. Se serait malheureux, je crois, de tout laisser tomber. Je ne veux pas te brasser au contraire, je crois qu’il est sage à l’occasion de faire des pauses et de regarder le monde avec un autre point de référence. Tout est relatif disait Einstein…

    Nous avons besoin (et le système d’éducation encore plus…) de porteurs de flambeaux comme toi. Tu es pour moi un modèle de la carnètosphère et tu as su toi aussi m’encourager, peut-être sans le savoir, dans les moments difficiles de publication et du développement de la culture du blog à l’école. J’ai le sentiment ce soir d’avoir perdu un ami…avec un « motton » dans la gorge… Je sais qu’au Québec, la réforme est vécue différemment qu’au Nouveau-Brunswick. Je sais aussi que certains enjeux sont probablement plus grands aussi. Il est peut-être important que ton billet nous sonne l’alarme et réveille la communauté à travailler encore plus ensemble . Plus que jamais, nous avons à nous resauter d’avantage. Oui il y a des sacrifices à faire mais, sans à avoir à tout sacrifier, nous pourrions trouver des façons de travailler moins fort mais avec plus d’impact…ou de visibilité. Il ne faut pas oublier la force du réseau. Nous sommes plus fort ensemble… non ?

    En espérant que ce billet n’est qu’un mauvais rêve et que demain je pourrai me dire…ouff…j’ai eu droit à une belle frousse…

    Pends soin !!!

  • Wow!

    Je refuse à croire que tu cesseras à mettre des articles sur ton blog! Et moi qui les trouvaient si intéressants!

    D’ailleurs, quelle partie de ton emploi de fatigue? Les élèves? Les bulletins semi-chiffrés? Les compétances? L’incompréantion de la réforme par les parents? Le fait de travailler tard le soir?

    Je ne sais pas si on peut faire quelque chose pour toi, mais je prendrai part à n’importe quelle pétition pour aider les profs de l’école! =)

    Espérons que cela ira mieux bientôt! Un prof énergétique en classe, ça donne du tonus!

  • « La blogosphère et mon agrégateur nourrissent continuellement ma pensée.

    Si tu devais t’en exiler, c’est comme si je subissais une lobotomie. »

    C’est toi, François, qui m’écrivait ce commentaire (http://recit.cadre.qc.ca/~chartrand/index.php?2007/02/03/171-pratique-carnetiere#c1616) suite à un billet que j’ai écrit pendant un moment difficile, en février dernier. J’ai tellement apprécié ce mot d’encouragement, François. Je te te le renvoie donc en espérant qu’il ait le même effet revigorant et en guise d’appréciation de ta contribution exceptionnelle à la carnetosphère.

    Plus encore. Nous ne nous sommes jamais rencontré, François. Pourtant, je t’ai tellement fréquenté sur ton carnetweb que, si tu devais quitter, j’aurais l’impression de perdre un ami.

    Cela dit, comme plusieurs l’ont fait avant moi dans les commentaires précédents, je t’invite à prendre soin de toi, à prendre le repos dont tu sembles avoir grandement besoin.

    Amitiés

  • Steve Bissonnette dit :

    Monsieur Guité,

    Je n’ai point besoin de vous dire que vous et moi avons des opinions très différentes concernant la réforme de l’éducation! Cependant il m’est arrivé à plusieurs occasions , et ce, grâce à vos billets sur ce blogue, d’aller consulter des études fort intéressantes.

    Cordiales salutations

  • A bientôt j’espère.

  • Bonjour François,

    On ne se connait pas et c’est grâce à Mario que j’ai découvert votre blog que depuis je lis avec beaucoup (et c’est peu dire) d’intérêt.

    Voici un petit texte qui m’a aidé et qui je l’espère vous aidera aussi… Je vous laisse trouver l’auteur à moins que « vous ne donniez la langue au chat » (cette expression est connue au Québec ?)

