Les risques des données numériques d'évaluation


BertaniHighRisk.jpgCe qu’on garde pour soi, le mal comme le bien, ne risque pas d’être mal jugé. (Sophocle)

Il est tentant pour les administrateurs scolaires de recourir à la capacité des nouvelles technologies de traiter les données pour comptabiliser le parcours scolaire des élèves et ainsi tenter de donner sens à l’ensemble de l’activité scolaire. Autant que cela puisse s’avérer utile, on ne saurait réduire l’éducation à une question de statistiques. Cela ne retient certainement pas l’industrie de faire miroiter les avantages d’analyser les résultats des élèves au fil des ans (eSchool News : Technology key to analyzing assessment data). Pauvre lui, qui finira bien ficelé.

L’importance de la mesure et des tests standardisés semble croître en proportion inverse de la réussite éducative. Hormis les déboires du réseau scolaire anglais à qui on ordonne d’abolir les tests nationaux pour les 14 ans (BBC : Why ministers scrapped the tests et What does scrapping tests mean?), on a peut-être lieu de s’inquiéter de l’influence du modèle américain dont la piètre performance aux tests internationaux (New York Times : A Nation at a Loss) incite à des mesures désespérées. À ce sujet, voir le billet de David D’Arrisso sur le blogue du RAEQ : Les élections américaines et l’éducation…. La menace n’est pas si farfelue quand on se rappelle que Mario Dumont a déjà proposé des bons à l’éducation pour les familles québécoises et au constat de certaines décisions de la ministre Courchesne.

On ne semble pas beaucoup se soucier de l’usage que l’on peut faire de ces données personnelles. Qui sait quel usage ultérieur l’État ou un employeur fera de cette information. Le risque est réel quand on sait l’augmentation du vol et du trafic de renseignements personnels. Un apprenant, et plus particulièrement un jeune, a droit à la confidentialité des résultats, au même titre que les données médicales.

Il n’en demeure pas moins que les outils d’analyse des résultats recèlent un énorme potentiel dans l’accompagnement d’un élève. Peut-être devrions insister pour les mettre à la disposition des parents et des élèves plutôt qu’aux institutions, du moins en attendant de régler les questions d’éthique. Il est désolant, par ailleurs, de constater que l’industrie fait preuve de plus de créativité dans l’application des nouvelles technologies à des fins administratives que d’apprentissage.


(Image thématique : High Risk 1994, par Ernesto Bertani)


Par ricochet :

La quête numérique de l’évaluation

L’évaluation informatisée de l’écriture

Un incident relativement à l’évaluation

L’évaluation automatisée : mes archives

Vous pouvez suivre les commentaires en réponse à ce billet avec le RSS 2.0 Vous pouvez laisser une réponse, ou trackback.

Une réponse



Laisser un commentaire à Benoit Archambault

*