L'organisation du travail scolaire


GorkyOrganization.jpgLa science est du savoir organisé. (Herbert Spencer)

Tout enseignant est vite saisi des différences d’apprentissage entre les garçons et les filles. Dans notre quête de solutions pour aider les garçons, un soutien à l’organisation du travail peut porter fruit (New York Times : Giving Disorganized Boys the Tools for Success). Je crois cependant qu’il faut éviter d’imposer un moyen aux élèves. Quoiqu’un agenda constitue un formidable moyen d’organiser son travail, il ne convient pas à tout le monde. Ne confondons pas moyen et finalité, en l’occurrence la planification du temps et le respect des échéances. Pour ma part, il y a belle lurette que je n’utilise plus d’agenda papier, trop statique dans une perspective de méthode.

En réfléchissant à l’article du New York Times, il me vient à l’esprit que le passage du primaire au secondaire doit être particulièrement difficile pour bon nombre de garçons. Le primaire les ayant habitué à un encadrement serré, on les abandonne brusquement dans une structure fractionnée, à l’émancipation des responsabilités et à une multitude de professeurs. Or, tout se joue souvent au départ. Dans l’ensemble, les filles s’adaptent plus facilement en raison de leur avantage de maturité à cet âge et à une prédisposition à la procédure.


(Image thématique : Organization, par Arshile Gorky)


Par ricochet :

Lenteur des garçons à apprendre l’alphabet

L’école est-elle trop “féminine” pour les garçons ?

Les garçons moins patients que les filles

Ségrégation garçons-filles à l’école : effet négligeable

Les garçons plus lents à traiter l’information

Différences entre garçons et filles (mes archives)

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14 réponses

  • florence meichel dit :

    euh un gène de la procédure ???? ça doit être pour ça qu’on nous prédispose aux tâches ménagères !

    Je ne sais pas si je dois plaisanter là !

  • Luc Papineau dit :

    Suggestion: peut-on éviter de généraliser? Les garçons sont comme ci, les filles sont comme ça. En agissant de la sorte, on en vient à adopter des solutions qui ne s’appliquent qu’à des abstactions et on stéréotype les jeunes.

    Je vous renvoie d’ailleurs au blogue d’André Chartrand (Le siècle de Simone…)à ce sujet.

  • florence meichel dit :

    Merci Luc pour cette référence qui est effectivement très intéressante !

    loin de moi, l’idée de jouer les militantes pures et dures d’un quelconque mouvement féministe…je n’en suis pas…je ne cherche ici qu’a attirer l’attention sur un point qui semble relever d’une représentation collective…et ça m’a fait sursauter ! :-)

    Rien de personnel contre toi François : juste un débat d’idée ! :-)

  • Au contraire, la généralisation est une activité fondamentale de l’esprit. L’induction, l’analyse, la simplification, la schématisation, le résumé, l’holisme, pour ne nommer que ceux-là, sont des opérations essentielles de la pensée. Cela est d’autant plus vrai dans une perspective de diversification, de flot d’information et de compréhension générale. La pensée doit être globale du point de vue de la compréhension, mais spécifique dans l’application. Nier la généralisation, dans son rôle d’analyse et de compréhension, c’est s’exposer au piège de l’exception.

    Évidemment, il faut aussi tenir compte des exceptions dans l’analyse générale des phénomènes. C’est pourquoi on fait usage de marqueurs tels que « bon nombre de… », « souvent… », « dans l’ensemble… », etc. Il faut compter sur le lecteur pour décoder ces précisions.

    Il y a une distinction fondamentale (et je prends le temps de répéter) entre l’analyse, en tant que phénomène de compréhension, et la synthèse, en tant que phénomène de décision et d’application. Sur ce dernier plan, il faut effectivement faire preuve de discernement et ne pas sombrer dans les généralités. Sur ce point, Luc a parfaitement raison.

    Quant à la prédisposition (fréquente, mais non généralisée) des filles à la procédure, je fais référence à une prédisposition scolaire, qui peut être acquise, et non génétique. J’observe régulièrement, et cela est frappant, que plusieurs filles insistent pour que je précise la démarche à suivre. Peu importe les causes de ce besoin, je ne crois pas que l’on doive s’en formaliser. Dans plusieurs circonstances, cela constitue un grand avantage. Il importe toutefois que les élèves soient conscients de qui ils sont, de façon à orienter leur développement. Je regrette de ne pas avoir été plus clair. Merci de signaler la lacune, Florence.