     » …L’une des grandes incapacités de l’homme est d’imaginer l’avenir: on le voit toujours à l’image du présent. Quelquefois, cela part d’un sentiment noble: dans le cas d’un chagrin, d’un deuil, notre peine s’accroît à la seule pensée qu’elle puisse, un jour, être moins forte, moins intense; on sent bien, instinctivement, que le bonheur est fugace. Mais considérez une autre situation: une déception, par exemple, dans la carrière que vous avez choisie. Vous vous sentez discrédité, mis à l’écart; vous avez l’impression que c’est irréversible et vous vous laisser aller – alors que la vie, en réalité, est toute-puissante et que le lendemain matin, la semaine suivante, ou bien, pour ceux qui sont patients, un an, deux ans après, les pièces du puzzle changent de place. C’est mon tempérament – on dira que je suis optimiste: jamais je n’ai cru qu’un obstacle de cet ordre était insurmontable. L’homme étant conservateur, il n’est pas porté à s’abstraire des données du présent. Il devrait faire plus confiance à son instinct, à l’extraordinaire faculté qu’à la vie de changer d’elle même et, par conséquent, de vous changer en même temps. »

  • Il n’y a pas de mots pour réellement décrire la reconnaissance envers les amis et les gens de coeur. Vos mots et vos sentiments pansent mes blessures.

    La nature est fort bien faite, en ce sens que l’abattement est de courte durée, instinct de survie oblige. La rage est un bien puissant moteur, mais encore faut-il, comme une bête sauvage, l’apprivoiser.

  • M. Guité, votre dernier commentaire me confirme ce que je connaissais de vous (de par votre blogue), vous avez de la ressource ;o) Le tout est de prendre du recule et du repos pour retrouver la voix (et la voie). Car à force de crier (et de ne pas se faire écouter) à ceux qui s’en foutent, on la perd la voix.

    Pensez à vous, pas à la réforme. Voilà l’important.

    Au plaisir.

  • Armel Parisé dit :

    Bonjour,

    Je n’en reviens pas du manque de rigueur psychologique de cette lettre et des commentaires. Il est bien évident que votre essoufflement est relié à votre conflit ontologique dont votre mental à l’aide de votre affectif récupère dans le travail de ceci ou cela sans se rendre compte (c’est-à-dire à votre insu) de voir votre Responsabilité. Il est ainsi facile, même si la réforme a des lacunes ou non, de projeter son fardeau (sa non lucidité) sur l’extérieur aussi subtil que cela est. Vous ne Vivez pas votre vie vous la fuyez. Ce n’est donc pas un problème de réforme scolaire mais de réforme psychologique.

    L’essoufflement est relié à un niveau de lucidité.

    Compassion à vous

    Armel Parisé

  • Monsieur Guité,

    Vous êtes un modèle et une source d’inspiration. Regardez les noms de ces gens qui avant moi ont démontré à quel point votre vision de l’éducation nous est essentielle. Peut-être les choses vont-elles trop lentement… mais ne connaissez-vous pas l’histoire des nénuphars ?

  • Édouard W.M dit :

    M.Guité,

    Même si je ne suis point sur d’avoir tout saisi dans votre billet, je crois qu’il est prémordial de vous remonter le moral…Pour l’instant, je ne sais pas vraiment quoi faire pour y arriver…Toutefois je réfléchis à la question et je vous envois des pensées positives…En espérant que ce petit message vous encourage, votre élève Édouard Walters.M

    P.S:Pensez à prendre soin de vous car vous êtes un excellent enseignant. Sur ce, j’espère vous retrouver en grande forme très bientôt.

  • Vous êtes trop aimable, Mlle Missmath, de cette comparaison, et vous m’accordez une étendue que je n’ai pas. Je trouve l’image d’autant plus amusante que je surnage à peine, tentant de maintenir la tête au-dessus des flots :-) (cela va déjà mieux, puisque je retrouve le sens de l’humour).

    Enfin, il est vrai que je suis ébahi de tant de soutien, dont quelques élèves qui réussissent toujours à me surprendre. Cela est d’autant plus étonnant que l’on dit Internet un moyen de communication plutôt froid. J’ai des amis qui ne m’ont pas témoigné autant de compassion.

    À M. Parisé, qui se targue de rigueur, je dirai seulement qu’on ne devrait pas brandir des accusations de manquements à la responsabilité et à la lucidité sans rien connaître du sujet. Quelqu’un qui s’intéresse réellement à l’ontologie ne commet pas de sophismes aussi évidents (argumentum ad hominem, dicto simpliciter et ignoratio elenchi, pour ne nommer que ceux-là). Quoi qu’il en soit, il ne s’agit pas ici d’ontologie, mais de sentiments en rapport à des faits. Sans doute est-il plus pertinent de vous souhaiter « compassion » et « réforme » intellectuelle, vous qui semblez de glace.

