L'éducation aux réseaux sociaux
L’homme est un animal social. (Aristote)
L’université a vu le jour à une époque où le progrès se mesurait en siècles. Malgré tout, elle s’adapte assez bien à l’accélération de l’évolution. La recherche et la concentration de cerveaux entraînent forcément le changement. Néanmoins, elle se réfugie derrière une structure qui a le grand mérite de préserver de hauts standards de qualité et d’éthique. La nécessité de son rôle lui confère une place de choix, mais non plus prédominante, dans le creuset grandissant d’Internet. J’ai d’ailleurs abandonné le navire parce qu’il ralentissait mes transports.
La télévision, quand elle fait bien son travail, apporte une autre dimension à l’éducation de haut niveau. À certains égards, considérant qu’elle met à profit toute une équipe de professionnels de la communication, elle réussit mieux que l’université. C’est le cas, entre autres, du réseau PBS dont la qualité des émissions lui vaut dorénavant une place dans iTunes U (PC World : PBS Adds iTunes U Content).
Pour un aperçu de l’efficacité de la télévision à traiter des sujets d’actualité, voyez le reportage de PBS sur les réseaux sociaux (Growing up Online: Just how radically is the Internet transforming the experience of childhood?). L’émission a d’ailleurs suscité une avalanche de réactions, comme le rapporte Le Devoir (Médias Grandir en ligne). Le reportage réussit à mettre en relief non seulement l’ignorance des adultes relativement à l’activité des jeunes dans les réseaux sociaux, mais surtout la profonde transformation des rapports sociaux par le biais des nouvelles technologies de la communication. Le plus déconcertant n’est pas la réalité de cette virtualité, mais bien le mystère qui attend les générations à venir.
Le phénomène de l’émancipation des jeunes dans un monde virtuel a évidemment de profondes répercussions sur l’école, où ils passent le plus clair de leur temps réel. John Seely Brown et Richard P. Adler signent un excellent article sur les possibilités éducatives des technologies que les jeunes absorbent naturellement pendant que leurs aînés, pour la plupart, restent figés d’appréhension (Educause : Minds on Fire: Open Education, the Long Tail, and Learning 2.0). Combien de temps encore les jeunes accepteront-ils de se taper toutes ces années d’école, perdus dans leurs pensées, dans l’attente d’un diplôme?
On accuse facilement les jeunes d’agir de façon irresponsable. Mais qui sommes-nous pour faire la morale quand l’école nie ses responsabilités d’éducation aux enjeux de l’heure? Bien peu d’éducateurs ont la conscience sociale d’une Kim Cofino (Always Learning : Social Networking and Responsibility).
(Image thématique : Network 12, par Rick Wedel)
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Bonsoir François,
Tu sais que j’ai un préjugé favorable pour l’école et que je me suis porté à sa défense à quelques reprises. Ces era encore un peu le cas ce soir.
« Mais qui sommes-nous pour faire la morale quand l’école nie ses responsabilités d’éducation aux enjeux de l’heure? Bien peu d’éducateurs ont la conscience sociale d’une Kim Cofino (Always Learning : Social Networking and Responsibility). »
Vraiment? L’école ne fait rien? À ton école, François, il ne se fait vraiment rien pour éduquer les jeunes à l’utilisation des réseaux sociaux ou à l’utilisation d’Internet en général? Avec toi là-bas, j’en serais très étonné. Tu vas me dire qu’une école n’est pas la règle. Bien sûr. Tu vas me dire que toutes les écoles qui ont des programmes d’études tels Protic, Mitic, ne font rien en la matière? Les écoles où des fermes de blogues ont été installées? Les écoles de la Commission scolaire Eastern Township ne feraient rien non plus?
Oui, mais les écoles « ordinaires », me demanderas-tu? Mon école n’a pas de programme xxTIC, les élèves ne disposent pas d’un portable. Pourtant, on n’y reste pas les bras ballants devant le phénomène. Pourquoi en serait-il autrement ailleurs?
Bon d’accord, ce n’est pas le Pérou, je te l’accorde, mais n’es-tu pas un peu trop dur en écrivant que « l’école nie ses responsabilités d’éducation »
Tout cela n’est qu’une goutte d’eau dans le sable, André. Ce n’est pas parce que l’on a mis un portable entre les mains d’un écolier que l’on fait nécessairement l’éducation aux enjeux de leur avenir, dont les réseaux sociaux ne constituent qu’un aspect.
Non, décidément, je vois trop d’enseignants le nez plongé dans leur programme disciplinaire pour ne pas maintenir que l’école nie ses responsabilités d’éducation, du moins si l’on prend le parti de l’élève plutôt que celui du système.
Bonsoir François,
Mon inexpugnable optimiste (certains diraient naïveté) porte à ton attention ce billet de Michel Le Neuf.
Ah, l’optimisme… c’est certainement ce qui motive aussi tous ces gens qui ont donné vie au colloque rapporté par Michel. C’est une formidable qualité, tout comme la naïveté