  • florence meichel dit :

    Pourquoi voir le singulier comme un piège ? Pourquoi le singulier en couplage au monde ne deviendrait-il pas un principe d’organisation global et social ? il me semble que c’est un attracteur étrange que l’on retrouve à tous les niveaux du vivant et qu’il fait de plus en plus sens commun ? J’ai l’impression que l’on est ici au coeur du sujet et que ça un rapport direct avec le concept d’énaction ? est-ce que ce n’est pas, d’une certaine manière, ce qu’énonçait Michel Serres dans son concept d’égocratie ?

  • Sans vouloir mettre mes mots dans la bouche de François, je crois que ce qu’il cherchait à dire, en parlant d’un piège du singulier, était de faire attention à tout prendre comme un cas particulier, et ainsi se couper d’activités fondamentale de l’esprit, telles que la généralisation, l’analyse et la schématisation, qui aident à la compréhension.

    Par contre, j’aimerais savoir ce que florence entend lorsqu’elle indique que le singulier est un «attracteur étrange».

  • À propos d’«attracteur étrange», j’avoue que l’expression m’a  » étrangement attiré » ;-)

    Alors même si j’ai une petite idée de la signification possible de l’expression chez Florence, moi aussi j’aimerais la « lire » s’exprimer à ce sujet !

  • florence meichel dit :

    Tentative de mise en mots ! :-)

    Dans un système complexe, un attracteur étrange représente en quelque sorte la signature de l’ordre qui est sous-jacent dans le chaos dit déterministe (non aléatoire). Cet objet particulier possède une structure fractale, c’est-à-dire qu’il a la même structure quelle que soit l’échelle à laquelle on le regarde.

    Est-ce que cela peut s’appliquer a la singularité comme je l’ai suggéré ?

    Sur un plan purement biologique, dans le cadre du processus complexe de reproduction, chaque ovocyte est doté d’un matériel génétique singulier qui va donner naissance à un ensemble de cellules interagissant les unes avec les autres dans un contexte donné : elles constituent un individu singulier.

    Chaque individu singulier est en couplage au monde et il interagit avec d’autres individus singuliers. Leurs interactions déterminent un réseau de niveau 1 ou groupe restreint singulier : exemple une cellule familiale !

    Les membres de chaque groupe restreint sont en lien avec des membres d’autres groupes restreints. Leurs interactions déterminent des réseaux de niveau 2 ou communautés singulières !

    Les membres de chaque communauté singulière sont en lien avec des membres d’autres communautés. Leurs interactions déterminent des réseaux de niveau 3 ou réseaux sociaux singuliers !

    Les membres d’un réseau social singulier sont en lien avec des membres d’autres réseaux sociaux singuliers. Leurs interactions déterminent notre humanité !

    De cet enchevêtrement de singularités naît une unité : nous sommes tous liés les uns aux autres par notre singularité…la singularité au lieu d’exclure, fait reliance et sens commun: elle crée par la même une nouvelle éthique de vie au monde ou chacun prend place dans toute sa singularité en lien aux autres et aux contextes…les responsabilités qui en découlent incluent les niveaux individuels et collectifs sans en exclure aucun !

    Sur mon blog, il y a une vision topographique possible des différents niveaux :

    florencemeichel.blogspot.com/2008/02/du-local-au-global-le-singulier-comme.html#links

  • Merci de la précision, florence, je comprend un peu mieux. Mais de ce que j’avais compris de la théorie de la complexité, l’attrateur étrange est un point aucours duquel gravite les variables, sans qu’il puisse être expliqué pourquoi. Je peux me trompé (il y a plusieurs années que je n’ai pas lu sur le sujet), mais je ne crois pas qu’il s’agisse d’une structure fractale (ou même d’une structure). C’est comme un point d’équilibre jamais atteint. Peut-être serait-il plus juste de parler du phénomène d’organisation par itérations successive : la même organisation qui se reproduit, mutatis mutandis, à chaque niveau, par exemple, la formation de l’oeil qui reproduit celle du foetus.

  • florence meichel dit :

    Je rejoins votre propos Marc André et c’est aussi l’ojet des commentaires qui ont accompagné le billet sur mon blog : la difficulté tient à l’explication qui fige les dimensions à un instant « T »…Il faut effectivement replacer les choses dans un contexte dynamique de vie : l’itération successive en est l’idée juste !
    Merci de le souligner !