  • Nathalie Chantal dit :

    Cher François,

    Fidèle à toi-même… si passionné, si impliqué, si engagé. Comment réagir à un commentaire dont les propos détonnent des autres? Hé bien, avec ta noblesse habituelle.

    Hum!

    Sache que mes pensées t’accompagnent, et surtout que tu as manqué des biscuits faits par Pénélope et moi en loupant ton dîner de ce midi avec Michel. Si tu réussis à reprendre ton dîner à temps, peut-être en restera-t-il dans la boîte. 80)

    Je t’aime bien gros

  • J’ai souvent du mal à exprimer mon opinion dans de telles situations. Les autres l’ont fait pour moi:

    «Il m’est impossible d’être insensible au désarroi qui est le vôtre». «Je suis une fan de tout ce que tu écris et j’admire la passion et l’expérience derrière chacune des idées… J’espère te rendre ici et là un peu de tout ce que tu donnes». «En tout cas, tu auras eu le don de me chambouler les émotions». «Je me dis toujours : comment il fait? Comment il fait pour enseigner à temps plein, pour bloguer tous les jours, pour faire de la recherche sur Internet, pour écrire si bien, pour être toujours pertinent, etc.? Surtout, comment il fait physiquement et mentalement pour tenir le coup?». «Prends soin de toi François! Tu nous est que trop précieux!». «Alors, je prends quelques instants pour vous dire merci. Merci d’être ce catalyseur auprès de nos jeunes. Merci de croire en eux. Je crois que c’est ce qui est le plus important». «Se serait malheureux, je crois, de tout laisser tomber». «Je ne sais pas si on peut faire quelque chose pour toi, mais je prendrai part à n’importe quelle pétition pour aider les profs de l’école». «Je t’ai tellement fréquenté sur ton carnetweb que, si tu devais quitter, j’aurais l’impression de perdre un ami». «Pensez à vous, pas à la réforme. Voilà l’important».

    François, tu es mon prof, mon modèle. J’ai commencé à bloguer grâce à toi, grâce à ta passion pour les blogues. Tu m’as transmis cette passion! La ministre se fout de la gueule des enseignants? Avec les loups,il faut crier!

    Je t’invite à prendre le repos dont non-seulement tu as besoins, mais qu’en plus tu mérite!

    Prend soins de toi, la Réforme survivra même sans ta précieuse aide… Même si certains ingrats mettent la merde dans la classe, même si d’autres ingrats mettent la chao dans le système d’éducation et dans la santé des enseignants, même si certaines personnes sont trop lâches et égoïstes pour te faire sentir qu’ils t’apprécient ou même juste t’apprécier, sache que moi, Félix, je ne cesse de parler en bien de toi, je suis ton blogue religieusement, j’ai toujours hâte d’assister à tes cours, je ne cesse de dire « selon François Guité… » ou encore « François Guité nous a dit… » et, surtout, je l’écrit haut et fort ici-même, M. François Guité est un des meilleurs éducateurs au Québec, il s’investit corps et âme à ses élèves, à son métier et à ses passions.

    Finalement, je me fais représentant de tes étudiants blogueurs. Nous serions si désolé et déçu si nous n’avions plus de modèle, de guide, de leader… Nous te prions de continuer à bloguer, moins régulièrement si tu le veux, tant que tu continues à bloguer. Fait-le pour tes élèves, pour nous, pour moi.

  • Jean Trudeau dit :

    « Love, conversation, community. Whether you want to change the political or economic system, save the whales, stop global warming, reform education, spark innovation or anything else, the answer is in these three magic words, in how meaning and understanding of what needs to be done emerges from conversation in community with people you love, people who care. »
    Dave Pollard

  • Armel Parisé dit :

    Contournement habile mais qui ne passe pas.