  • La généralisation est certes un outil indispensable. Mais encore faut-il qu’elle soit valide. Mon billet Le siècle de Simone… , ne remet pas en cause le processus de généralisation, il présente le travail de M. St-Amand qui, lui, remet en question le résultat de ce processus dans un cas précis; les difficultés scolaires des garçons seraient attribuables à leur condition naturelle de garçon cette dernière étant,par certains aspects, incompatible avec une organisation et une culture scolaire féminine.

    Or, selon M. St-Amand l’analyse des sous groupes de garçons responsables des écarts de réussite scolaire avec les filles ne permettrait pas de confirmer la valeur explicative de la variable sexe. Selon M. St-Amand, c’est l’assignation à des stéréotypes sexuels qui serait la variable clé et cela autant chez les garçons que chez les filles.

    « Cette conclusion est valide autant pour les garçons que pour les filles et peut se reformuler comme suit : le fait de résister aux assignations identitaires stéréotypées est associé statistiquement aux succès scolaires » (p.89).

    «… en milieu ouvrier et populaire au primaire, le rejet des stéréotypes sexuels départage ceux et celles qui sont en situation de réussite par rapport à ceux et celles qui éprouvent des difficultés. » (p. 91)

    En faisant court, le problème se poserait dans les termes suivants :

    Si la masculinité et la féminité sont des essences (typées par nature), la piste de l’adaptation de l’école est envisageable. Si, au contraire, masculinité et féminité sont des constructions sociales, c’est peut-être notre manière d’éduquer les garçons qui est déficiente. Dès lors, chercher à adapter l’école aux garçons, c’est confirmer des stéréotypes socialement construits.

    Bref, mon billet vise à faire le point sur la valeur heuristique respective de deux pistes de recherche et d’intervention et il prend parti position.

    Ce qui m’agace avec la thèse essentialiste c’est qu’elle implique que l’école actuelle serait incompatible avec certains traits *naturels* de la masculinité. Cela revient presque à dire que les garçons qui y réussissent le font au détriment de leur masculinité. Je ne crois pas qu’il s’agisse là d’une orientation qui soit féconde.

  • La thèse de St-Armand est fort intéressante, en effet, et je crois moi aussi qu’il y a une bonne dose de construction sociale dans l’identité en fonction du sexe. À mon avis, cette identité repose à la fois sur des facteurs génétiques et culturels. On ne peut pas nier les causes génétiques de l’identité masculine ou féminine. Des cas célèbres en psychologie ont assez bien démontré que des enfants se rebellent contre des parents qui désirent les éduquer dans une identité sexuelle qui va à l’encontre de leur nature. Par ailleurs, on ne peut guère négliger l’impact de millions d’années d’évolution et de sélection naturelle sur les différences hormonales et tous les agents neuroniques qui distinguent les sexes, tout comme les individus pendant qu’on y est.

    Si tant est que notre masculinité ou notre féminité repose à la fois sur des facteurs innés et acquis, on peut émettre l’hypothèse que les facteurs culturels s’attachent à la matière première, c’est-à-dire au fondement génétique. Dès lors, l’antécédence des facteurs génétiques leur conférerait une causalité et, par le fait même, une grande importance.

    Par ailleurs, je crois que la question est beaucoup plus complexe que les seuls phénomènes que nous avons abordés. Les disparités à l’intérieur d’un même sexe montrent assez bien que les généralisations sont boiteuses. Il appert que nous avons affaire à un cas typique de longue traîne (long tail).

    Enfin, je ne dirais pas que les garçons réussissent à l’école au détriment de leur masculinité, mais en dépit de leur masculinité.

  • À propos de la construction sociale dans l’identité en fonction du sexe, l’expérience (informelle) suivante, dont je faisais écho dans un billet (en anglais), me vient à l’esprit :

    Un nouveau-né est dans un parc et la personne qui s’en occupe répond aux passant qui lui demande, qu’elle a accepté de la gardé pour quelques moments et ne sait pas s’il s’agit d’une fille ou un garçon. Tout ceux qui s’arrête pour admirer l’enfant sont très troublés de ne pas pouvoir connaître son sexe. Certains offrent même de le déshabiller pour le savoir.

    Comme quoi, ça commence très tôt!

  • Très tôt, tu dis? Que penser des parents qui se mordent les doigts en attendant les résultats de l’échographie? Et je ne dis pas ce que je pense de ceux qui recourent à la science pour choisir le sexe du futur bébé. Ce qui n’enlève rien à l’intérêt pour l’étude.



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