    M. Guité,

    avec tout le respect de votre passé, la rigueur est une clé vers La joie, la Vie, la libération psychologique. C’est loin d’un raisonnement afin d’induire en erreur. C’est un manque flagrant dans le milieu de l’éducation et qui tire son origine du milieu familiale donc aussi de l’individu (mais l’individu est divisé entre ce qui est vrai et ce qui est faux). C’est donc la société en totalité qui est concernée avec son histoire en totalité (phénoménal et noménal) (ce dernier terme inventé par le physicien Soulas). Alors toutes émotions non vécues (non résolues) est un conflit psychologique donc un frein à la Relation avec soi-même : La Vérité.

    Je vous souligne d’après ce que vous dites que sentiments sont séparés de la construction de son être, ce qui est une impossibilité dans les faits car, ne pas résoudre cette impasse, c’est ne pas actualisé une lucidité libre de toutes les interprétations faussées, de tout parti pris dans lequel l’ego se délecte ou pour utiliser votre terme « se targue ». Ne vous référez pas au passé incompris pour me lire, mais plutôt à ce qu’il y a de plus pur en vous, le Silence. Il est difficile de voir la Vie à travers les mots quand le mental dans son chaos ne peut entendre cette soufflerie de douceur.

    Voici ce qu’une étudiante m’écrivit en réaction d’un entretien écrit :

    « Salut Armel, je dois avouer que tu m’épates beaucoup et que tu es très dévoué dans ta recherche. Par contre, même si j’essayais de me concentrer au plus haut point pour TENTER de comprendre ne serait-ce que deux paragraphes, je n’en serais pas capable. Je t’admire beaucoup, mais est-ce que nous ne serions pas égarés du sujet ? Tes argumentations sont au-delà de mes capacités intellectuelles !!!!!! »

    Voici une partie de ce que je lui répondis :

    « Bonjour (son prénom que je n’écris pas ici), lorsque nous croisons le regard d’un enfant, nous fleuretons avec la perception de cette intelligence qui n’est que le reflet de notre regard de nous même. Cette suspension de temps n’est pas dans l’intellect. Les mots deviennent inutiles, c’est l’extase. Tout se dit sans rien se dire. Donc, essayer de comprendre la lecture mentalement, c’est mettre un frein à ce regard. C’est pour cela que tout peut te paraitre si loin, mais si proche en même temps en toi… »

    Lorsque j’avais 12 ans, j’avais vu mon père se chicaner ou plutôt chicaner ma mère brutalement d’injures et de gestuelles arrogants. Je m’en suis mêlé pour dévoiler son comportement avec mon regard d’enfant qu’il restait (l’observateur en moi). Sa peur ne lui permettait pas d’avouer son immaturité et il me répondit physiquement et verbalement de façon brutale (comme une brute) de me taire que je ne connaissais rien à la vie. Je n’avais pourtant pas lu de bouquin sur la psychologie, philosophie ou autre domaine pour voir cette incohérence. Ce regard s’était éteint avec les années (l’histoire de tous). J’ai réussi à épurer ce regard afin de dénouer le Sens de la psychologie contingente de la créature humaine, mes mots ne SONT pas gratuits. Alors, plus rien sous le Regard juste ne peut se déformer sauf pour celui ou celle qui ne dénoue pas ses morsures sous son Regard Honnête. Je comprends vos réactions (et les autres).

    Êtes-vous en mesure de comprendre que toute ma compassion est au dessus (qui n’est pas dans le sens de supériorité) de l’intellect et que cette glace que vous croyez percevoir n’est que la chaleur de la Vie qui demande lucidité, dénouement du passé dans lequel sa non résolution nourrit le chaos (entretenir le non éveil, toutes les résistances et les scénarios pervers de l’obésité du savoir). Le savoir devient mature quand il est éclairé d’une lumière cohérente, sans cela c’est les croyances de toutes sortes et le jeu affectif qui vient sceller le tout et c’est l’aveuglément. C’est l’irresponsabilité caché derrière le scénario des bonnes actions à la recherche de la bonne charité affective (lègue pervers de notre charmante catholicisme, rester à genou devant l’obscurantisme). L’ego cherche le réconfort car incapable quitter le sevrage psychologique qui est le propre de l’homme. La recherche honnête se fait sur des questions claires et précises puis, les réponses se trouvent sous le regard neutre (regard scientifique) à l’abri des interprétations connues (mémoires psychologiques), accès à la connaissance dans le Vécu. À ce moment, elles apparaissent comme un cheveu sur la soupe. Les morceaux du casse-tête se mettent en place.

    Voici ce que j’écrivis dans un travail dans lequel j’avais à résumer l’essentiel du cours (cours 3psd105) :

    « Je me souviendrai toujours de ce moment dans lequel le professeur avait parlé de l’ego et que j’avais intervenu pour lui demander s’il connaissait l’ego. Sachant très bien qu’il ne savait pas de quoi il parlait n’ayant pas structuré et incarné son propre ego. Il m’avait répondu rapidement devant toute la classe avec les résistances de son mental monter aux barricades

    - « oui, je connais ».

    En le voyant ainsi détourner une question si importante, je lui proposai de reformuler ma question aussi simplement que voici, dévoilant subtilement l’intransigeance de mettre son propre ego au rancart

    -  » Dans ce cas, permettez-moi de reformuler ma question si vous le voulez bien ».

    Un intérêt en lui s’éveilla sous une forme de curiosité, et en même temps, sur quelque chose d’important qui se passait subtilement.

    - « Connaissez-vous alors totalement l’ego ?

    Un moment de regard intérieur rapide comme une rétrospection où apparu une hésitation sous forme de malaise de sa part et répondu :

    - « Non »

    Réponse honnête de sa part. Ce qui lui permit (psychologiquement) de venir me voir à la fin du cours. Il s’approcha avec son mental non armé, approche abandonnée et me demanda si j’avais des références sur tout ce que je pouvais avancer qui lui semblais désarmant pour son savoir accumulé durant toute ses années à chercher et à émettre des théories sur la psychologie. Il venait de vivre une expérience qui lui faisait connaître l’ego, son ego. Donc, l’ego de tous et chacun qui fait tant de ravage dans le monde et ne permet pas à la pulsion de vie en chacun de nous d’être roi et maitre de nous même.

    C’est ça la psychologie à comprendre chez les adolescents. Et chez tous d’ailleurs. C’est cela le lien à faire avec les moments à passer avec les gens qui doit être aucunement différents à toute seconde de la journée. Les résistances s’évanouissent et l’apprentissage n’est plus une corvée. »

    Pour terminer, ne voyez pas de rancune dans ce qui va suivre mais, plutôt remettre les pendules à l’heure. Que vous me juger en détournant l’Essentiel en répétant des paroles ou des écrits qui n’ont jamais résolu le Sens du Monde, donc de la psychologie humaine, c’est ne pas Connaître, c’est vivre par procuration et l’essoufflement n’est que le résultats de la superbe lois physique de l’entropie que même un certain Dr Hans Selye (Syndrome général d’adaptation) avais décortiqué à sa façon. Tous à le droit de juger de par ses observations, mais maintenant cela doit se faire dépourvu de toutes résistances qui eux ne peuvent pas reconnaître la justesse d’un ou des mots. Le regard juste ne fait pas de détour, c’est une éclaire qui touche direct au milieu de la cible afin d’épurer et mettre fin au sevrage. Il a le Vécu pour l’appuyer que l’on ne voit pas sous un microscope le plus perfectionné du monde.

    Je vous offre tous mon amour, toute ma compassion, dans le dénouement qui sera ou pas,

    Armel

  • Au delà de la solidarité humaine et du partage de la peine de François je m’autorise ces quelques lignes.
    S’exprimer sur le web en plus d’une activité professionnelle renforce l’écart entre nos idéaux et les réalités quotidiennes. Quand ces dernières nous font prendre conscience que cet écart se creuse on ne peut que comprendre un tel désarroi. L’engouement militant amène inévitablement à ces coups d’arrêt.

    Et pourtant, il faut continuer. Mais en mettant de l’ordre dans la maison. Et le seul lieu où l’on peut agir c’est dans sa maison. C’est pourquoi il faut redonner le temps au temps, et tenter de dépasser ces moments

    Bon courage François

    Bruno

  • Margot Fortin dit :

    «Le plus difficile à accepter après avoir tant donné, c’est le sentiment que tout le monde s’en fout. La générosité passe facilement pour de la faiblesse. Peut-être, après tout, en est-ce.»

    Tu as marqué l’inconscient collectif d’une bonne partie de tes élèves, qui se souviennent de toi comme d’un être foncièrement intelligent et dont les idées pouvait réellement faire une différence.



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